jeudi 7 août 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (47) Mutants. Masculin de série, féminin en option

Fournies «de série» 
par les cerveaux reptiliens 
et limbiques.
Proposées en «option» 
par le néocortex.
Qui mise moins sur le rapport de force 
que sur la complémentarité


D'un côté, les «valeurs masculines».
Celles, en fait, qui seraient fournies «de série» par l'équipement cérébral le plus ancien.
De l'autre, les «valeurs féminines».
Celles qui, de facto, tireraient parti des «options» proposées par le néocortex.
Une approche à deux étages, donc, qui semble présenter un double avantage...
. D'abord, elle enracine des valeurs un peu éthérées dans le «dur» des neurosciences sans pour autant obliger à se limiter à elles.
. Ensuite, elle ne place les «valeurs féminines» ni en situation d'infériorité ni sur le piédestal d'une supériorité absolue.
Leur apport, en effet, serait de degré plutôt que de nature.
Ce qui permet de dénoncer une imprécision, sinon une imposture.
Celle qu'entretiennent des acceptions très différentes du concept en question (1).
Soit qu'elles le confondent avec l'idée de féminisme.
Soit qu'elles l'opposent radicalement à son contraire (2)... 

Féminisme: qui veut la fin veut les moyens 

«Le féminisme a radicalisé la position féminine (3), explique la psychosociologue française Christine Marsan. 
Beaucoup de femmes se sont prises pour des ersatz d’hommes en cherchant à s’affirmer et à prendre une position dans un monde économique aux valeurs et critères masculins.» (4)
Ce faisant, le «sexe (de moins en moins) faible» a légitimement et opportunément défendu ses intérêts.
Mais cette bataille a eu un prix.
Pour arriver à un tel résultat, il a fallu se compromettre.
Il a fallu frayer avec l'ennemi.
Il a fallu emprunter aux «valeurs masculines»!
«Les vagues féministes ont eu leur utilité car elles ont conduit à l’indépendance des femmes dans bien des domaines et il est normal qu’elles aient pris le modèle masculin pour s’imposer, seule voie qui leur était laissée pour affirmer leurs valeurs et leurs compétences. 
Cependant, cet accès à l’autonomie s’est accompagné de combats et donc s’inscrit toujours dans ce paradigme guerrier, dit "masculin".» (4) 
Une étape nécessaire, sans doute.
Mais dont il convient à tout le moins de veiller à ne pas faire un aboutissement.
Sauf à considérer que l'objectif ne soit plus d'assurer la promotion des «valeurs féminines», mais bien de défendre les intérêts de la femme. 
Ce qui, on l'aura compris, n'est pas, ici, notre propos.

Monopole des «valeurs féminines»: l'excès nuit en tout

Autre erreur: celle qui inciterait à réduire purement et simplement les valeurs que l'on sait à une définition conçue comme l'exact opposé des «valeurs masculines».
Un leurre, évidemment.
Car il ne s'agit pas d'éradiquer le
«camp d'en face», mais de le civiliser.

De l'enrichir.
De le compléter.
Un objectif que certains n'hésitent à placer métaphoriquement sous le signe de l'androgyne.

Androgyne, mon amour

La symbolique de l'androgyne (4) fait écho, pour chacun, au droit et, de plus en plus, au goût
. d'en appeler à des valeurs masculines autant que féminines
. et de «recomposer consciemment en nous de nouveaux repères qui nous font dépasser le clivage homme/femme dans la limitation qu’apportent les rôles sociaux.» (5) 
L’androgyne illustrerait l'émergence d'un nouveau paradigme, nourri d'une multitude de (r)évolutions intérieures.
Ainsi, le biologiste français Joël de Rosnay...
«Les valeurs économiques ne sont pas les seules à contribuer à la construction du monde.
Le rôle des valeurs humaines, morales, spirituelles est fondamental.
Or, celles qui priment aujourd’hui opposent plus qu’elles ne réunissent.
Les composantes majeures du développement économique et social sont la compétition et la concurrence, valeurs justifiées dans le cadre de l’évolution darwinienne et de la lutte pour la vie, mais insuffisantes pour construire la prochaine étape de l’évolution de l’humanité.» (6)(7) 

(A suivre)

Christophe Engels 


(1) Les «valeurs féminines», on l'aura compris. 
(2) Les «valeurs masculines», donc.
(3) Schneider Michel, Big Mother, Odile Jacob, Paris, 2002. ou Alan Touraine, Une société de femmes, Fayard, Paris, 2006. 
(4) Pour autant que de besoin, précisons que l'androgyne est un être qui réunit les caractères des deux sexes. 
(5) Marsan Christine, Au delà du masculin et du féminin, Les cahiers psychologie politique, numéro 11, Juillet 2007. http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=581  
(6) Rosnay Joël de, Valeurs féminines pour construire un monde, Agora Vox, 15 décembre 2005, http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/valeurs-feminines-pour-construire-5337 .
(7) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute): 
. la suite d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents,
. des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés) et l'immigration.


1 commentaire:

  1. « Du Rififi chez Thomas et Kilmann »

    En collaboration avec le CFA (Centre de Formation d’Animateurs asbl), l’Université de Paix a réalisé un support didactique (DVD) pour les formations en gestion des conflits. Nous vous proposons de regarder les séquences qui en découlent. Il s’agit d’illustrer les différents types d’attitudes possibles lors d’une situation de conflit (formation Adapter son attitude en situation conflictuelle) : la compétition, le repli, l’accommodation, la coopération et le compromis.
    http://www.universitedepaix.org/video-des-attitudes-en-conflit

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