dimanche 27 janvier 2013

Politique. Fin de cycle




Pour Michel Maffesoli (1)
notre époque marque une transfiguration du politique
Le rationnel cède le pas à l'émotionnel.
Le contrat de longue durée au pacte éphémère.
Et la démonstration à la vision commune.
Exit, donc, l'explication hautaine d'un savoir désincarné.
L'heure du changement a sonné.
Celui du feed back.
Qui confine à la séduction. 
Sinon à l'empathie...
 
Michel Maffesoli

Le problème du politique, c’est qu’un cycle est en train de s’achever. 
La «crise» dont on nous rebat les oreilles en est la manifestation achevée. 
Ce sur quoi reposait l’idéal démocratique moderne peut se résumer on ne peut plus simplement. 
C’est à partir d’une représentation philosophique que se légitimait une représentation politique. 
Ainsi tel homme politique exposait un programme rationnel, et c’est sur la validité de ce programme qu’il obtenait, après l’avoir convaincu, le suffrage de l’électeur. 
Seule la raison était, ainsi, sollicitée. 
Le fameux «Contrat social» la foulée de la philosophie des Lumières, ou encore «l’Idéal démocratique» se constituant tout au long du XIXème siècle étaient la cause et la conséquence de la représentation philosophico-politique de la modernité.

Du rationnel à l'émotionnel

Voilà ce qui est en train de changer. 
Une transfiguration du politique s’opère, à grande vitesse, sous nos yeux. 
Le rationnel cède le pas à l’émotionnel. 
Le contrat de longue durée se mue en pacte éphémère.
Dès lors, à l’encontre de ce à quoi il est habitué, à l’encontre de ce qui lui fut instillé dans les écoles dont c’était le fond de commerce («Sciences Po», ENA et autres grandes écoles d’obédience jacobine), le politique doit moins démontrer, ou expliquer un projet lointain que faire participer à une vision commune.

Effervescences

Les moyens de communication interactifs aidant, l’accent doit être mis sur la réversibilité, le «feed back», la participation, toutes choses privilégiant l’empathie, forme contemporaine de «l’électricité sociale» qui, pour le meilleur et pour le pire, met en branle les effervescences qui, dans tous les domaines, agitent le corps social. 
Viralité, contamination sont à l’ordre du jour. 
Dès lors est déphasé un politique mettant en œuvre un savoir extérieur, surplombant et quelque peu abstrait. 
C’est en retrouvant la maïeutique platonicienne, ou la démarche des traditions initiatiques, qu’il pourra et saura mettre à jour les travées profondes et immanentes, propres au vivre-ensemble contemporain. (2)(3)

(A suivre)

Michel Maffesoli


(1) Membre de l’Institut universitaire de France et professeur à la Sorbonne, directeur du Centre d’études sur l’actuel et le quotidien (Paris-V), Michel Maffesoli est l’auteur, entre autres, de La Part du diable (Flammarion, 2002), du Réenchantement du monde (La Table ronde, 2007) et de Homo eroticus, des communions émotionnelles (CNRS Éditions, 2012).
(2) Ce message est extrait d'un document de 24 pages qui nous a été envoyé par  Michel Maffesoli sous l'intitulé L'Opéra-Bouffe du Politique. Nous le publions ici avec l'accord explicite de l'auteur et par parties. Avec, aussi, tous nos remerciements. Et en précisant que les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction.
(3) Pour suivre (sous réserve d’éventuelles modifications de dernière minute) :
. «Politique. Le bal des poltrons?» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Ah, là là! Que d'émotions...» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Le tout de l'existence.» (Michel Maffesoli), 
. «Politique. Les mots pour le dire.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Formes formantes ou formes formules.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Utopia lex, sed lex.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Enracinement dynamique.» (Michel Maffesoli),
. «Le politique sera populaire ou ne sera pas... Pessimisme de l'intelligence, optimisme de la volonté.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Le sens de l'ordinaire.» (Michel Maffesoli)...



Changement émergent: refuser la récupération, oser la transformation
«Les turbulences du monde contemporain nous conduisent à explorer les phénomènes de changement émergent, ceux qui portent en eux un potentiel d’innovation, que ce soit sur le plan personnel, collectif ou social. (...)
Le changement qui jaillit d’une réflexion collective, et non celui dont on connaît déjà le résultat et qui, de ce fait, appelle une planification visant un but prédéterminé. (...)
Il ne s’agit pas de soumettre les idées qui surgissent de ces processus aux contraintes du système en place, mais bien de transformer le système.»
Mahy Isabelle et Carle Paul,
Théorie U. Changement émergent et innovation (Modèles, applications et critique), Presses de l'Université du Québec, Québec, 2012, p.280.


6 commentaires:

  1. Au cœur de l’Équateur, une grande firme tente de transformer la plus belle des forêts vierges en un champ de pétrole. Le peuple Kichwa (les Quechua d’Équateur) résiste avec bravoure et vient de nous appeler à l’aide pour sauver leur terre natale.

    Cette communauté a signé un texte pour s’engager à ne jamais vendre ses terres, où chassent les jaguars et où un seul hectare peut héberger une biodiversité plus importante que toute l’Amérique du Nord! Mais le gouvernement équatorien tente d’acheter leur silence pour ouvrir 4 millions d’hectares aux grandes compagnies pétrolières. Le président Correa est en ce moment-même en pleine bataille électorale et il mise sur son image de défenseur de l’environnement et des peuples indigènes. Si nous parvenons à faire comprendre au monde entier que son programme n’est pas si “vert” qu’il le prétend et à propulser la protection de l’Amazonie à la une du débat électoral équatorien, nous pouvons stopper net cette ruée vers l’or noir.

    Jusqu’ici, le peuple Kichwa tient bon avec courage mais les grandes firmes pétrolières peuvent arriver à tout moment pour démarrer les forages. Les Kichwa nous appellent à l’aide pour sauver leur Amazonie, notre Amazonie. Signez cette pétition et parlez-en à tous vos amis. Avec un million de signatures, nous pourrons attirer l’intérêt des journalistes du monde entier sur cette question et créer une déferlante médiatique qui forcera Rafael Correa à faire marche arrière:

    http://www.avaaz.org/fr/petrole_en_amazonie/?bSowrdb&v=21336

    Suite à la pollution des eaux équatoriennes par Texaco et d’autres grandes compagnies pétrolières et à la destruction de précieux écosystèmes, Rafael Correa avait été le premier dirigeant au monde à reconnaître les droits de «Mère Nature» dans la Constitution. Il avait même déclaré que «l’Équateur n’est pas à vendre» et promu une initiative novatrice dans le Parc national Yasuni, où la communauté internationale finance la non-exploitation des gisements pétroliers et ainsi la protection de la forêt vierge. Aujourd’hui, il est à deux doigts de retourner sa veste.

    Détail scandaleux: le territoire des Kichwa se situe en partie dans le Parc national Yasuni. Mais le projet de Rafael Correa est encore plus incroyable: dans quelques jours, des hauts fonctionnaires se rendront dans les grandes capitales mondiales pour proposer aux investisseurs étrangers d’extraire le pétrole sur 4 millions d’hectares de forêt (soit plus que la surface des Pays-Bas!). L’Équateur, comme tous les pays, a le droit d’exploiter ses ressources naturelles, mais même sa propre Constitution précise qu’il doit respecter les droits des peuples indigènes et de leur magnifique forêt, qui rapporte chaque année des millions de dollars à l’Équateur grâce au tourisme.

    Aujourd’hui Rafael Correa est pris dans une rude bataille pour sa réélection. C’est le moment parfait pour lui rappeler ses promesses en matière d’environnement et le contraindre à respecter sa Constitution verte. Signez maintenant pour soutenir les Kichwa et sauver leur forêt:

    http://www.avaaz.org/fr/petrole_en_amazonie/?bSowrdb&v=21336

    Année après année, les membres d’Avaaz se battent pour protéger l’Amazonie au Brésil et en Bolivie. En soutenant les communautés indigènes, nous leur avons fait gagner de nombreuses victoires. Aujourd’hui, ce sont les Équatoriens que nous épaulons. Répondez à notre appel urgent pour sauver leur forêt.

    Avec espoir et détermination,

    Alex, Pedro, Alice, Laura, Marie, Ricken, Taylor, Morgan et toute l’équipe d’Avaaz

    ./...

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  2. ./...

    Pour en savoir plus sur la résistance des Quechua d'Equateur contre une grande firme qui tente de transformer la plus belle des forêts vierges en un champ de pétrole (voir commentaire précédent):

    En Equateur, les indigènes refusent le pétrole (Novethic)
    http://www.novethic.fr/novethic/planete/economie/matieres_premieres/en_equateur_indigenes_refusent_petrole.jsp

    Reconnaître les droits de la Nature : un nouvel outil législatif pour les forêts tropicales d’Equateur (FNE)
    http://www.fne.asso.fr/fr/reconnaitre-les-droits-de-la-nature-un-nouvel-outil-legislatif-pour-les-forets-tropicales-d-equateur.html?cmp_id=37&news_id=12521

    En Equateur, la biodiversité à l’épreuve de la solidarité internationale (Le Monde diplomatique)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/06/BERNIER/47849

    Pétrole: menaces sur l'Amazonie (France info)
    http://www.franceinfo.fr/monde/petrole-menaces-sur-l-amazonie-752039-2012-09-28

    Equateur : les indigènes font plier Texaco (La Vie)
    http://www.lavie.fr/hebdo/2011/3417/equateur-les-indigenes-font-plier-texaco-23-02-2011-14284_202.php

    Equateur, le Parc Yasuni : l'ultimatum écologique (Le Monde)
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/12/22/equateur-le-parc-yasuni-l-ultimatum-ecologique_1456129_3232.html

    How oil extraction impacts the rainforest (Amazon Watch, en anglais)
    http://amazonwatch.org/news/2013/0107-oil-extraction-how-oil-production-impacts-the-rainforest

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  3. Monsieur le Président de la Commission européenne,

    Je vois avec inquiétude pour la santé l'annonce faite par le journal le Soir du 25 janvier 2013 (page 28) que des chercheurs européens vont travailler à nouveau en laboratoire sur une mutation de virus de la grippe aviaire.

    En tant que citoyen, je suis formellement opposé à cette approche de scientifiques qui pervertissent la science pour produire des organismes pathogènes hyper dangereux.

    Je vous demande d'agir au niveau européen pour faire arrêter rapidement ce type de travaux. C'est une question de santé publique. C'est du droit à la santé des citoyens qu'il est question ici.

    En vous remerciant



    Bien cordialement

    Eric Watteau

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  4. The jury award goes to @GoldmanSachs for having pawned the future of the Greek people.

    pic.twitter.com/EdMlgsnB

    Kumi Naidoo
    (Twet: @kuminaidoo)

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  5. Vous avez dit handicap ? Après les 4e Journées internationales d'éthique du Centre Européen d'Enseignement et de Recherche en Ethique (CEERE) de l'université de Starsbourg sur les questions éthiques autour du vieillissement, il n’est pas trop d’un colloque international et interdisciplinaire pour évoquer les très nombreuses questions autour du handicap… Car il n’y a pas que le vieillissement à produire du handicap. Parfois on naît avec, parfois c’est un accident de la vie ou une évolution pathologique, ou même un aléa du progrès médical… Mais « avoir » un (ou plusieurs) handicap(s) est-ce pour autant « être » handicapé(e) ? Que ce signifie être « autre » quand nous sommes tous… différents ? Ne suffirait-il pas parfois « d'accompagner » pour redonner à l’autre ses pleines capacités ? L’accessibilité, l’inclusion ou l’intégration scolaire et sociale, l’insertion professionnelle, la vie culturelle et associative, les perspectives thérapeutiques et les supports technologiques… vont dans le bon sens. Mais tout cela n’est-il pas aussi la conséquence d’un long combat – qui n’est pas terminé, loin s’en faut ! – au nom de l’éthique ? Être porteur de ce que l'on considère être un handicap, c'est toujours devoir accepter l'inacceptable pour apprendre à vivre comme sujet avec son corps et la réalité.


    Professeure Marie-Jo THIEL


    Pour plus d'informations sur le programme des 5e Journées internationales d'éthique de Strasbourg:
    http://www.ethique-jie.unistra.fr/index.php?id=12394&no_cache=1

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  6. Merci pour cette mention, Monsieur Engels,
    Elle nous fait plaisir, surtout associée à Michel Maffesoli. Nous suivrons ses contributions avec grand intérêt.
    Au plaisir de vous lire.
    Très cordialement.

    Isabelle Mahy Ph.D.
    Professeure
    Membre régulier du CRISES - Centre de recherche sur les innovations sociales
    Département de communication sociale et publique
    Université du Québec à Montréal
    (514) 987-3000 # 5070
    http://www.isabellemahy.org/
    Nouvelle publication http://www.puq.ca/catalogue/livres/theorie-changement-emergent-innovation-1200.html

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