dimanche 3 août 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (46) Mutants. Les ego au feu et les mecs au milieu


















Celles du féminisme? 
Celles de la «revendicationnite aigüe»? 
Celles des quotas? 
Non!
Celles de ces valeurs
qui font 
du «deuxième sexe»
non pas l'égal


A ma droite, les valeurs dites «masculines».
Un «monde de brutes», marqué par ce besoin de domination qui se traduit par la compétition et débouche sur la division, la confrontation, voire la guerre.
A ma gauche, les valeurs qualifiées de «féminines».
Soit un univers policé, fait d'attitudes et de comportements coopératifs, censés permettre de dépasser conflit, violence et belligérance, mais aussi de révéler notre pleine humanité.

T'as voulu voir Vesoul et on a vu Vesoul...

Pour préciser ce qu'on entend par «valeurs masculines» et «féminines», Christine Marsan propose une approche à base neuroscientifique.  
Qui renvoie les premières aux réflexes, instincts, pulsions et émotions inscrits dans les plus anciennes de nos couches cérébrales.
Et les secondes à la possibilité que nous avons d'en appeler consciemment et délibérément à notre néocortex dès lors qu'il s'agit de mieux gérer nos choix quotidiens et nos interactions avec autrui.
«Lorsque nous évoquons aujourd’hui les valeurs féminines, nous voulons en fait parler de ces valeurs universelles que le néocortex nous permet de mobiliser pour dépasser les peurs et l’agressivité,  considère la psychosociologue française. 
Celles-ci même qui constituent le patrimoine de ce cerveau archaïque qui est aussi le fondement des violences manifestées contre autrui.» (1)
Ainsi, c'est le néocortex qui nous rendrait capable de respecter l'autre, de nous montrer avenants à son égard, de comprendre sa singularité,  de le respecter et même de rechercher sa différence.
Soit, donc, ce que nous tendons à ranger (improprement?) sous la bannière des «valeurs féminines».
Et qui s'oppose à ce que nous avons plutôt l'habitude d'appeler (tout aussi abusivement?) «valeurs masculines».

Réflexes, instincts, pulsions, émotions et consorts: 
... homme, sweet homme!

Les «valeurs masculines» référeraient en fait à nos déterminations archaïques.
Celles, donc, inscrites dans l'un et/ou l'autre de nos deux «cerveaux» les plus anciens....
. Le premier, c'est le «cerveau reptilien».
Celui que nous avons en commun avec les oiseaux, poissons et reptiles.
Et qui commande les réflexes et les instincts de conservation. 
Au programme: routine, schémas stéréotypés et comportements répétitifs.
Qui se reproduisent encore et encore, même s’ils conduisent à des erreurs patentes.
Pas question donc, à ce stade, d’apprendre de l’expérience.
. Deuxième étape dans l’évolution de l’espèce humaine: le «cerveau limbique».
Celui que nous partageons avec les mammifères dits inférieurs, tels les rats ou les lapins.
Et qui joue un rôle majeur dans la bonne adaptation à l’environnement social. 
C'est le siège des pulsions et des émotions.
Qui communique de manière unilatérale avec le néocortex.
Auquel il adresse des informations d’origine émotionnelle (2)...

Affects, sentiments et tutti quanti:
bienvenue au pays de la femme!

Apparu des millions d'années après les fines couches du cortex des mammifères inférieurs, le néocortex est le «cerveau» le plus récent dans l’Histoire de l'espèce.
Celui, donc, qui correspondrait aux supposées «valeurs féminines».
Celui, aussi, que nous partageons avec ces mammifères supérieurs que sont les baleines, les dauphins ou les chimpanzés.
«Le néocortex a apporté à la vie affective une subtilité et une complexité nouvelle, renseigne le psychologue américain Daniel Goleman. 
Il nous a ainsi rendu capables de réagir à nos émotions de manière incomparablement plus variée et plus nuancée.
Mais les centres cérébraux supérieurs ne gouvernent pas toute notre vie affective; pour les questions capitales du coeur, et tout particulièrement pour les "urgences" émotionnelles, ils passent la main au système limbique. (...)
Parce qu'il est issu des aires émotionnelles, le néocortex se trouve relié à elles par des myriades de circuits.» (3)
Il n'empêche...
Le néocortex, c'est l'aire qui transforme les pulsions de fuite ou d’agressivité en affirmation de soi.
C'est la zone cérébrale qui permet d'imaginer, de créer et de se projeter dans le futur.
C’est la structure souple qui, par sa plasticité, offre la possibilité d'apprendre et d'agir différemment.
Donc de tirer des leçons de l'expérience.
«C’est bien dans le néocortex que s’élaborent pensées, analyses et prises de décision...
. d’actions telles que la médiation dans les cas de conflits 
. et de communication non-violente dans la volonté de dépasser des situations violentes.» (1)
Reste que cette partie de notre cerveau, qui est à la source de nos capacités de changement, de notre conscience et de notre libre-arbitre, fait également office de... «petite dernière»!
Ce qui explique nos difficultés à mobiliser les attitudes y afférentes.
En particulier celles qui se veulent éthiques.

(A suivre)

Christophe Engels


(1) Marsan Christine, Au delà du masculin et du féminin, Les cahiers psychologie politique, numéro 11, juillet 2007. http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=581
(2)  A moins qu'un ressenti ne s'avère trop marqué. Auquel cas les fonctions cognitives d’interprétation et de traitement peuvent se retrouver déconnectées. De là les «trous de mémoire» générés par un stress important.
(3) Goleman Daniel, L'intelligence émotionnelle, Robert Laffont, coll. J'ai lu, Paris, 1997, pp.30-31 (traduction de Emotional intelligence, Bantam Books, New York, 1995). 
(4) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute): 
. la suite d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents,
. des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés) et l'immigration. 


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