Il
est originaire d'un pays caucasien.
Et
il a suivi toute la procédure de demandeur d'asile.
Son
parcours, comme si vous y étiez...
Sous
peine de devenir un «sans
papier»,
tout étranger non ressortissant de l’Union européenne qui arrive
en Belgique et se dit victime de persécutions doit, dans les huit
jours, demander l’asile auprès de l’institution ad
hoc
(1).
Sous
réserve de vérification de la compétence du plat pays en la
matière (2), son dossier sera alors transmis, pour instruction, à
un autre organisme (3).
Pendant
la durée de la procédure (en moyenne neuf mois), l’intéressé
aura droit à une place dans une structure d’accueil ainsi qu’à
une aide matérielle (gîte, couverts, vêtements).
Il
sera ainsi accueilli dans l'un ou l'autre de la cinquantaine de centres
prévus à cet effet (4).
Soit, au total, une vingtaine de milliers de places (5), sans compter celles que peut, en cas
d’urgence, faire ouvrir le gouvernement dans des casernes et autres
bâtiments publics.
De
la théorie à la pratique
«C’est
pour ma part au lieu dit "Petit
Château"
que j’ai attendu la réponse à une demande introduite en tant que
candidat réfugié,
se rappelle Elçin (6).
La
capacité d’accueil y avoisine les 900 à 1000 personnes.
Qui
sont logées dans des chambres à dix lits, séparées les unes des
autres par de simples rideaux.
Séjour
idyllique?
Loin
s’en faut.
Passons
rapidement sur le manque de confort ou sur la cuisine, vraiment très
mauvaise.
Car
il y a plus grave…
Les
vols d’ordinateurs portables, de GSM ou d’espèces sonnantes et
trébuchantes par exemple, qui sont monnaie courante.
Ou
alors la drogue, qui circule à satiété.
Durant
mon séjour, j’ai en outre assisté à quelques épisodes
marquants.
Comme
des descentes de police, venue arrêter des membres du P.K.K. (7).
Ou
l’intervention musclée de ces mêmes forces de l’ordre suite aux
cris d’effroi d’une maman qui s’était rendu compte que son
petit protégé avait été piégé dans une salle de bain par un
adulte manifestement mal intentionné.»
Pour
tuer le temps, Elçin,
fort heureusement, ne s’est pas contenté d’assister à ce genre
d’événements.
Car
il n’est pas vraiment homme à s’appesantir sur son sort…
«J’ai
rencontré des gens fort intéressants,
reprend notre guide.
Je
me souviens notamment de l’un ou l’autre opposant politique
congolais.
Ou
d’un artiste irakien.
Par
ailleurs, j’ai été heureux de pouvoir profiter des facilités qui
étaient gracieusement mises à notre disposition: nouvelles
salles de bain, Club Internet,
Fitness Club, activités culturelles,
excursion à Ostende…
Et
surtout, je me suis consacré assidûment à des cours de français.
Une
langue dont, à l’origine, j’ignorais tout.
Mais
que j’avais néanmoins toujours rêvé de connaître.
Je
me suis donc inscrit avec empressement aux cours qui m’étaient
proposés deux fois par semaine.
Problème:
ils étaient organisés à 18h.
Soit
très exactement à l’heure… du repas du soir !
Tant
pis!
J’ai
préféré me remplir l’esprit que l’estomac…
Et
je suis très fier, aujourd’hui, de faire mieux que me débrouiller
dans la langue de Voltaire.»
Elçin
a attendu.
Attendu.
Attendu…
Dans
l’angoisse d’une décision
négative qui aurait obligé le
postulant déçu à repartir pour un tour, en introduisant un recours
suspensif
(8).
Puis,
au terme de ce processus, à s’exposer au risque de recevoir
l’ordre, tant redouté, de quitter le territoire…
Le
premier jour du reste de ma vie…
Neuf
mois plus tard, la procédure a enfin accouché d’une réponse...
Ouf!
Positive!
«Je
n’étais certes pas encore tout à fait sorti de… l’auberge,
se rappelle l’impétrant.
Car
j’avais encore trois mois à passer au Petit
Château avant de pouvoir trouver un logement.
Mais
la perspective, désormais, était bien différente…»
Grâce
au statut de réfugié qui donne droit à la fameuse «carte
B», synonyme de permis
de séjour pour cinq ans.
Avec,
à la clé, un droit au revenu
d’intégration.
«Je
veux reprendre des études,
s’enthousiasme un Elçin monté sur des ressorts.
Puis apprendre le néerlandais.
Et l’espagnol.
Je
travaillerai la nuit s’il le faut.
Et l’espagnol.
Mais
j’y arriverai.
Vous
allez voir ce que vous allez voir…» (9)
«. Si le demandeur est titulaire d'un titre de séjour en cours de validité, l'État membre qui a délivré ce titre est responsable de l'examen de la demande d'asile.
. Si le demandeur est titulaire d'un visa en cours de validité, l'État membre qui a délivré ce visa est responsable de l'examen de la demande d'asile, sauf si ce visa a été délivré en représentation ou sur autorisation écrite d'un autre État membre.»
(3) Soit le Commissariat général aux réfugiés et apatrides (CGRA). Un organisme comparable à l'Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA) ou à l'Office fédéral [suisse] des réfugiés (ODR).
(4) Ces centres sont gérés par l'institution belge analogue au Fond d'Installation LOcal [français] pour les Réfugiés (FILOR) ou à l'Organisation Suisse d’Aide aux Réfugiés (OSAR), à savoir l’Agence fédérale pour les demandeurs d’asile (Fedasil). Qui, parfois, délègue à l’un de ses partenaires : Croix Rouge, Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Etrangers (CIRE), Vluchtelingenwerk Vlaanderen, voire Centres Publics d’Action Sociale (CPAS). Dans ce dernier cas, on parle d’Initiatives Locales d’Accueil.
(5) A noter que les nombres de centres et de places ont été en constante diminution ces dernières années.
(6) Le texte renvoie à un personnage existant, que n'illustre cependant pas la photo d'entrée de message et dont le prénom a été modifié.
(7) Organisation armée du Kurdistan, le PKK se présente comme un mouvement de guérilla, surtout active en Turquie, en Syrie et en Iran.
(8) En Belgique, le recours suspensif s'introduit auprès du Conseil du Contentieux des Etrangers (CCE). En France, il se serait agi de la Commission des Recours des Réfugiés et en Suisse, du Tribunal Administratif Fédéral.
(A
suivre)
Christophe
Engels
(1)
En Belgique, il s'agit de l'Office des étrangers.
Soit l'équivalent de l'Office Français de l'Immigration et de
l'Intégration (OFII) ou de l'Office Fédéral des Migrations
de la Confédération Suisse (OFMCS).
(2)
Selon l’article 9 du «Règlement (européen) Dublin
II» (anciennement «Convention de Dublin»): «. Si le demandeur est titulaire d'un titre de séjour en cours de validité, l'État membre qui a délivré ce titre est responsable de l'examen de la demande d'asile.
. Si le demandeur est titulaire d'un visa en cours de validité, l'État membre qui a délivré ce visa est responsable de l'examen de la demande d'asile, sauf si ce visa a été délivré en représentation ou sur autorisation écrite d'un autre État membre.»
(3) Soit le Commissariat général aux réfugiés et apatrides (CGRA). Un organisme comparable à l'Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA) ou à l'Office fédéral [suisse] des réfugiés (ODR).
(4) Ces centres sont gérés par l'institution belge analogue au Fond d'Installation LOcal [français] pour les Réfugiés (FILOR) ou à l'Organisation Suisse d’Aide aux Réfugiés (OSAR), à savoir l’Agence fédérale pour les demandeurs d’asile (Fedasil). Qui, parfois, délègue à l’un de ses partenaires : Croix Rouge, Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Etrangers (CIRE), Vluchtelingenwerk Vlaanderen, voire Centres Publics d’Action Sociale (CPAS). Dans ce dernier cas, on parle d’Initiatives Locales d’Accueil.
(5) A noter que les nombres de centres et de places ont été en constante diminution ces dernières années.
(6) Le texte renvoie à un personnage existant, que n'illustre cependant pas la photo d'entrée de message et dont le prénom a été modifié.
(7) Organisation armée du Kurdistan, le PKK se présente comme un mouvement de guérilla, surtout active en Turquie, en Syrie et en Iran.
(8) En Belgique, le recours suspensif s'introduit auprès du Conseil du Contentieux des Etrangers (CCE). En France, il se serait agi de la Commission des Recours des Réfugiés et en Suisse, du Tribunal Administratif Fédéral.
(9) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une série de messages consacrés à l'immigration,
. des analyses sur la social-démocratie et l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel,
. la suite d'une série de messages consacrés à l'immigration,
. des analyses sur la social-démocratie et l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel,
ont d'ores et déjà été
abordés).
Belgique
RépondreSupprimerBonjour à tous,
Je vous présente Médor.
Médor, c'est quoi?
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Comment ?
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Ensuite,
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Ecrivez-nous sur medor@medor.coop.
Médor c’est qui?
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17/10 - Présentation de Médor à La Fabrique de Théâtre (Mons/Frameries) à 15h puis au Centre Polyculturel Résistances (Liège) dès 19h
20/10 - Présentation de Médor en réunion POC (Press Officers for Culture)
25/10 - Participation aux Etats généraux de la finance responsable
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https://www.facebook.com/medormag?ref=ts&fref=ts
medor@medor.coop
Belgique
RépondreSupprimerBonjour,
J'ai reçu le programme de la journée d’étude « Droits de l’homme : la dernière utopie ? » du 7 novembre 2014 qui se tiendra à l’Université Saint-Louis - Bruxelles.
Je cite: "Si la réflexion sur les droits de l’homme est longtemps restée l’apanage des juristes et des philosophes, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Depuis une vingtaine d’années, des chercheurs en sciences sociales et en histoire manifestent un intérêt croissant pour cette question. Comment ces disciplines se saisissent-elles de l’objet « droits de l’homme » ? Qu’apportent-elles à la compréhension des concepts et des pratiques qui y sont associés ? Deux thèmes seront au centre des discussions : les rapports entre droits de l’homme et politique, d’une part, entre droits de l’homme et mouvements sociaux, d’autre part.
La participation est gratuite mais l’inscription est obligatoire par courriel avant le 1er novembre 2014 auprès d’Aline Nicolas : aline.nicolas@usaintlouis.be. "
Au plaisir de vous y retrouver, n’hésitez pas à faire circuler l’information,
Cordialement,
Eric Watteau
Citoyen du monde