vendredi 11 juillet 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (41) Mutants spi. Touche pas à ma spiritualité !


 










Une spiritualité laïque existe bien.
Nous sommes, en tout cas, 
une majorité à le penser.
Un constat dont on peut se demander 
s’il témoigne d’avantage 
de la sémantique de plus en plus débridée d’un concept 
ou d’un rapprochement entre athées et croyants…


Ils sont de moins en moins nombreux, ceux qui se soucient encore de Dieu au quotidien. 
Ils le sont de plus en plus, ceux qui ressentent un vide spirituel que ni la science ni l’État ni les institutions ne sont en mesure de combler.
La régression, chez nous, des religions traditionnelles n’a donc absolument pas débouché sur un déclin des besoins spirituels. 
Ces derniers, au contraire, sont plus présents que jamais. 
Tout juste ont-ils changé de forme en subissant un double phénomène d’émancipation et d’individualisation.
Conséquence: le principal modèle de l’homme religieux n’est plus le «pratiquant». 
Place, dorénavant, à un «chercheur spirituel» appelé à chercher seul la réponse à ses questions existentielles.
 
L’heure du renouveau a sonné 

En matière de spiritualité, l’heure du renouveau a donc sonné. 
Et, du coup, une question se pose avec de plus en plus d’insistance: de quoi parlons-nous, dorénavant, quand nous recourons à ce terme? 
Les résultats des enquêtes d’opinion révèlent l’urgence d’une mise au point en la matière.
Le mot renvoie-t-il désormais à un ensemble de valeurs morales, à l’amour, à la vie intérieure, à la beauté de la nature, au mystère de l’existence…? (1)
Fait-il référence à une démarche destinée à appréhender le monde non matériel, à un questionnement sur le sens de la vie, à une réflexion sur soi (projets, objectifs, attitude face à la vie), à une forme de compréhension du monde en général, à l’éthique ou à la morale…? (2)
Autant de réponses qui, à tout le moins, manquent singulièrement de précision…

Mot valise

Ainsi, deux constats majeurs s’imposent. 
D’une part, on (re)parle de plus en plus de spiritualité. 
Mais, d’autre part, cette notion s’est faite de plus en plus vaporeuse. 
Tout se passe comme si sa récente notoriété avait été obtenue au prix d’une vertigineuse évanescence. 
D’où l’urgence de s’entendre, d’abord et avant tout, sur une définition. 
Un objectif difficile quand on sait à quel point la signification même du mot divise les intellectuels. 
Voyez, par exemple, Luc Ferry et André Comte-Sponville. 
Pour le premier, il s’agit d’une «aspiration au sacré [qui] se redéploie à partir de l’homme lui-même et du mystère de la liberté». 
Pour le second, une spiritualité ne se conçoit pas sans référence à Dieu. (3)(4)(5)
 

(A suivre)

Christophe Engels


(1) Sondage par téléphone réalisé en France par BVA auprès de 1005 personnes et publié par le magazine Psychologies (1999).
(2) Enquête portant sur «La spiritualité en milieu étudiant», réalisée en Belgique par la société Sonecom pour le compte de l’Université Catholique de Louvain (UCL), sous la direction de Luc Albarello, 2001.
(3) Comte-Sponville André et Ferry Luc, La Sagesse des Modernes, collection Pocket, Robert Laffont, Paris, 1998, p. 721 à 723.

(4) Ce message est extrait de Engels Christophe, Touche pas à ma spiritualité!, Perso/Regards personnalistes, n°15, mai 2008, pp.4-9.
(5) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents,
. des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés) et l'immigration. 



1 commentaire:

  1. L’Etat et le citoyen

    La loi sur l’ESS est sur le point d’être votée. Elle a fait l’objet d’une vraie concertation entre l’ensemble des acteurs de l’ESS et les pouvoirs publics, sous l’autorité de Benoit Hamon ; le LABO de l’ESS y a pris une large part. Cette loi est un grand pas en avant. Elle définit les principes et les valeurs de l’ESS; elle marque sa place dans l’économie, son rôle dans le développement des territoires; elle reconnaît sans exclusive tous ceux qui se réclament explicitement de sa finalité sociale et de son fonctionnement démocratique.

    Pour autant, la loi ne suffit pas si elle est fermée sur elle-même. L’ESS reste encore sans référence précise dans les grandes orientations des politiques publiques : des lois budgétaires, sur la transition énergétique, sur les compétences des collectivités décentralisées, ou plus généralement sur le "Pacte de Responsabilité et pacte social". Que l’ESS soit ainsi marginalisée au moment où le système économique est atone face aux effets destructeurs de la crise, que les autorités publiques se saisissent mal des alternatives proposées, cela montre que les citoyens ont encore beaucoup à peser contre une évolution qui est à maints égards, désastreuse, mais pas irrésistible.

    La France a connu, pendant la dernière guerre, dans des moments plus difficiles, une résistance faible au départ puis victorieuse. Cette résistance se manifeste aujourd’hui par une multitude d’initiatives. Ces forces d’ordre civique irriguent la société dans son fonctionnement social, économique et politique. Les deux exemples mis en avant dans notre focus «ESS et dynamiques territoriales» montrent aussi la dynamique des acteurs publics territoriaux pour innover et accompagner ces dynamiques. La tribune de Pierre Calame marque le rôle des PTCE dans la construction du capital immatériel des territoires et nourrit la réflexion tant sur les territoires que sur l’ESS. En moins de 10 ans, les mots de "responsabilité sociale", "d’innovation sociale", de "circuits courts", "d’économie circulaire", "collaborative" sont entrés dans le langage commun et médiatique, sinon dans celui de la macro-économie.

    Le Labo de l’ESS s’inscrit comme un passeur, un rassembleur et un aiguilleur utile pour mobiliser ces forces. Et Hugues Sibille est lui-même un formidable passeur, rassembleur, aiguilleur ; son parcours, ses convictions, son énergie, le mène naturellement à la présidence du LABO de l’ESS, accepté unanimement par notre Conseil d’Administration et notre Assemblée Générale.

    Hugues prendra cette responsabilité au mois d’octobre prochain et je me réjouis de poursuivre mon investissement au sein du LABO de l’ESS au titre de Président d’honneur.

    Claude Alphandéry
    Président du LABO de l’ESS

    http://www.lelabo-ess.org/?L-Etat-et-le-citoyen

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