lundi 25 novembre 2013

Ecarts de rémunération. Abus de liens sociaux



                       Un salaire élevé favorise-t-il l'efficacité?
                   Non, affirment l'économiste français Gaël Giraud 
                et la philosophe hexagonale Cécile Renouard.
             Qui consacrent une fort intéressante étude 
          aux écarts de rémunération.
      A limiter absolument. 
   Car ils posent pas mal de problèmes.
Et n'en résolvent aucun... 


Gaël Giraud et Cécile Renouard 
   

«La question des écarts de rémunération légitimes au sein d’une société politique est un enjeu d’efficacité économique, aussi  bien que de justice sociale et écologique.
Après avoir été rayée des agendas politiques depuis une trentaine d’années, elle trouve un regain d’actualité dans le contexte de la crise financière, sociale et écologique.
Il est significatif que dans un pays comme la Suisse, 68% des votants aient approuvé le 3 mars 2013 un encadrement strict des très hautes rémunérations.

Les problèmes posés par les inégalités croissantes de revenus en France sont de différents ordres.
• Les prestations sociales complétant les bas salaires alourdissent le déficit public.
• Contrairement à l'opinion répandue parmi les élites françaises, un salaire élevé n’est pas synonyme d’efficacité accrue. 
Il n’existe pas de marché parfait et complet des hautes rémunérations, qui allouerait équitablement le risque et le capital. 
De plus, le travail socialement utile n’est pas valorisé à sa juste mesure. 
Dès lors, les hautes rémunérations ne sont fixées ni selon la logique d'un marché du travail concurrentiel, ni en fonction de la logique contributive.
Lorsque les inégalités augmentent, même les plus favorisés pâtissent de la dégradation du lien social.    
• Enfin, la préservation des écosystèmes et la transition écologique impliquent une réduction de la consommation "carbonée" des populations les plus favorisées aussi bien qu’une augmentation du pouvoir d’achat des plus pauvres en vue d’une consommation de produits ‘verts’ .
Le débat public est nécessaire: un sondage montre que les Français, en matière de différence de revenu s, sont en grande majorité favorables à un facteur 10.
De plus un écart de 1 à 11 existe déjà dans la fonction publique. 
Enfin une prise de conscience se fait jour de l’impasse technique et politique liée à l’augmentation exponenti elle des écarts de rémunération dans les entreprises.

Pour mettre en place un écart de 1 à 12 entre les revenus des Français, nous proposons de créer un impôt sur le revenu remplaçant un grand nombre de taxes existantes, prélevé à la source sur les revenus du capital et du travail. 
Adopter le Facteur 12 consisterait à rétablir une progressivité de cet impôt, allant de 2 % pour 1.100 euros de revenu mensuel brut à 83 % pour 100.000 euros et plus de revenu mensuel brut. 
L’Etat pourrait aussi faire de l’application de ce Facteur 12 dans les entreprises une condition nécessaire d'éligibilité pour les appels d'offres publics et les partenariats public/privé.»


Gaël Giraud et Cécile Renouard


Lire ici l'étude complète.


(1) Economiste et directeur de recherches au CNRS, Gaël Giraud  est aussi membre 
. du Centre d’Economie de la Sorbonne
. du LabEx REFI  (régulations financières), 
. de l’Ecole d’Economie de Paris,
. du Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot. 
(2) Cécile Renouard est philosophe, maître de conférences au Centre Sèvres, directrice du programme de recherche «Entreprises et dével oppement des pays émergents» au sein de l'Institut Iréné-ESSEC et membre du Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot.
(3) Giraud Gaël et Renouard Cécile, Limiter les écarts de rémunération. Un enjeu d’efficacité économique et de justice écologique et sociale, Think-tank, novembre 2013.
(4) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. « Déclaration d'interdépendance»,
une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les mouvements sociaux en général, puis sur les courants de pensée et modes de vie émergents en particulier.