mardi 19 février 2013

Actu. Trois ans plus tard...


Le Grand Soir n'est plus ce qu'il était.
Une myriade de défis beaucoup plus modestes 
ont donc pris le relai.
Dont celui-ci.
Qui fête désormais son jour A + trois.
Trois comme trois ans.
Trois ans d'existence pour ce Projet relationnel.
Trois ans à balayer le vaste champ 
des courants de pensée et modes de vie émergents.
Trois ans à relayer le message
de ceux qui s'efforcent d'apporter leur pierre 
à l'édifice d'un autre avenir.
Sans cynisme.
Sans naïveté. 
Et toujours sans le moindre soutien financier.

Trois ans.
Près de 350 messages. 
Une flopées de contributeurs (1).
Des sources d'inspiration en tous genres (2).
Et un nombre de visiteurs qui, mine de rien, ne cesse d’augmenter.
Projet relationnel persiste et signe.
Continuant vaillamment à scruter l'actuel foisonnement de ces courants de pensée et modes de vie émergents qui paraissent «préparer l'après-crise en cherchant brillamment et positivement à déborder le double carcan de notre "me now society": son individualisme consumériste et son matérialisme acquisitif» (3).

Caricaturer n'est pas jouer

Les Shadoks pompaient.
Projet relationnel, lui, observe.
Et s'essaye à expliquer. 
Une double étape dont il fait l'opportun, sinon le nécessaire, complément à tout passage à l'action.
Faute de quoi, un risque existe: celui de s'en tenir à la dénonciation de boucs-émissaires.
«On cherche des manipulateurs, explique le politologue français Erik Neveu. 
Hier la main de Moscou, aujourd'hui la barbe des islamistes.
La paresse analytique prend la forme du rangement forcé de l'événement dans des tiroirs familiers: celui du "corporatisme" quand le conflit se passe dans une entreprise, du "populisme" pour les protestations des laissés-pour-compte des modernisations contemporaines. 
Le simplisme des classements rejoint un autre raccourci analytique: celui qui vise à juger avant de comprendre. 
Trop de discours, même savants, sur les mobilisations visent à déconsidérer ou célébrer leurs objets, à jouer aux prophètes du changement social.» (4)

Mouvements sociaux: kézako?

Les courants de pensée et modes de vie émergents?
Un phénomène que, jusqu'à nouvel ordre, nous nous contenterons de ramener à celui des «mouvements sociaux» (4).
Soit des actions collectives qui répondent à deux critères...
. D'abord, elles s'appuient sur un projet explicite de mobilisation.
. Ensuite, elles se développent dans une logique de revendication...
S'agit-il de résister au changement ou, au contraire, de le convoquer?
De s'en tenir à des enjeux très limités ou de faire la révolution?
De rencontrer des problématiques très  localisées ou de viser à l'universel?
De se focaliser sur l'acronyme NIMBY (Never In My Back Yard) (5) ou de porter des revendications plus désintéressées?
De faire appel ou non à une quelconque autorité politique? 
De recourir à l'une ou l'autre forme protestataire (manifestation, réunion publique, happening, campagne de presse, lobbying, assemblées générales, programmes, slogans, symboles..)?
De se confronter de plus ou moins près à la question de l'organisation (statuts écrits, fichier des adhérents, nombre d'échelons hiérarchiques...)?
Peu importe, donc, pourvu que les formes d'action collective soient concertées et mises au service d'une «cause».

Entre science appliquée et sens pratique

Tel est, en effet, le plus petit commun dénominateur des mouvements sociaux.
Ceux-là même qui constituent l'arme d'un groupe défavorisé par le rapport de forces du moment. 
Ceux-là même qui, dans la foulée, tendent à susciter des discours hybrides entre science et prise de parti. 
Ceux-là même qui requièrent donc de la part de l'observateur l'exercice d'une double vigilance critique: 
. questionnement des discours savants d'une part, avec leur charge normative ou leurs engagements mal maîtrisés;
. identification de la présence d'intuitions fécondes dans des approches explicitement militantes d'autre part, les activistes faisant souvent preuve d'un sens pratique qui peut être riche d'intelligence du social.
«L'action militante ne peut jamais être une forme de travaux pratiques d'une théorie savante pure, écrit Neveu.
Elle simplifie pour vulgariser et transformer l'analyse en slogan. 
Elle vise l'efficacité, la conquête du pouvoir avant celle du savoir, et comporte de ce fait des poins aveugles. 
Le marxisme en donne l'illustration. 
En faisant des mouvements sociaux l'expression obligée de rapports de classes, définis par un mode de production, il peine à rendre compte de mobilisations structurées par d'autres références identitaires (nationalisme, mouvement de femmes).» (6)

Rigueur conviviale

Observer, donc, avec quelqu'enthousiasme parfois.
Mais non sans expliquer, avec un certain recul toujours.
Tel est l'objectif que s'est fixé ce Projet relationnel.
Dont le parti-pris est moins celui de la militance que celui de l'engagement. 
Un engagement en faveur d'une société (à tout le moins) dépoussiérée de ses outrances individualistes et matérialistes.
Un engagement aussi vigilant que critique. 
Mais également un engagement constructif.
Et, autant que possible, convivial.
Voire même humoristique. (7)

Christophe Engels
engels_chr@yahoo.fr

(1) . Christian Arnsperger,
. Robert Hendrick, 
. Thierry Verhelst,
. Immanuel Wallerstein,
. Isabelle Cassiers,
. Géraldine Thiry,
. Philippe Van Parijs,
. Yannick Vanderborght, 

. Corinne Gendron,
. Bernard Bayot,
. Marc Luyckx Ghisi,
. Denis Duclos, 
. Jérôme Blanc, 
. Cyrille Ferraton, 
. Laurent de Briey, 
. Jacques Lecomte, 
. Philippe Corcuff, 
. Gilbert Boss,  
. Vincent Triest,
. Jean-Marc Priels, 
.  Marcel Bolle de Bal,
. Olivier Gosselain,
. Eric Watteau, 
. Idris de Vos,
. Desmond Tutu,
. Michel Maffesoli...
(2) . Emeline de Bouver,
. Pierre Rabhi,
. Muhammad Yunus, 
 . Sybille Mertens, 
. Tim Jackson ,
. Michel Pébereau,
. Benoît Frydman,
. Charly Poppe, 
. Aurélie Carimentrand, 
. Jérôme Ballet , 
. Cédric Deprez, 
. Jean-Marie Baland 
. René Raymond, 
. Eric de Keuleneer, 
. Gilles Dostaeler, 
. Vanessa Nurock, 
. André Comte-Sponville, 
. Alain Renaut, 
. Mihaly Csikszentmihalyi, 
. Thierry Janssen,
. Carl Rogers, 
. Max Pagès, 
. André de Peretti,
. Marshall Rosenberg,
. Edgar Morin,
. Patrick Daré,
. Cynthia Fleury, 
. Emmanuel Poilane,
. Patrick Viveret,
. Pierre Zarko,
. Maurice Décaillot,
. Anne-Sophie Novel, 
. Stéphane Riot... 
(3) Voir, en colonne de gauche,  la rubrique «Je me présente».
(4) Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2005-2011, p.4.
(5) Jamais dans mon jardin.
(6) Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2005-2011, pp.36-37. 
(7) Pour suivre (sous réserve d’éventuelles modifications de dernière minute) : 
. «Actu. Anvers et contre tous.» (Oscar Flores, Agnieszka Whodini Pietrak, Coordination Crer et Hind Asimah),
. «Politique. Enracinement dynamique.» (Michel Maffesoli),
. «Le politique sera populaire ou ne sera pas... Pessimisme de l'intelligence, optimisme de la volonté.» (Michel Maffesoli),
. «Politique. Le sens de l'ordinaire.» (Michel Maffesoli)...

2 commentaires:

  1. Je m’appelle Laila et je suis journaliste. J’ai écrit un article sur une jeune femme victime d’un viol collectif perpétré par les forces de l’ordre en Somalie. J’espérais que le courage dont elle a fait preuve en racontant son histoire attirerait l’attention sur la véritable épidémie de viols qui mine le pays. J’avais tort. Les pouvoirs publics ont utilisé mon article pour jeter en prison une femme violée et un autre journaliste. Leur crime? «Insulte aux institutions de l’État».

    Subir un viol est abominable, mais quand les seules autorités vers lesquelles vous pouvez vous tourner sont vos agresseurs, le sentiment d’impuissance peut être dévastateur. Mais ensemble, nous pouvons redonner espoir aux femmes violées. C’est pour cela que j’ai lancé cette pétition sur le site d’Avaaz. La Somalie est très dépendante de l’aide financière d’autres pays; la communauté internationale peut donc faire pression pour que la Somalie cesse d’enterrer ces affaires et mette en place de véritables réformes pour stopper l’épidémie de viols perpétrés par les forces de l’ordre.

    Notre appel peut marcher, mais nous devons être nombreux. L’envoyée spéciale de l’ONU Zainab Bangura nous a promis d’aller remettre notre pétition aux pays donateurs et au Président somalien. Aidez-nous en signant la pétition et en envoyant cet e-mail à vos amis. Montrons aux Somaliennes qu’elles ne sont pas seules et que personne n’a le droit de les violer:

    http://www.avaaz.org/fr/petition/Somalia_No_Authority_to_Rape/?bSowrdb&v=22211

    La jeune femme emprisonnée avait été accusée par des hauts fonctionnaires d’avoir inventé de toutes pièces l’histoire de son viol, avant même d’avoir pu bénéficier d’un procès. Au tribunal, le juge a refusé d’entendre les témoins ou d’accepter les rapports médicaux prouvant le crime. Cette jeune femme n’est pas seule: j’ai interviewé trop de femmes qui vivent avec la peur au ventre, la peur d’être violée ou blessée par balle par ceux qui devraient les protéger.

    Mais il y a de l’espoir, plus que jamais. En à peine 18 mois, la Somalie a adopté une nouvelle constitution, élu un nouveau président et gagné la guerre contre les extrémistes. Le président Hassan Cheikh Mohamoud peut agir pour protéger les Somaliennes des forces de l’ordre si, ensemble, nous lui donnons une raison de réprimer ces exactions d’État.

    Cette victime de viol et Abdiaziz Abdinur, le journaliste qui lui a parlé, peuvent être condamnés à un an de prison. Les États donateurs détiennent la clé du changement. Signez maintenant et envoyez cet e-mail à vos proches pour créer une mobilisation qui changera la Somalie pour toujours.

    http://www.avaaz.org/fr/petition/Somalia_No_Authority_to_Rape/?bSowrdb&v=22211

    Les membres d’Avaaz se sont déjà battus avec courage pour mettre fin à la guerre contre les femmes qui touche le monde entier. Le mois dernier, plus d’un million d’entre nous a signé une pétition pour appeler à la justice et au changement après la mort tragique d’une étudiante violée à Delhi. Nous avons reçu des signes très encourageants de la part de ministres, qui écoutent nos voix. Aujourd’hui, nous pouvons utiliser notre pouvoir citoyen pour changer la donne en Somalie.

    Avec espoir et détermination,

    Laila Ali et toute l’équipe d’Avaaz

    *Laila est une journaliste anglo-somalienne basée à Nairobi.

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  2. Félicitations, cher Christophe, pour l'avoir fait et pour la poursuite du projet.

    Je continue de consulter régulièrement et demeure très intéressé par les mouvements de pensées qui s'exposent là dans une forme qui m'est accessible.

    Plein succès dans tes activités.

    Philippe SOURDEAU

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