jeudi 23 janvier 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (10). Vers un alter-populisme indigné ?

 


Populiste, le mouvement indigné? 
Pas vraiment. 
A moins que l'on ne se risque à parler 
de populisme aimable. 
Voire de populisme discursif...

 

Il y a populisme et populisme.
Tel est l'avis de cet éditorialiste de Die Zeit qu'est l'Allemand Werner Perger. 
Qui voit dans le mouvement espagnol des indignés l’expression d’un populisme aimable, totalement dénué de xénophobie, qui pourrait faire pièce à celui des formations d’extrême droite...
«L’Espagne va-t-elle devenir le modèle du nouveau populisme des déçus et des laissés-pour-compte, comme les Pays-Bas, le Danemark et l’Autriche l’ont été pour le populisme des défenseurs des acquis et de la prospérité? (...)  
Ces manifestants (...) pourraient devenir un contrepoids aux antidémocrates de l’extrême droite, hostiles au consensus. 
Qui, sinon les indignés chers à Stéphane Hessel, pourra éviter que l’on ne glisse définitivement dans la postdémocratie?» (1) 

Un zeste de Mai 68, un peu de web...: le cocktail indigné

«La montée des populismes européens, classés à droite, n’est pas si éloignée d’un mouvement comme les "indignés" espagnols, classés plutôt à gauche, renchérit un autre éditorialiste, le Français Philippe Thureau-Dangin de l'hebdomadaire Courrier international. 
Ce sont même les deux côtés de la même médaille. 
On retrouve chez les uns comme chez les autres un égal rejet des partis politiques traditionnels et une déception à l’égard du système parlementaire. (...) 
Populistes et indignés refusent d’une même voix les diktats des marchés financiers, même si les premiers s’en prennent aussi aux étrangers de toutes conditions, coupables à leurs yeux de prendre le travail des autochtones. 
Bref, les indignés incarnent une sorte de "populisme aimable", non xénophobe, pour reprendre l’expression de l’hebdomadaire allemand Die Zeit.
Il y a pourtant une différence de taille entre les deux vagues. 
Les populistes, y compris le FN de Marine Le Pen, pratiquent le culte du chef et proposent des solutions simples, voire brutales, face à la complexité du monde. 
Les jeunes et moins jeunes qui campent sur la place de la Puerta del Sol, à Madrid, savent que la réalité n’est pas simple et qu’il faut d’abord réfléchir. 
Tandis que les populistes lancent des slogans, les indignés ouvrent des forums sur le Net. 
On assiste à une fusion de Mai-68 et du web.» (2)(3)(4)

(A suivre)

Christophe Engels


(1) Perger Werner, Un signal pour toute l'Europe démocratique, in Die Zeit du 26/05/2011.
(2) Thureau-Dangin Philippe, Editorial. Populistes, indignés, même combat ?, in Courrier international du 26/05/2011.
(3) Ce message est extrait de l'analyse: Engels Christophe, Une journée d'Ivan... l'indigné. L'épisode bruxellois: projet ou utopie?, n°2011/07, 2011, Analyses et études du Siréas, pp.14-16.Avec l'aimable autorisation de Mauro Sbolgi, éditeur responsable de la publication initiale..
(4) Pour suivre:  d'autres messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents.