mardi 15 avril 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (27) Militants et méditants: improbables passerelles

Aussi rares et peu empruntées soient-elles, 
des passerelles n'en existent pas moins
entre militants et méditants.
Les premiers, par leur comportement, 
rappellent à leurs vis-à-vis 
de se méfier de la tentation solipsiste.
Les seconds disposent d'outils 
susceptibles de favoriser 
l'efficacité de l'action militante. 
Au point d'en arriver 


Le méditant est en phase avec Gandhi quand il conseille d'«être», plus que de faire, le changement que l'on veut voir éclore
Sous cet angle, l'avènement d'un monde plus juste, solidaire et altruiste passe d'abord par la construction de ces qualités à l'intérieur de soi-même. (1) 
Quid d'un tel préalable identitaire? 
Farfelu, a priori, pour le militant qui tend à l'appréhender comme une démarche purement et simplement égocentrique.
Nécessaire, en revanche, pour le méditant qui, au mieux, voit cette phase égotique comme une prise d'élan vers le grand saut de la dimension collective.

Méditant: rechercher le côté jardin du militant

Le méditant cherche-t-il «à installer dans sa vie personnelle une capacité de percevoir ce qui est bon pour lui, ses besoins, ses limites, et à exprimer tout cela vers l'extérieur»? (2) 
Oui.
Dans un premier temps en tout cas.
Car, ajoute Vincent Commenne, cette construction de l’estime de soi n'est qu'un préalable.
Elle est inévitablement amenée à plafonner à un moment ou à un autre.
Et ne sera appelée à prendre son plein essor qu’avec une  implication dans le collectif.
«S’investir dans l’action collective met les valeurs (solidarité, écologie…) à l’épreuve du concret, précise le fer de lance des créatifs culturels en Belgique. 
Son implication envers la société l’aidera dans sa démarche personnelle.» (3)

Militant: se forcer à voir l'autre face du méditant

En l'espèce, le méditant a donc tout à gagner à s'inspirer du militant.
Ce qui ne signifie pas, loin de là, que lui-même n'a rien à apporter à son vis-à-vis. 
Qui, de son côté, aura à apprendre, par exemple, de cette «étrange» manière de considérer que, fût-ce inconciemment, le monde tend à être dirigé par la peur et la colère.
La sphère militante?
Elle ne fait pas exception à cette règle générale.
Car elle aussi est animée par la peur de certaines issues dramatiques.
Et elle aussi est motivée par la colère envers ceux  qui  en sont à  l'origine. 
Se pose alors la question de savoir si l'on peut court-circuiter les étapes. 
Si, donc, on peut passer à l'action avant d'avoir pleinement accepté et pris en charge les sentiments susmentionnés. (4)
Le monde méditant, il est vrai, dispose d'une multiplicité d'approches susceptibles d'aider à gérer ce type de situation. Autant d'outils qui pourraient tout aussi bien servir la cause du camp d'en face.
Non pas que le méditant doute des bonnes intentions qui sous-tendent les initiatives "anti-système" des militants.
«Mais il considère qu’elles font preuve d’une méconnaissance importante de l’être humain et de son fonctionnement.» (5)
C'est que, de son côté, «il a souvent adopté l’idée que vouloir changer l’autre (ou vouloir que l’autre change son comportement) accroît sa résistance au changement. 
En conséquence, vouloir changer l’autre est épuisant à la longue, et va finalement  conduire le militant  vers  un sentiment d’impuissance et d’échec.» (6)
«Ce n'est que lorsqu'une personne se sent reconnue dans son apport actuel qu'elle accepte de transiter vers autre chose.» (7) 
Dixit encore Commenne.
Qui, audacieusement, se risque à ajouter...
«Faudra-t-il en passer par remercier les multinationales et les banquiers? 
La question est posée tout en sachant qu'elle aura probablement le don d'irriter bon nombre de militants...» (8)(9)
 
(A suivre)

Christophe Engels (d'après Vincent Commenne)

(1) Cfr. Commenne Vincent, Evaluation des valeurs et descomportements. Un nouveau regard sur les acteurs de changement, Créatifs Culturels en Belgique, 2013, pp.62-63. Rappelons ici que nous nous inspirons librement de cet auteur dans la mesure où sa typologie des acteurs de changement se fonde sur un pôle binaire (militants et mutants) alors que la nôtre se construit sur une distinction ternaire (entre militants, méditants et mutants) qui nous semble à la fois plus susceptible de rendre justice au concept de mutance  proposé par le philosophe français René Macaire et plus à même de cerner la complexité des courants de pensée et modes de vie émergents.
(2) Commenne Vincent, idem, p.63.
(3) Commenne Vincent, idem, pp.63-64.
(4) Cfr. Commenne Vincent, idem, p.64. 
(5) D'après Commenne Vincent, idem, pp.62-63. 
(6) Commenne Vincent, idem, p.62.  
(7) Commenne Vincent, idem, p.62 
(8) Commenne Vincent, idem, pp.62-63.
(9) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une longue série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de voie émergents,
. (d'ici plusieurs semaines,) une enquête sur l'immigration...


3 commentaires:

  1. Belgique

    Au sommaire: « Les animaux et la transition »

    Les protagonistes de ce nouveau numéro d’Alors, on change ! ne sont pas que des hommes. Ce mois-ci, nous vous parlons de la relation à l’animal dans un monde en transition. Nous sommes tous responsables du monde dans lequel nous vivons : respecter l’animal, c’est respecter la vie. Nos 4 nouveaux témoins l’ont compris : ils vivent en harmonie avec leur environnement et réfléchissent aux conséquences de leurs actes. Leur objectif : offrir aux générations futures une planète où il fait bon vivre.

    Mourad est un des 60 débardeurs qui travaillent encore en Wallonie. Un métier d'un autre temps, d'un autre rythme, calqué sur le pas du cheval... Mourad n'a qu'une envie : partir tous les jours avec Carlos et ses 800kg de muscles pour extraire des troncs d'arbres de forêts inaccessibles en machine ou contribuer à la restauration du biotope particulier des Fagnes...

    Vétérinaire et président de l’asbl Planète-Vie, Yvan nous interroge sur notre consommation démesurée de viande produite de façon industrielle et sans respect pour l’animal. Yvan est le concepteur du documentaire LoveMeatender, primé aux Magritte, qui nous interpelle sur notre consommation aveugle de viande produite de façon industrielle. Un documentaire qu’il présente régulièrement dans les écoles et qui ne laisse jamais indifférent…

    André, lui, est éleveur et a refusé le modèle de production industrielle : depuis les années 90, il est à la tête d’une filière 100% bio qui a largement fait ses preuves. André était un précurseur à l’époque, mais il avait déjà la conviction qu’amorcer ce virage était vital pour sauver l’agriculture et permettre aux paysans d’assumer leur rôle : nourrir l’humanité et préserver la planète.

    Jan est un apiculteur heureux : ses ruches restent vigoureuses et échappent au dépérissement... Pourquoi ? Jan en est persuadé, c'est parce qu'il pratique l'essaimage naturel. Laisser les abeilles se reproduire dans leur environnement en suivant leur instinct c’est selon lui la meilleure garantie de maintenir des colonies fortes. Une attention qui demande beaucoup, beaucoup de temps...

    Sans oublier de nombreux autres contenus exclusifs visibles sur notre site web et notre page Facebook. N’hésitez pas à cliquer, aimer et partager !

    Retrouvez Alors, on change ! sur La Deux le mercredi 16/04 à 22h50 et sur La Trois le dimanche 20/04 à 19h00, mais aussi sur votre télé locale (No Télé, Télé MB, Canal Zoom, Canal C, TV Lux et Télé Vesdre)

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    Philippe Pilate
    Producteur Delegué TV

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  2. Nous refusons le désastre social qui s’annonce...

    L'avenir ne se construira pas sans les associations citoyennes !


    Le premier ministre français a annoncé la réduction des dépenses publiques de 50 milliards en 3 ans et de 11 milliards de la dotation de l'État aux collectivités d’ici 2017 (soit 3 milliards par an). Ces décisions auraient pour conséquence, si elles sont appliquées, la disparition de très nombreuses associations et de dizaines de milliers d’emplois associatifs. La diminution du montant des dotations publiques constitue en effet la principale variable d’ajustement laissée aux collectivités territoriales pour compenser la perte de leurs ressources tout en maintenant les crédits destinés à exercer leurs compétences obligatoires.

    Ce gouvernement, comme les précédents, semble ignorer que les richesses produites par la très grande majorité les 1 300 000 associations sont constituées avant tout de développement humain, de démocratie et de participation à la vie de la cité, de renforcement du lien social et d'épanouissement des personnes. Paradoxalement, cette annonce tombe au moment même où le premier ministre affirme qu’il a besoin des associations pour gagner la bataille de l'emploi et reconstruire l'espérance, notamment dans les quartiers et les territoires ruraux ou périurbains où le désarroi gagne chaque jour du terrain.

    Les ruptures de financements publics ont des conséquences extrêmement graves pour les associations :
    - un recul général de leurs capacités d'agir, y compris pour celles dont l'action ne repose que sur l'engagement bénévole,
    - une forte dégradation des conditions de travail, tant pour les salariés que les bénévoles,
    - la destruction de dizaines de milliers d’emplois qualifiés, porteurs d’expérience et de savoir faire associatifs,
    - leur remplacement partiel par des emplois précaires et sous qualifiés, souvent en substitution de services publics territoriaux détruits par ailleurs. En particulier la signature de milliers de contrat temporaires dit "emplois d'avenir", destinés à des jeunes peu qualifiés, ne saurait masquer durablement la réalité de ce plan social déguisé,
    - la disparition des associations les plus porteuses de citoyenneté, de lien social et de coopération. Les associations petites et moyennes sont les plus frappées par ces mesures et par la multiplication des appels d'offres.

    À cette approche comptable s'ajoutent toutes les conséquences humaines et les souffrances que cela entraîne par la destruction progressive des liens sociaux.
    ./...

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  3. ./...
    La réduction aveugle des subventions est un non-sens, car la suppression des actions de prévention et de lien social génère des coûts bien supérieurs de maladie, de sécurité, d’action de réparation, etc…. Le coût des cotisations sociales perdues et des prestations de chômage induites par les licenciements est supérieur au montant des subventions supprimées. Uniquement préoccupés par leurs effets d’annonce et une vision court-termiste, les pouvoirs publics ne semblent plus s’intéresser à la globalité des choses. Leur seul objectif : appliquer l’idéologie de ce capitalisme libéral dominateur en France, dans l’Union Européenne et dans le monde.

    Face à ces décisions inacceptables, nous appelons les associations, en lien avec les collectivités et tous les acteurs qui partagent les mêmes valeurs d'égalité, de liberté, de fraternité et de démocratie, à se mobiliser par tous les moyens, avec leurs bénévoles, leurs salariés, leurs adhérents et usagers, pour résister à leur asphyxie et à la dégradation continue de nos conditions de vie ensemble.

    Nous demandons la mise en œuvre de politiques publiques concertées prenant en compte tout le tissu associatif et pas seulement quelques milliers de grosses associations, la restauration de relations avec les acteurs publics fondées sur le partenariat et non sur la commercialisation de prestations, le retour à des financements publics stables et garantis aux associations qui contribuent à l’intérêt général et au bien commun. « La reconduction à l'identique de la circulaire Fillon du 18 janvier 2010, qui tend à réduire les associations à un simple acteur économique, constituerait en l’occurrence une atteinte de plus à la vie associative » déclare Didier Minot, porte-parole du CAC, ajoutant qu’une mobilisation spécifique sur ce dossier était lancée.

    Les associations citoyennes refusent le désastre social qui attend la France au bout de cette course à l’austérité (aggravant les déficits publics), expérimenté dans d’autres pays européens comme le Portugal, l’Irlande ou la Grèce, et dans plus de 80 pays depuis 30 ans. Rester silencieux aujourd’hui à ce sujet, c’est faire courir un risque majeur à notre pays à brève échéance.


    Le Collectif des associations citoyennes

    www.associations-citoyennes.net et www.nondisparitionassociations.net
    Contact : Isabelle Boyer au 0(033)7 70 98 78 56, contact@associations-citoyennes.net
    CAC : Chez Peuple et Culture, 108 rue Saint-Maur 75011 Paris

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