mercredi 19 novembre 2014

Migrants. Ce que leur disent les assistants sociaux...


Depuis le début
de notre périple
dans l'univers 
des migrants,
nous nous sommes 
essentiellement 
concentrés 
sur l'«asile».
Qui n'est
cependant
ni la seule voie 
ni même
la plus importante.
Le moment
est donc venu
d'élargir 
notre analyse.
Et de nous 
demander 
ce qui peut bien
être dit













La visiteuse: 
«Ils ont tous les mêmes problèmes?»
L'assistante sociale: 

«Bin, oui!»



«Et je vous souhaite une très bonne journée.»
Chargée de l'accueil au Service International de Recherche, d'Education et d'Action Sociale (Siréas, à Bruxelles), Amal vient d'attribuer un ticket numéroté à l'un de ses nombreux visiteurs. 
Qui s'empresse d'aller prendre place dans le hall central.
Avant d'être invité à accéder au premier étage.
Celui des assistants sociaux.
«A.S.» pour les intimes...


Parlez-vous l'A.S.? 

Les A.S.!
Des êtres un peu à part.
Toujours dans l'urgence, ils ont quelque chose du lapin d'Alice au Pays des Merveilles.
En plus ésotérique.
Car dans la bouche des Mélanie, Charles et autre Eugène (11), l'expression «en retard» fait place à des termes plus nébuleux...
Ici en Belgique, attendez-vous à passer du récurrent «C.G.R.A.» (1) (?) au non moins fameux «9 bis» (??) en passant par le tout aussi mystérieux «ofter» (???) dont, à force d'application assidue, vous finirez par comprendre qu'il renvoie en fait à un certain «9 ter» (????).
Le tout en français aussi bien que «in English», «in het Nederlands», «al ʿArabīya», «en Español»..., et plus si affinités.
Reste que, aux yeux ébahis du néophyte, le meilleur demeure encore à venir.
Car arrivera bientôt pour notre visiteur le moment de rentrer dans un bureau.
Dont la porte se refermera.
Laissant l'observateur extérieur face à cette question existentielle: que peut-il bien être dit dans l'antre confidentielle de l'A.S.?....


Salle de... «séjours»

On l'a vu: dans l'Union européenne, l'«asile» est largement réglementé par Bruxelles et la transposition de la législation communautaire au niveau national doit encore s'accommoder des diverses obligations internationales qui lient par ailleurs les Etats.
Il n'en va pas de même de la politique dite «de séjour» à l'égard des ressortissants non européens.
Qui, elle, dépend en grande partie des choix nationaux.
En l'occurrence, ce sont donc souvent avant tout les Etats qui décident d'ouvrir plus ou moins leur territoire à des ressortissants étrangers. (2)
Ce qu'ils font, dans la plupart des cas, sur base de l'une ou l'autre des quatre voies d'accès les plus fréquemment empruntées.
A savoir...
- le «regroupement familial» (3),
- la «régularisation (à des fins) humanitaire(s)»,
- la «migration pour études»,
- la «migration économique à des fins professionnelles».
L'«asile» et les autres formes de «protection internationale» n'apparaissant, eux, qu'au cinquième rang (4)...


«Asile» et «régularisation humanitaire»:
la «protection internationale»       

Outre l'«asile» (5), la «protection internationale» renvoie essentiellement à un autre statut: celui de la «régularisation humanitaire»... 

-> La  «régularisation humanitaire»

Ils sont nombreux, ceux qui, n'ayant pas été reconnus comme réfugiés, se retrouvent néanmoins confrontés à des circonstances telles que le retour «au pays» n'est pas envisageable. 
Ceux-là pourront éventuellement prétendre à l'une ou l'autre des deux formes de régularisation suivantes...

- Il y a d'une part la «régularisation pour circonstances exceptionnelles»
C'est le fameux «9 bis» évoqué plus haut.
Soit un article de la «loi du 15 décembre 1980 sur l’accès au territoire, le séjour, l’établissement et l’éloignement des étrangers» (ouf!). 
Qui renvoie à un concept flou.
Car nulle part, la notion de «circonstances exceptionnelles» n'est définie positivement. 
 «Aucun critère de fond n'est spécifié en la matière, déplore le juriste Renaud De Mot. 
Une première difficulté à laquelle s'en ajoute deux autres: 
. d'abord, aucun document n'est délivré au requérant pendant l'examen de la demande; 
. ensuite, aucun engagement n'est pris quant au délai à prévoir pour le traitement de celle-ci.»

- Il y a d'autre part la «régularisation médicale».
Bon sang, mais c'est bien sûr...
C'est de ce bon vieux «9 ter» qu'il est question.
Celui-là même qui instaure une procédure à part entière pour la personne souffrant d'une maladie telle qu'elle entraîne un risque réel...
. soit qu'il porte sur sa vie et sur son intégrité physique,
. soit qu'il renvoie à un traitement inhumain et dégradant.
Le tout s'inscrivant dans un contexte où l'intéressé n'est susceptible de recevoir un traitement adéquat ni dans son pays d'origine ni dans celui où il séjourne. (6)


«Regroupement familial»,  
«visa de travail»,  
et «visa d'étudiant»:
les «séjours»

L'«asile» et la «régularisation humanitaire»? 
Des droits qui, dans leurs différentes modalités, relèvent donc de la «protection internationale». 
Mais qui n'épuisent pas le panel des voies d'immigration possibles.
Passons rapidement, ici, sur le «visa court séjour» (dit aussi «Schengen» ou «touristique») qui limite l'autorisation de résider sur le territoire d'accueil à une période maximale de trois mois. 
Et embrayons directement sur les «visas long séjours».
Qui nous emmènent sur les terrains de la famille, du travail et des études...
 
-> Le «regroupement familial»

Voie légale d'accès la plus prisée, le «regroupement familial» vise à permettre la reconstitution ou la création d'une cellule conjugale ou familiale sur le territoire du pays d'accueil.
Les étrangers qui répondent aux conditions requises pour rejoindre un homologue (étranger non U.E.) détenteur d'un droit au séjour illimité y sont «admis de plein droit» (7).
Il leur suffit donc, en théorie, de démontrer qu'ils remplissent les critères voulus.

 -> Le «visa de travail»

Depuis la fin officielle de l'immigration de travail (8), il est devenu fort ardu d'immigrer pour raisons économiques.
Reste la possibilité d'obtenir un «visa long séjour» pour un tel motif.
Encore, pour ce faire, faut-il pouvoir produire un «permis de travail B». (9)
Auquel cas le visa sera délivré, sous condition et pour une durée limitée à celle du contrat de travail.

-> Le «visa d'étudiant»

L'étudiant étranger (10) peut-il, lui aussi, obtenir un visa pour venir étudier en Belgique?
Oui.
Mais il doit démontrer qu'il bénéficiera de moyens de subsistance durant son année scolaire (moyens personnels, soutien des parents...). 


Immigrare humanum est

On le constate: la matière est complexe.
D'autant que ce qui vient d'en être évoqué ne relève que du pâle survol.
Et que ce qui est vrai en Belgique ne l'est pas nécessairement en France ou dans un autre pays de l'Union européenne.
Encore moins en dehors des frontières de celle-ci.

Pour les Mélanie et consorts (11), une telle base de travail juridique est cependant indispensable. 
Car hors de cette substantifique moelle, il n'existe point de salut!
Même s'il ne s'agit que d'un outil.
Même si l'essentiel est ailleurs.
Même si l'humain se maintient plus que jamais au coeur des procédures d'immigration.


Christophe Engels,
avec Renaud De Mot et Dieudonné Diumishutsha (13)


(1) Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides.
(2) Ne sera traité dans ce message que le cas des ressortissants hors Union européenne.
(3) Précisions que cette voie d'accès est soumise à une directive européenne (2003/86).
(4) Rappelons que, pour la clarté du propos et contrairement à nos habitudes, c'est exceptionnellement le seul exemple de la Belgique qui retient ici notre attention.
(5)  L'asile accueille en fait deux sous-catégories: celle à laquelle on a fait référence par ailleurs et une autre, plus spécifique, désignée sous le nom de «protection subsidiaire». Cette dernière fait un peu office de point de fuite pour ceux qui, bien qu'ils ne puissent pas être considérés comme réfugiés, n'en courent pas moins un risque réel de se retrouver exposés à périls graves...
- peine de mort ou exécution;
- traitement cruels, inhumains ou dégradants;
- menaces sur la vie ou sur la personne, relevant d'une violence aveugle dans le cadre d'un conflit armé (interne ou international).
(6) On reviendra dans un projet message sur le sujet de la «régularisation médicale».
(7) A noter que les étrangers qui remplissent les conditions pour rejoindre un étranger titulaire d'un droit de séjour limité doivent, eux, solliciter une autorisation de séjour. 
(8) C'était en 1974.
(9) Ce permis de travail est octroyé, après examen, aux employés qui peuvent exercer une fonction «pour laquelle il ne se trouve aucun employé adéquat sur le marché du travail». On parle alors de «métiers en pénurie».
(10) Pour autant qu'il soit titulaire d'une inscription (ou d'une promesse d'inscription) dans un établissement supérieur et/ou reconnu par les pouvoirs publics. Il convient également, le cas échéant, d'avoir obtenu une certification d'équivalence des diplômes, ce qui est du ressort des Communautés fédérées.
(11) Pour autant que de besoin, précisons que le contenu de ce message relève de la responsabilité de son auteur et en rien ce celle des assistants sociaux ci-devant prénommés. 
(12) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une série de messages consacrés à l'immigration,
. des analyses sur la social-démocratie et l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés).
(13) Dieudonné Diumishutsha et Renaud De Mot sont tous deux juristes au Service International de Recherche, d'Education et d'Action Sociale (Siréas). Ils ont bien voulu relire, améliorer  et/ou corriger ce message. Qu'ils en soient cordialement remerciés.



2 commentaires:

  1. Belgique

    Maison du Peuple d’Europe

    Développer une identité européenne progressiste et démocratique



    Le 8 novembre nous avons organisé un séminaire ayant pour titre : « Traités TTIP/CETA : des valeurs démocratiques, des biens communs et des systèmes juridiques partageables ? Pour un autre « Traité Transcontinental ».



    Cette conférence a été organisée en trois séances plénières et deux ateliers de travail :



    La 1ère séance plénière concernait la réflexion théorique sur les valeurs démocratiques de notre vivre ensemble, sur la comparaison entre le système juridique européen et le système américain, et sur les différents fondements de l’Etat de droit EU/USA. Les analyses et points de vue proposés par Jean de Munck, Pierre Defraigne, Bruno Poncelet et Gerard Choplin ont été ensuite transformés, dans les ateliers de travail organisés ensuite, en messages et arguments de campagne d’information et de sensibilisation.



    La 2ème séance plénière concernait les points de vue des organisations de la société civile. Les analyses, opinions et points de vue de Ben Borges, Xavier Dupret, et de François Licoppe, qui parlait au nom de Filipe Van Keirsbilck, ont été ensuite transformés aussi en messages et arguments de campagne d’information et de sensibilisation.



    La 3ème séance plénière a été une présentation des arguments élaborés par les ateliers à Benoît Hellings (Ecolo), Gwenaëlle Grovonius (PS), Cedric du Monceau (cDH), et à Mathilde El Bakri (PTB). Les analyses, opinions et points de vue de ces députés ont été collectés et serviront pour compléter la réalisation de l’étape suivante.



    Actuellement, nous sommes en train de travailler les arguments de campagne, et les interventions des séances plénières, en slogans et arguments facilement accessibles à des citoyens lambda, selon une formule de type "Nous sommes contre ce traité qui veut..., parce que nous sommes pour ...". Donc, un contre et une proposition alternative. Ce nouveau travail est en train d’être effectué sur la base du compte-rendu du séminaire du 8/11, dont vous pourrez recevoir une version aboutie en début de semaine prochaine.



    Nous avons en plus contacté un artiste afin de préparer un tableau « huile sur toile » de 140x70 cm qui devrait représenter un iceberg, avec un bateau transatlantique se rapprochant, ayant le drapeau européen et un code à barre.

    ./...

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  2. ./...


    Nous sommes en train d’élaborer des formules brèves et, autant que possible, percutantes, à insérer dans le dessin iceberg (en haut, la partie immergée et apparente avec des sirènes ayant des messages attirants; en bas, la face cachée, avec ce qui se cache sous le TTIP).



    A' ce stade, nous envisagions de participer à un appel à projets afin de mobiliser les 4000€ proposés par la subvention pour :



    1) organiser un vote électronique sur les sujets et les arguments

    2) diffuser les sujets et les arguments par les medias associatifs, journaux, toutes boites, etc., afin d’inviter les personnes à signer l’initiative citoyenne auto-organisée, dont vous avez une copie ci-jointe

    3) diffuser le tableau avec l’iceberg partout où cela est possible, en organisant des tables pour la collecte de signatures sur papier, et cela afin de donner à cette campagne une image, et de lui conférer une identité

    4) organiser une conférence le mois de mai 2015 afin d’évaluer le travail effectué, sur le même modèle du séminaire du 8 novembre, et afin de développer d’autres arguments pour convaincre les indécis

    5) Relancer le processus d’élaboration des arguments en utilisant la même méthode de démocratie délibérative utilisée pour le séminaire du 8 novembre, et relancer une autre collecte de signatures.



    Afin de subventionner la campagne « stop TTIP » en Belgique, la MPE-HVE est en train de présenter donc une demande de subvention dans le cadre du programme « CitizensforEurope (cfe) ».



    Nous nous adressons à vous à ce state, afin de vous demander si vous avez des partenaires à nous proposer afin de créer des synergies capables de mieux faire fructifier les 4 000 € que nous pourrions obtenir par le bais de cette appel à projet.



    Nous sommes à votre disposition pour toute information complémentaire.



    Cordialement

    Pietro Emili
    Directeur
    Maison du Peuple d'Europe
    Tel. : 0(032)485 / 925 681
    pietro.emili@mpe-hve.be
    http://mpe-hve.behttp://mpe-hve.be

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