lundi 30 mai 2011

Post-capitalisme. Renouveler le progressisme.

Vive le progressisme,
clame Christian Arnsperger.
Mais un progressisme optimisé par le détour
d'une analyse existentielle.
Un progressisme renouvelé
dans la substantifique moelle
de son articulation
entre changement individuel et intérêt collectif.
Un progressisme... personnaliste?


L’avènement du post-capitalisme se conçoit-il sans un travail sur moi-même?
Non, estime Christian Arnsperger (1).
Car autant son émergence ne se déclinera pas exclusivement à la première personne du singulier autant il ne fera pas l’impasse sur un préalable introspectif.
«Les militants de la gauche classique se montrent souvent allergiques à l’idée selon laquelle, pour espérer changer le monde, il convient d’abord de se changer soi-même.
Cette idée leur paraît individualiste à l’extrême.
Ils montrent par là qu’ils restent eux-mêmes bloqués dans les axiomes et l’imaginaire capitalistes.
En effet, au sein de l’axiomatique capitaliste, le changement personnel est bel et bien individualiste.
Toutefois, à l’intérieur des axiomes libérés qui régiraient une économie post-capitaliste, le changement personnel lui-même serait, au contraire, ordonné au collectif sans pour autant s’y réduire.
Si nous parlons d’axiomes, c’est précisément parce qu’il est impossible, à ce niveau de réflexion, de séparer les modes d’existence individuels et les modes de coexistence collective.
»

L'existence... de la personne?

Cet axiome ne serait-il pas personnaliste?
Explicitement, non, puisque l’auteur n’utilise jamais ce mot, préférant se référer à l’«existentiel» d'un existentialisme pourtant moins fondamentalement ancré dans la relation.
Implicitement, cependant, la question mérite d’être posée.
La proximité d’approche, en tout cas, est manifeste.(2)(3)

(A suivre)

Christophe Engels (d’après Christian Arnsperger)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009 (dont nous nous inspirons ici). Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de plusieurs messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril, 4 mai, 7 mai, 10 mai, 14 mai, 18 mai, 24 mai et 27 mai 2011.
(2) Ce message s'inspire directement de Arnsperger Christian, Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009.

(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à d’autres notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

2 commentaires:

  1. Belgique

    Amnistie pour les collborateurs de la 2de guerre mondiale : pas du tout d'accord



    Une majorité au Sénat a donc approuvé la prise en considération d'une proposition de loi "effaçant, pour l'avenir, tous les effets des condamnations et sanctions infligées du chef d'actes d'incivisme prétendument commis entre le 10 mai 1940 et le 8 mai 1945 et instituant une commission chargée d'indemniser les victimes de la répression d'après-guerre ou de leurs descendants"



    Choquant ! Epoustouflant ! La collaboration a été un ensemble de faits particulièrement graves. Elle s'est inscrite volontairement dans la mouvance nazie et elle a conduit à ce qu'un nombre inouï de personnes soient victimes du nazisme. Faut-il rappeler les atrocités et les dizaines de millions de morts occasionnés par le fléau nazi qui a balayé la terre pendant de longues années de grande souffrance !



    La collaboration a été la participation volontaire à un mouvement nazi profondément liberticide, c.à.d. que les droits et libertés fondamentaux ont été mis profondément niés durant cette période.



    Les victimes du nazisme ont connu le déni du droit de vivre, subi des tortures, des peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants, l'esclavage et le travail forcé, des atteintes à leur liberté et à leur sûreté, l'injustice, des peines purement arbitraires, un déni de leur vive privée et familiale, des atteintes incommensurables à leur liberté de pensée, de conscience et de religion, la perte de leur liberté d'expression, la suppression de leur liberté de réunion et d'association, des discriminations épouvantables, des privations de propriété, la perte du droit d'élire ses représentants, la perte de la liberté de circulation, des expulsions collectives, etc.



    Et certains ont le culot outrancier de parler d'actes d'incivisme prétendument commis ! Alors que le déni de droits aussi importants représente un réel incivisme. Même si les actes d'incivisme ne sont pas du plus haut niveau de gravité, il faut considérer que les juges de l'époque d'après-guerre ont pris la mesure pour juger avec justesse et clémence. De nombreuses mesures de clémence ont aussi eu lieu après les condamnations. Les démocrates ont donc beaucoup donné pour pardonner aux inciviques. Que les inciviques se satisfassent donc de la clémence reçue !



    Mais malgré ces actes de clémence, des actes de collaboration demeurent à jamais impardonnables. On ne peut les oublier, parce que c'était des actes de la plus profonde barbarie. Ceux qui parlent d'oublier, de pardonner, devraient lire "la banalité du mal" de Hannah Arendt. Parler d'oublier rouvre les blessures et les déchirures des victimes de l'oppression nazie. Celles-ci, qui ont déjà tant de peine à vivre avec leur histoire meurtrie, pourquoi doivent-elles subir aujourd'hui l'affront d'une tentative de minimisation d'un mal planétaire des plus abjects ?

    ./...

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  2. ./...

    Faut-il ici rappeler que l'horreur nazie avait atteint un tel degré qu'après la guerre, des hommes et des femmes de sagesse ont pensé à quels instruments juridiques mettre en place pour que ces horreurs ne se représentent plus. D'où la déclaration universelle des droits de l'homme et notre convention européenne des droits de l'homme (CEDH). La lecture de cette dernière montre d'ailleurs que les droits et libertés garantis sont ceux qui ont été bafoués et foulés au pied par la mouvance nazie.



    J'évoquerai ici particulièrement l'article 17 CEDH: "Aucune des dispositions de la présente Convention ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits ou libertés reconnus dans la présente Convention ou à des limitations plus amples de ces droits et libertés que celles prévues à ladite Convention."



    La collaboration s'inscrit dans ce cadre de l'article 17 CEDH. Si la CEDH avait existé avant la deuxième guerre mondiale, la collaboration aurait été cette activité visant à la destruction des droits ou libertés reconnus dans la CEDH.



    Banaliser aujourd'hui la collaboration relèverait du négationnisme. J'attends des sénateurs qui ont accepté cette prise en considération de proposition de loi une remise en question de leur prise en considération. Et s'ils maintiennent leur idée de discuter cette proposition de loi, il faudra qu'ils étudient de manière approfondie la collaboration jusque dans ces développements les plus abjects. Je propose d'ailleurs que cela se fasse en passant par Breendonk et les autres lieux de mémoire: des descentes sur le terrain rafraîchiront les mémoires. Je crains par-dessus tout l'absence de mémoire. Rappelons aussi que des citoyens belges et étrangers ont souffert et/ou sont morts en nombre pour libérer la Belgique de la tutelle nazie et de leurs collaborateurs. Le devoir de mémoire, c'est aussi pour eux.





    Cordialement



    Eric Watteau
    (Belgique)

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