dimanche 19 mai 2013

Populisme. Et plus puisqu'hostilité...


Côté «nous», je prêche la bonne parole,
j'exalte les foules,
je harangue le bon peuple.
Côté «eux», j'accuse l'altérité,
je fustige la différence,
je pointe du doigt des boucs émissaires
Car -croyez-moi sur parole- 
moi, le populiste
je suis l'homme providentiel
Moi, le populiste, 
j'ai le courage 
d'affronter le problème bien en face.
 Moi, le populiste, je sais où se situe l'ennemi.
Et plus puisqu'hostilité... 

Elle est sur toutes les lèvres.
Elle hante les journaux télévisés.
Elle s’installe dans notre quotidien.
La crise économique s’est faite omniprésente.
Et les populismes d’en profiter pour prospérer, charriant avec eux leur quête de boucs émissaires.
Les immigrés? 
Condamnés pour surconsommation de budgets sociaux. 
Les chômeurs? 
Soupçonnés de passivité dans leur recherche d’emploi.
Les élites politiques et économiques? 
Accusées de dilapider l’argent du peuple…
Sus, donc, aux «profiteurs» du système!  

La vague et le vague 

«Depuis le milieu des années 90, l’Europe a connu une (…) floraison des partis de type populiste, confirme le politologue Dominique Reynié (1). 
Ceux-ci sont apparus soit ex nihilo, soit au terme d’un processus de mutation les conduisant à passer de l’extrême droite classique et marginale au populisme attrape-tout d’aujourd’hui.»(2)
Des partis de ce genre, le Français en a recensé vingt-sept significatifs (3), ces quarante dernières années (4), dans dix-huit pays européens (5).
Reste que ce phénomène s’étend largement au-delà du Vieux Continent
Amérique du Nord (6), Amérique latine (7), Asie, Afrique, Océanie…: toutes les régions du monde paraissent peu ou prou concernées.
Un problème, cependant: l’idée de populisme recouvre une réalité extrêmement vague.
En cause: une tendance à mettre dans le même sac des mouvements qui renvoient à des idéologies très diverses et à des compositions sociales fort hétérogènes. 
D’où cette ambiguïté qui embarrasse depuis longtemps les analystes parce qu’elle tend à fragiliser toutes les explications qui tentent de dépasser le constat d’une simple évidence: celle du succès d’un terme un peu passe-partout.
En 1968 déjà, le philosophe et historien des idées d’origine russe Isaiah Berlin(8) comparait ironiquement le populisme à l’une ou l’autre «chaussure pour laquelle il existe quelque part un pied»(9) (c’est-à-dire une réalisation concrète)… qu’on n’arrive jamais à trouver!
De quoi inciter un psychologue français comme Alexandre Dorma (10) à dénoncer «un phénomène dont le suremploi polysémique permet toutes les combinaisons possibles: il y aurait ainsi un populisme de gauche ou de droite, démocratique ou réactionnaire, solidariste ou xénophobe, communautaire ou républicain. 
C’est un mot, donc, qui décourage toutes les typologies et toutes les tentatives de définition. 
Bref, c’est un terme facile à amalgamer, à diaboliser et à appliquer à n’importe quelle situation de crise ou à n’importe quel homme politique de caractère.» (11)
 Le populisme serait donc «un "demi concept" peu abordable avec les règles abstraites de la raison intellectuelle et seulement ouvert à l’intuition et à la logique des sentiments.» (12) 

(A suivre)

Christophe Engels

(1) Le politologue français Dominique Reynié est professeur de science politique à Sciences Po (Paris). Il est également directeur général d’un groupe de réflexion de tendance libérale: la Fondation pour l’Innovation Politique. Ses travaux portent essentiellement sur les transformations du pouvoir politique, sur l'opinion publique et ses manifestations et sur les mouvements électoraux, en France et en Europe. 
(2) Reynié Dominique, Populismes: la pente fatale, Plon, coll. Tribune libre, Paris, 2011, p.113. 
(3) «N’ont été ici pris en compte que les mouvements qui, à un moment ou à un autre, sont parvenus à atteindre une influence électorale supérieure à 5% dans le cadre d’un scrutin national.» (Reynié Dominique, Populismes: la pente fatale, Plon, coll. Tribune libre, Paris, 2011, p.13). 
(4) Entre 1971 et 2010. 
(5) Même si l’auteur ne détaille systématiquement ni tous les pays ni tous les partis, on peut citer l’Allemagne -Parti National Démocrate (NPD)-, l’Autriche -Parti Autrichien de la Liberté (FPÖ) et Alliance pour l’Autriche (BZÖ)-, la Belgique -Vlaams Belang, voire (?) Nouvelle Alliance Flamande (NVA)-, la Bulgarie -Ataka et Parti des Citoyens pour un Développement Européen de la Bulgarie (GERB)-, le Danemark -Parti du Peuple Danois (DF)-, l’Espagne -Parti Nationaliste Basque (PNP) et Plateforme pour la Catalogne (PXP)-, la Finlande -Parti des Vrais Finlandais-, la France -Front National (FN)-, la Grande-Bretagne -British National Party (BNP) et UK Independance Party (UKIP)-, la Hongrie -Alliance des Jeunes de Droite–Mouvement pour une meilleure Hongrie (Jobbik)-, l’Italie -Lega Nord-, la Norvège -Parti du Progrès (FrP )-, les Pays-Bas -Parti pour la Liberté (PVV)-, la Pologne -Droit et Justice (PiS)-, la Roumanie -Parti Populaire de la Grande Roumanie (PRM)-, la Serbie -Mouvement du Renouveau Serbe et Nouvelle Serbie (SPO)-, la Slovaquie -Parti Nationaliste Slovaque (SNS) et Mouvement pour une Slovaquie Démocratique (S-HZD)-, la Suède -Parti des Démocrates Suédois (SD)- et la Suisse -Union Démocratique du Centre (UDC)-. On précisera néanmoins que le populisme peut se concevoir à d’autres niveaux: européen (au Parlement de l’U.E., 28 députés sur 732 se déclarent ouvertement populistes ou nationalistes), local (Mouvement Cinq Etoiles de l’Italien Beppe Grillo, par exemple, avant son extraordinaire percée aux dernières élections législatives) ou autres… 
(6) On pense notamment, bien sûr, au Tea Party qui fait couler tant d’encre aux Etats-Unis. Mais d’autres exemples pourraient être cités, bien sûr, tel celui de l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont. 
(7) Au-delà des très modérés présidents brésilen Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2011) et bolivien Evo Morales (en poste depuis 2005), on songe notamment à des populistes radicaux comme les anciens présidents colombiens Alfonso Lopez (de 1934 à1938 et de 1942 à 1945, libéral) et Misael Pastrana (1970-1974, conservateur) ou l’actuel président vénézuélien Hugo Chavez. 
(8) Natif de Riga (aujourd’hui en Lettonie) ayant ultérieurement obtenu la nationalité britannique, puis américaine, Isaiah Berlin (1909 – 1997) s’est particulièrement intéressé aux courants de la pensée politique et sociale en Occident. 
(10) Psychologue social et politique à l’université de Caen. 
(11) Dorma Alexandre, Faut-il avoir peur du populisme? Le populisme: un concept sans théorie. Anti-élitisme et républicanisme populaire, 13 mars 2006. 
(12) Dorma Alexandre, ibid.

6 commentaires:

  1. Monsieur le Président de la Commission européenne,



    La lettre, jointe en annexe, a été adressée à plusieurs commissaires européens par rapport aux menaces portées sur les libertés citoyennes d'utiliser des semences.



    L'instauration d'un catalogue semencier limité pour plaire aux grands acteurs agro-industriels va à l'encontre des saines libertés citoyennes qui bénéficient à la protection de l'environnement, à la biodiversité, à l'autosuffisance alimentaire. L'instauration d'un catalogue européen limité est une ingérence grave dans les libertés fondamentales. Cette ingérence est illégitime et disproportionnée. Elle blesse inutilement des acteurs agricoles qui agissent pour le bien de tous, nature comprise.



    En tant que citoyen qui appuie cette lettre, je vous remercie donc de m'informer sur les mesures qui ont été prises pour rencontrer les inquiétudes qui y été exprimées.



    En vous remerciant pour l'intérêt que vous voudrez bien donner à ce courrier, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l'assurance de ma respectueuse considération,



    Eric Watteau

    Chemin du Grand Sart, 32

    1325 Bonlez

    Belgique



    copie au Rapporteur des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, M. O. De Schutter et à différentes autorités

    ./...

    RépondreSupprimer
  2. ./...

    Open letter
    to the Members of the European Parliament
    to John Dalli, Commissioner for Health and Consumer Protection
    to Dacian Ciolos, Commissioner for Agriculture and Rural Development
    to Janez Potočnik, Commissioner for the Environment
    to László Andor, Commissioner for Employment, Social Affairs and Inclusion
    to Antonio Tajani, Commissioner for Industry and Entrepreneurship
    to Andris Piebalgs, Commissioner for Development
    to Johannes Hahn, Commissioner for Regional Policy
    Review of the EU legislation on the Marketing of Seed and Plant Propagating
    Material (S&PM)
    Dear Madam/Sir,
    We write to you to urge you to take the single opportunity to enhance the EU legislation on Seed and Plant Propagating Material and make it more respectful towards the environment, consumers´
    expectations and the needs of small actors in the seed chain.
    A change is badly needed, as the current legislation has contributed to a massive loss of biodiversity in European agriculture over the last decades. The legislation disproportionately discriminated against actors in the seed sector that have objectives that go beyond productivity, and it has restricted consumers´ choice in accessing diverse varieties.
    Therefore, the review must be rebalanced. Improving agro-biodiversity has to become the first goal of the review. Offering seed users a greater choice of varieties, including seeds most adapted to local conditions would help, in relation with appropriate agricultural practices such as crop rotation, to reduce dependency on pesticides, fertilisers and water demand. This would lead to less pollution of soil and water and therefore contribute to a more sustainable and diversified agriculture, which in turn would enhance the diversity of wild plants, animals and micro-organisms.
    Encouraging on farm biodiversity of cultivated plants will enhance the number of varieties grown for food and feed and contribute positively to food quality by enhancing choice, colour and taste. As
    the Commission assessed in its “Options and Analysis” paper, there is growing demand for a greater choice of varieties: “Protection of the environment has become more important and specific
    markets, such as for organic crops, are increasing their share of the market”. (1)
    ./...

    RépondreSupprimer
  3. ./...

    However, today ten multinationals are controlling 74% of the global seed market (2) and the concentration process is still going on. Many of those companies provide genetically narrow varieties and seeds that cannot be reproduced, leading to alarming dependency for farmers and consumers on one hand and ecological risks connected to genetic uniformity such as poor pest resilience on the other hand.
    A change in EU S&PM legislation towards less restrictive requirements that allows for easier market access will increase the number of suppliers and stabilise the amount of SMEs, with
    indirect positive effects on biodiversity and employment in rural areas.
    Representing civil society as organisations working on environment and biodiversity issues including actors from the seed sector like small and organic breeders, suppliers, farmers, gardeners, seed savers, consumer cooperatives and consumers, we call on you to take a stand for an environmentally and consumer friendly S&PM regulation. This must allow for the marketing of less homogenous, but genetically broader and better locally adapted varieties, and
    remove obstacles to the marketing and the exchange of seeds of old, rare and farmers´ varieties, to enhance diversity and sustainability in European agriculture and better meet consumers´ demands.
    ./...

    RépondreSupprimer
  4. ./...

    Consumers´ safety and plant health related precautions can be ensured by clear provisions regarding transparency. Further pre-market requirements will not only lead to the above mentioned
    negative effects for biodiversity and food consumers, but will also lead to overlap and confusion regarding food and plant health laws.
    For all the above reasons, the review of the legislation on the Marketing of Seed and Plant Propagating Material must rebalance the regulation towards more consumer and environmentally
    friendly rules, allowing for the reuse, exchange and selling of old, rare and farmers´ varieties and leading to diversification in agriculture. We have concrete proposals to achieve these goals and would be available to discuss these ideas with you in the coming weeks and months.

    Yours sincerely,

    Arche Noah
    APRODEV
    ARC2020
    Birdlife Europe
    Euro Coop
    European Coordination Via Campesina
    European Environmental Bureau
    European Professional Beekeepers Association
    Friends of the Earth Europe
    Grain
    International Federation for Organic Agriculture Movements EU Group
    Save Our Seeds
    Slow Food
    Sowing the Future

    For more information and for all signatures, please visit this link: www.seedforall.org

    (1) European Commission: Options and analysis of possible scenarios for the review of the European Union legislation on the marketing of seed and plant propagating material" - Point 2.2: Room to strengthen sustainability issues.
    (2) ETC Group Report “Who will control the Green Economy”, 15 December 2011 http://www.etcgroup.org/en/node/5296

    RépondreSupprimer
  5. Le terme "populisme" a été inventé par les sociaux-démocrates (ces hommes politiques qui se disent de progressistes pour mener une politique réactionnaire)ou / et par la bourgeoisie catholique bien pensante pour dénoncer les gêneurs à leurs yeux et les diaboliser.
    le raccourci le plus saisissant est qu'ils traitent de populistes aussi bien Marine que Jean-Luc exprime bien les limites et l'étroitesse de vue de ce concept archaïque.

    Écrire que "le but d'une entreprise n'est pas de faire des profits, mais de proposer des produits qui satisferont les consommateurs" et se faire taxer de populiste montre bien que le seul but de ce terme est de masquer la Vérité derrière le masque de la pseudo Infamie.

    Nous vivons, dans notre siècle sous une dictature sournoise, celle d'une poignée de vautours qui dépècent le monde pour leur seul profit immédiat, quitte à ne laisser à nos enfants que misère et désolation : désolation d'une nature pillée et polluée, misère d'une bio-diversité ruinée et d’espèces à jamais disparues, désolation politique au niveau mondial, où les gouvernants ne sont plus qu'à la solde de ces mafias, misère sociale enfin, où la paupérisation gagne l'ensemble des pays de la planète.

    Le plus dramatique dans notre histoire contemporaine, c'est que les hommes de lettres, ceux qui ont justement pour rôle d'alerter et d'informer les population se sont résigné à ne plus propager que la pensée unique et cette loi unique qui serait que les peuples sont sur terre non pour profiter de la vie, mais pour enrichir toujours plus une poignée de malfaisants pour l'Humanité.

    RépondreSupprimer
  6. L’accusation de « populisme » correspond à un anathème qui permet de discréditer une position, une personne, un mouvement ou un parti politique. Celui que le profère semble avoir identifié une hérésie à retrancher de l’espace public de communication.

    Le contenu de ces anathèmes varie en fonction des époques. Autrefois cela pouvais porter sur la manière de concevoir la trinité divine. Aujourd’hui plus personne ne se fera exclure du débat public pour ce genre de motifs, tout simplement parce que ce genre de débat ne fait plus partie de l’espace public. Les anathèmes d’aujourd’hui se nomment « racisme » ou plus largement « discrimination ». Le principe d’égalité donne le fils conducteur de ce qu’il y a lieu de penser, pour penser correctement. Si l’opinion proférée s’écarte de la pensée correcte, elle relève forcément du populisme. Ce qui laisse sous entendre que les opinions divergentes par rapport au « politiquement correct » risquent de provoquer un engouement populaire.

    Le politiquement correct semble donc faire l’affaire des uns, mais pas des autres. Il profite aux uns et oppresse les autres, qui se montrent disposés à adhérer à un anathème.

    Cette problématique soulève différentes questions:

    - Comment se forme le politiquement correct ? Comment cette construction évolue-t-elle ? Dans nos contrées et ailleurs ?
    - Peut-on évaluer, dans une contrée déterminée, le pourcentage de personnes qui ne peuvent pas se reconnaître dans le politiquement correct ? Ces personnes font-elles simplement preuve de mauvaise volonté ?
    - Le fait de discréditer des discours en les qualifiant de populistes permet-il d’éteindre définitivement le feu qui couve ?


    RépondreSupprimer