jeudi 24 janvier 2013

L'art du politique



Repérer 
avec justesse 
les 
spécificités 
d'une 
commu-
nauté 
de destin.
Voilà 
tout l'art 
du politique.
Celui, 
en tout cas, 
porté 
par le sociologue 
français
Michel 
Maffesoli (1).
Qui renvoie 
à Chateau-
briand.
Et à son idée 
d'«électricité 
sociale»...

Michel Maffesoli

C’est souchée sur l’arbre de la connaissance que le politique trouve sa dignité. 
À défaut il va s’achever en eau de boudin: la fameuse politique politicienne, objet de la risée ou du mépris général. 
C’est ainsi,  également, qu’il saura saisir «l’esprit-principe», «l’idée-force» (A. Fouillée) propre à chaque époque historique, et qui est l’agent souterrain donnant vie et mouvement.
Chateaubriand, à ce propos, rappelle que l’on ne peut étouffer cette «électricité sociale» qui meut le peuple. 
Ajoutant: 
«Il faut nous résoudre à vivre avec elle, comme vous vivez avec la machine à vapeur. 
Il faut apprendre à vous en servir.» (Mémoires, XXXI, 8).

Le lien du lieu

Il suffit de changer quelque mot, rajouter: Twitter, blog, réseaux sociaux, internet, etc. pour souligner l’actualité de cette «électricité» qui, tout en étant immatérielle, n’en est pas moins terriblement efficace. 
Car qu’est-ce que le politique sinon le fait, tout simplement, d’habiter avec d’autres en un lieu donné?
Un lieu faisant lien.

Communauté de destin 

Le lien, c’est une terre natale ayant un style spécifique, une odeur, un ciel où elle se reflète, en bref une biosphère à partir de laquelle peut croître un être-ensemble. 
En son temps, j’avais nommé cela l’enracinement dynamique.
Oxymore soulignant l’entrecroisement du temps et de l’espace. 
Ce à partir de quoi se constitue la communauté de destin. 
Encore faut-il, avec justesse, repérer les caractéristiques de cette communauté en un moment donné: c’est cela l’art du politique.
C’est en cela qu’il est en phase avec son époque et, donc, peut la représenter d’une manière tout à la fois pertinente et prospective.

(A suivre)

Michel Maffesoli 


(1) Membre de l’Institut universitaire de France et professeur à la Sorbonne, directeur du Centre d’études sur l’actuel et le quotidien (Paris-V), Michel Maffesoli est l’auteur, entre autres, de La Part du diable (Flammarion, 2002), du Réenchantement du monde (La Table ronde, 2007) et de Homo eroticus, des communions émotionnelles (CNRS Éditions, 2012).
(2) Ce message est extrait d'un document de 24 pages qui nous a été envoyé par  Michel Maffesoli sous l'intitulé L'Opéra-Bouffe du Politique. Nous le publions ici avec l'accord explicite de l'auteur et par parties. Avec, aussi, tous nos remerciements.  Et en précisant que les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction.
(3) Pour suivre (sous réserve d’éventuelles modifications de dernière minute) :
. «Politique. Fin de cycle.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Le bal des poltrons?» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Ah, là là! Que d'émotions...» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Le tout de l'existence.» (Michel Maffesoli), 
. «Politique. Les mots pour le dire.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Formes formantes ou formes formules.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Utopia lex, sed lex.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Enracinement dynamique.» (Michel Maffesoli),
. «Le politique sera populaire ou ne sera pas... Pessimisme de l'intelligence, optimisme de la volonté.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Le sens de l'ordinaire.» (Michel Maffesoli)... 



Innovation: une question de survie?
«Il y a innovation quand certains types de problèmes n'ont pas de solution dans les institutions existantes.  
Les acteurs doivent alors trouver des solutions innovatrices à leurs problèmes compte tenu de l'insuffisance institutionnelle.» 
Harrisson Denis et Klein Juan-Luis (Centre de recherche sur l'innovation sociale ou CRISES), L'innovation sociale:émergence et effets sur la transformation des sociétés, Presses de l'Université du Québec, Québec, 2004, p.8.

 

1 commentaire:

  1. «électricité sociale» qui meut le peuple

    ==> il n'y a qu'une façon honnête et authentique de prendre UNE mesure de cette électricité sociale : le passage dans l'isoloir où l'on exprime son courant d'idées dans le cadre de procédures référendaires.

    Le reste n'est que verbiage, récupération, instrumentalisation pure et simple. Le degré zéro de la réflexion. De la réaction, du sentiment, de l'émotion :) je sais c'est très tendance ... Votre illustration est à ce propos remarquable ! :)

    Nul doute qu'au début des années 30 il y avait beaucoup d'électricité sociale en Allemagne !

    Méfions nous des séductions de la facilité ... Même si pour cela il faut ramer à contre-courant ! Si on ne peut empêcher un navire de foncer sur l'écueil, doit-on pour cela se taire ??? Ce que vous décrivez-là est pire qu'une religion car cela a tous les attraits de la religion, opium du peuple, sans en avoir les contraintes (les commandements) ;)

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