jeudi 16 décembre 2010

L’ «autre» finance en question…

«Rêvons un peu.
La finance solidaire
pourrait-elle remplacer
le système bancaire classique?» (1)

«. Les banques classiques, sauf exception parmi les banques de l’économie sociale, ont d’abord regardé ces initiatives citoyennes et associatives avec dédain, rappelle l'économiste français Jacques Dughera (2).
. Puis, elles ont compris l’effet d’image qu’elles pouvaient retirer d’un partenariat avec certaines de ces initiatives.
Sous la poussée des luttes contre la pauvreté et de la doctrine libérale qui se garde de vouloir pratiquer un darwinisme financier, les banques classiques, qui pratiquaient en général l’exclusion financière, ont alors conclu des partenariats financiers avec ces mêmes organismes, voire ont créé leurs propres filiales associatives pour faciliter l’inclusion financière.
. Enfin, au contact de ces initiatives citoyennes et au vu de résultats en matière de remboursement de prêts incomparablement supérieurs aux résultats moyens, les responsables des organismes financiers classiques en sont arrivés à la conclusion que les pauvres étaient un marché comme les autres, oubliant au passage l’accompagnement humain de proximité et la recréation de lien social, à l’origine de ces résultats.
Par ailleurs séduits par la communication et les résultats de certains capitaux risqueurs solidaires, d’autres responsables financiers ont estimé que les produits financiers éthiques pouvaient produire des résultats financiers aussi rentables sans se rendre compte qu’ils ne répondraient pas alors aux attentes prioritaires des projets de l’économie solidaire.
L’investissement socialement responsable essentiellement axé sur des entreprises sociales reconnues ne répond pas à l’évidence aux besoins des projets émergents et innovants.
Qui plus est, alimenté par des revenus sur des valeurs cotées dont le rating social est plus ou moins aléatoire et bien fait, l’investissement socialement responsable ne peut pas relever de la finance solidaire.
Les investisseurs de cette catégorie sont des acteurs de la finance mondialisée et globalisée, souvent très éloignés des préoccupations et des besoins des territoires sur lesquels ils investissent.
Ils réclament souvent des retours rapides sur investissement totalement en décalage avec le besoin de capital patient dont ont besoin les acteurs de l’économie solidaire.» (3)

(1) Question récemment posée.
(2) Co-responsable du Master management de l’insertion dans l’économie sociale et solidaire de l’Université de Paris-Est – Marne-la-Vallée, Jacques Dughera enseigne les finances solidaires dans cette université. Après avoir été Président de la fédération des Clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire et secrétaire général du Conseil national de l’insertion par l’activité économique, il est administrateur et engagé à titre d’expert dans plusieurs associations d’insertion. Il a écrit
. Risque social et risque financier, la myopie des marchés financiers, Economie et humanisme 2000 (avec Yannick Vigignol),
. L’argent dans le monde, rapport moral 1998 de l’Association de l’Economie financière,
.
Les acteurs de la finance solidaire, n°104 , décembre 2009.
(3) Dughera Jacques, La finance solidaire : histoire et pertinence, in L'encyclopédie du Développement Durable, Les Editions des Récollets, 2009, http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:mamAFOSilbEJ:http://www.encyclopedie-dd.org/les-acteurs-de-la-finance.

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