mercredi 8 janvier 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (6). L'exemple trop réactif des indignés


Les indignés ne se contentent pas de s'offusquer. 
Il s'engagent aussi.
En se déplaçant.
En prenant la parole.
En campant.
En participant à des marches... 

Il n'empêche...
Trop souvent, leur combat 
s'inspire d'une logique réactive
Et se décline sur le mode négatif.


Les intéressés cantonnent leur action dans un registre défen­sif: celui du refus. 
Ils sont contre...
Mais contre quoi? 
Contre le système politique? 
Contre la tyrannie de l'économique? 
Contre l'ensemble de l'ordre établi?...

Refus stérile...

«Nos sociétés regorgent de gens qui sont "contre", tandis que se raréfient ceux qui sont "pour" quelque chose de concret et d’identifiable, analyse le philosophe espagnol Daniel Innerarity. 
Ce qui mobilise aujourd’hui, ce sont des énergies négatives d’indignation et de victimisation. 
Tout le problème consiste à savoir comment y faire face. 
C’est ce que Pierre Rosanvallon a appelé l’"ère de la politique négative", où ceux qui s’opposent ne le font plus à la façon des rebelles ou des dissidents d’hier, dans la mesure où leur attitude ne dessine aucun horizon souhaitable, aucun programme d’action. 
Dans ce contexte, le problème est de réussir à distinguer la colère régressive de l’indignation juste, et de mettre cette dernière au service de mouvements efficaces et transformateurs. » (1) 

... ou approfondissement constructif ?

«Balivernes!, s'insurge Damien (2)
Il faut nous laisser le temps d'oeuvrer à l'approfondissement de notre projet. 
Avant d'agir, nous devons d'abord mener cette tâche à bien. 
Car il n'est pas question de reprendre en l'état une idéologie indignée qui, aujourd’hui, reste trop focalisée sur l'analyse marxiste et sur l’anarchisme. 
Nous avons besoin de régénérer ce qui existe. 
Comment s'en étonner? 
Le monde a changé. 
Le principe de solidarité nationale, par exemple, est remis en cause. 
La sécurité sociale est vendue au plus offrant. 
Et tous les services publics sont menacés de privatisation. 
Ce qui constitue une remise en cause fondamentale du contrat social en vigueur dans toute l’Europe depuis cinquante ans.» (3)(4)


(A suivre)

Christophe Engels


(1) Innerarity Daniel, S'indigner pour que rien ne change, in El Pais du 25/05/2011.
(2) Voir message précédent.
(3) Ce message est extrait de l'analyse: Engels Christophe, Une journée d'Ivan... l'indigné. L'épisode bruxellois: projet ou utopie?, n°2011/07, 2011, Analyses et études du Siréas, pp.14-16. Avec l'aimable autorisation de Mauro Sbolgi, éditeur responsable de la parution originale.
(4) Pour suivre:  d'autres messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents..