mardi 14 décembre 2010

L’ «autre» finance en question…

«La finance solidaire
ne permet-elle pas à l’Etat
de fuir ses responsabilités?» (1)



La récente intervention «forcée» des pouvoirs publics pour sauver certaines banques de la faillite relève d'une dynamique qui - sauf nouveau coup dur - restera aussi exceptionnelle que transitoire.
Pas question, donc, de nous référer ici à cet épisode de sinistre mémoire pour éluder le fait que, globalement, les pouvoirs publics ont eu tendance à se désinvestir du champ bancaire (2) alors que, de son côté, la finance solidaire montait en puissance: Grameen Bank au Bangladesh (3), Cigales, NEF, Credal, Crédit Union, Faim et développement ou Triodos en Europe (4), Caisse d’économie des travailleurs ou Fonds des travailleurs québécois dans la Belle Province..., sans compter, parallèlement, le succès grandissant du concept d'Investissement Socialement Responsable (et Durable) un peu partout en Occident...
Reste que l’économie solidaire ne se conçoit pas sans «hybridation des ressources» (publiques, marchandes, non monétaires et réciprocitaires).
«Une démarche financière qui se réclamerait des seules ressources privées ne pourrait pas relever de la finance solidaire et participerait à cette instrumentalisation de la citoyenneté économique, initiée par les politiques économiques libérales, explique l'économiste français Jacques Dughera (5). C’est l’une des raisons pour laquelle une large part de la philanthropie américaine ou des fondations, uniquement financées par des apports privés, même si elles soutiennent le projet solidaire ou l’entreprise sociale, ne relève pas de la finance solidaire.» (6)

C.E.

(1) Question récemment posée.
(2) En France par exemple, la Caisse des dépôts et consignations et - provisoirement - la Banque postale font office de dernières banques publiques.
(3) La Grameen Bank a été créée en 1983 par Muhammad Yunus (Prix Nobel de la Paix 2006) : voir nos messages des 30 juin et 1er juillet 2010.
(4) Au cours des années 1980.
(5) Co-responsable du Master management de l’insertion dans l’économie sociale et solidaire de l’Université de Paris-Est – Marne-la-Vallée, Jacques Dughera enseigne les finances solidaires dans cette université. Après avoir été Président de la fédération des Clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire et secrétaire général du Conseil national de l’insertion par l’activité économique, il est administrateur et engagé à titre d’expert dans plusieurs associations d’insertion. Il a écrit
. Risque social et risque financier, la myopie des marchés financiers, Economie et humanisme 2000 (avec Yannick Vigignol),
. L’argent dans le monde, rapport moral 1998 de l’Association de l’Economie financière,
. Les acteurs de la finance solidaire, n°104 , décembre 2009.
(6) Dughera Jacques, La finance solidaire : histoire et pertinence, in L'encyclopédie du Développement Durable, Les Editions des Récollets, 2009, http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:mamAFOSilbEJ:http://www.encyclopedie-dd.org/les-acteurs-de-la-finance.

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