Populisme. Simplifions, quatre fois plutôt qu'une...

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         Conception du lien social? 

       Cognitions?

     Le populisme simplifie.
   Quatre fois plutôt qu'une...

 

Comment expliquer le succès du populisme? 

Par un quadruple phénomène de simplification… 

● Simplification politique et sociologique tout d’abord. 

Car le peuple est considéré «comme un sujet évident, défini par sa différence avec les élites, explique Rosanvallon. 

Comme si le peuple était la partie saine et unifiée d’une société qui ferait naturellement bloc dès lors que l’on aurait donné congé aux groupes cosmopolites et aux oligarchies.» (1)

● Simplification procédurale et institutionnelle ensuite. 

«Le populisme considère que le système représentatif et la démocratie en général sont structurellement corrompus par les politiciens et que la seule forme réelle de démocratie serait l’appel au peuple, c’est-à-dire le référendum, poursuit le même auteur. 

Il suspecte aussi les corps intermédiaires, comme la justice, d’être indifférents aux souffrances du peuple; ou encore voue aux gémonies comme étant non-démocratiques et corporatistes toutes les autorités de régulations légitimées par un principe d’impartialité.» (2)

● Simplification dans la conception du lien social aussi. 

«Le populisme pense que ce qui fait la cohésion d’une société, c’est son identité et non pas la qualité interne des rapports sociaux, rappelle encore l’historien français. 

Une identité qui est toujours définie négativement. 

À partir d’une stigmatisation de ceux qu’il faut rejeter: les immigrés, ou ceux qui ont d’autres religions.» (3)

● Simplification cognitive enfin. 

Au même titre que l’extrémisme, le populisme constitue un péril redoutable. 

Car il fait la part belle aux phénomènes de distorsion cognitive. 

Soit des altérations et des erreurs qui apparaissent dans mes mécanismes de décodage. 

Ceux portant sur la réalité extérieure (4). 

Mais aussi, parfois, ceux renvoyant à l'intimité de ma personne. (5)

Mon cerveau, en effet, ne se comporte pas simplement en réceptacle passif face à la multitude de stimulations que nous fournit le cours de ma vie. 

Confrontée à une situation donnée, la conscience procède à une «lecture» très personnelle de l’environnement. 

En sélectionnant certaines données. 

En en ignorant d’autres. 

En leur attribuant des significations particulières… 

Mon interprétation d’une situation dépend donc autant de cette situation elle-même que de mes a priori sur ce type d'occurrence. 

Or des dysfonctionnements peuvent intervenir dans ces systèmes de traitement de l'information. 

Citons quatre exemples… 

 ● Le processus du «deux poids deux mesures».
Il s'agit d'un (double) excès,
. dans la complaisance que je m’accorde à moi-même (ainsi qu’à mes proches),
. dans la sévérité dont je fais preuve à l’égard des «autres» (que je peux même en arriver à disqualifier). 

Soit une procédure à la carte, qui permettra d'appréhender fort différemment une réalité selon qu'elle me serve ou non. 

● L'exacerbation des préjugés.
Elle m'incitera à privilégier systématiquement, dans ma lecture des événements, ce qui confirme mon point de vue initial. 

● La dénaturation de la vérité.
Des conclusions formelles seront tirées d'une situation malgré l'absence de preuves manifestes ou avant même de les rechercher. 

● L'absence de nuance. 

On pense ici à une façon de voir très tranchée qui tendra à tout classer 

. soit dans le noir de l'entièrement mauvais (le clan dont je ne fais pas partie: les nantis, les hommes politiques, les immigrés...) 

. soit dans le blanc du totalement bon (le camp dont je suis partie prenante: le peuple, la société civile...)... 

(A suivre)

Christophe Engels 

(1) Rosanvallon Pierre, op. cit., p.6. 
(2) Rosanvallon Pierre, op. cit., p.6. 
(3) Rosanvallon Pierre, op. cit., p.7. 
(4) Stimuli externes. 
(5) Stimuli internes.