jeudi 11 août 2011

Interlude.

Une défaillance technique de Blogger empêche provisoirement la publication de toute nouvelle illustration, sous peine de rendre la totalité des messages de ce blog illisible aux mieux équipés d'entre vous.
D'où le léger apauvrissement (forcé) du "feuilleton" Projet relationnel.
Retour à l'image dès que possible.
Avec toutes nos excuses.

lundi 8 août 2011

Actu. Vive le FIESS libre !


Membres actifs de la grande famile
de l'Economie Sociale et Solidaire,
à vos agendas!
Car un Forum International
se tiendra bientôt à votre intention.
Histoire de vous permettre d'échanger librement.
Rendez-vous en octobre, à Montréal...


Le Forum International de l'Economie Sociale et Solidaire (FIESS) se veut avant tout un lieu de rencontre de personnes et d’idées.
Toutes les activités auxquelles prendront part les participants seront conduites selon une approche participative et interactive.
A l’instar des méthodes qu’il cherche à promouvoir, cet événement s'abreuvera donc à la source d'un esprit de co-construction et de dialogue.

Acteurs, partenariats, expériences:
vers un développement des échanges
Les objectifs du FIESS?
D'abord, il s'agira de réunir les principaux acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (1) (ESS) de divers pays du Nord et du Sud ainsi que leurs partenaires au sein des instances gouvernementales, du mouvement syndical, des organismes de recherche et des institutions internationales.
Puis, on cherchera à contribuer au renforcement des partenariats entre la société civile et les pouvoirs publics en faveur de l’ESS dans les divers pays participants.
Ensuite, on s'efforcera de mettre en valeur les expériences réussies de partenariat, notamment dans l’élaboration des politiques publiques.
Enfin, on tentera d'apporter sa pierre à l'édifice d'un développement des échanges internationaux et interrégionaux sur le thème de l’ESS.

Gros plan sur l'Economie Sociale et Solidaire

Première thématique du FIESS: l’ESS.
Soit un secteur économique qui n’appartient ni à l’économie publique, ni à l’économie privée.
Et qui combine la production de biens et de services visant à l’intérêt général avec des structures indépendantes de l’État et un mode d’entreprenariat collectif.
Ce faisant, il est amené à collaborer avec diverses instances gouvernementales.
Autrement dit, l’ESS regroupe l’ensemble des organisations à but non lucratif, coopératives, mutuelles et associations.
L’action de ces entreprises est fondée sur des valeurs de solidarité et de démocratie contribuant à la fois au bien-être social et à la croissance économique et s’ordonne autour des principes et règles de fonctionnement suivants:
. l’entreprise d’ESS a pour finalité de servir ses membres ou la collectivité plutôt que de simplement engendrer des profits et viser le rendement financier;
. elle a une autonomie de gestion par rapport à l’État;
. elle intègre dans ses statuts et ses façons de faire un processus de décision démocratique impliquant usagères et usagers, travailleuses et travailleurs;
. elle défend la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition de ses surplus et revenus;
. elle fonde ses activités sur les principes de la participation, de la prise en charge et de la responsabilité individuelle et collective.

Dialogue, partenariat et co-construction

La deuxième thématique abordée par le FIESS sera triple.
Au programme:
. le dialogue entre société civile et pouvoirs publics,
. le partenariat public-communauté (PPC),
. la co-construction des politiques publiques.
Parmi les nombreux défis auxquels cette nouvelle économie doit faire face, le problème du manque de collaboration entre les secteurs public et civil a pris de plus en plus de place au sein des débats internationaux entre praticiens, chercheurs et autres acteurs du domaine.
Il est aujourd’hui reconnu que, sans un renforcement des partenariats entre les acteurs de l’ESS, les mouvements de la société civile et les pouvoirs publics, l’ESS ne pourra pas développer pleinement son potentiel.
C’est de ce constat qu’est née l’idée de cette rencontre internationale qui aura pour thème principal: le nécessaire dialogue État–société civile pour l’élaboration de politiques publiques en faveur de l’ESS.
Les pratiques de co-construction sont depuis longtemps reconnues dans de nombreux domaines.
Plus récemment, elles ont fait leur apparition au sein des discussions sur la nouvelle gouvernance, de concert avec les notions de dialogue sur les politiques et de communauté de pratique.
L’un des grands enjeux de ce forum sera donc d’introduire et de discuter des méthodes et pratiques facilitant cette co-construction des politiques publiques.

Cinq thèmes de travail spécifiques
Les discussions et débats du forum seront alimentés par des travaux de recherche réalisés en prévision de l’événement.
Ces travaux consisteront en une étude comparative des politiques et expériences de partenariat public/communauté qui ont su favoriser l’émergence d’entreprises d’économie sociale et solidaire contribuant à l’atteinte d’objectifs de développement économique et social.
Plus spécifiquement, ils aboutiront à la production de cinq documents de travail sur cinq thèmes spécifiques, à une recherche transversale, ainsi qu’à la réalisation de six études de cas nationaux (Afrique du Sud, Bolivie, Brésil, Canada, Espagne et Mali).

. Territoire et développement local
L’économie sociale et solidaire est avant tout issue des actions collectives locales.
Parmi elles, les expériences les plus réussies ont un ancrage territorial.
Ce thème sera au cœur du Forum.
Par ailleurs, c’est à l’intérieur de ce thème que sera abordé de façon plus précise le rôle des pouvoirs publics et des acteurs locaux.
. Innovation et entrepreneuriat collectif
L’économie sociale et solidaire se caractérise par une nouvelle manière d’entreprendre dans tous les secteurs, par une approche collective qui rassemble des engagements sociaux, économiques et environnementaux.
Au coeur de cet entreprenariat collectif se trouve l’innovation: nouvelles formes juridiques, nouveaux partenariats développés, nouvelles façons de répondre à des besoins, nouveaux modes de production impliquant davantage les travailleurs et travailleuses...
Ces innovations se retrouvent dans le développement d’un ensemble de secteurs (logement, tourisme, etc.) et sont bien souvent reprises par la suite sous forme de politiques publiques qui leur assurent une plus grande stabilité.
. Finance et commerce solidaires
L’accès à du capital adapté aux réalités de l’économie sociale et solidaire demeure un enjeu de taille pour tous les pays.
La question se décline par ailleurs sous différents aspects: accès au capital, soutien à l’émergence des entreprises, commercialisation, accès au marché, etc.
Au cœur de ce thème se trouvent les liens entre l’économie sociale et solidaire et les marchés locaux, les marchés publics, la consommation responsable et solidaire.
. Emploi et travail
Partout où elle se développe, l’économie sociale et solidaire répond à un besoin de création d’emplois.
Elle ouvre aussi sur des pratiques de démocratisation dans la gestion du travail. Dans les pays du Sud, les processus de formalisation de l’économie populaire menant à la création d’emplois décents passent de plus en plus par cette voie.
Par ailleurs, dans plusieurs pays, le mouvement syndical joue un rôle actif dans le développement de l’économie sociale et solidaire.
Ainsi, le rôle des syndicats dans l’appui à la création d’entreprises et dans le développement local et régional doit être analysé plus attentivement.
. Sécurité et souveraineté alimentaire
La question de la sécurité et de la souveraineté alimentaire se pose de façon fort différente dans les pays occidentaux et dans les pays du Sud.
Plusieurs pays en développement élaborent et adoptent des politiques de sécurité alimentaire grâce à un dialogue avec des organisations de la société civile.
Dans ce contexte, ce thème souhaite aborder l’émergence d’entreprises d’économie sociale et solidaire de production et de transformation de produits agroalimentaires et plus largement, la contribution de l’économie sociale et solidaire à la sécurité et à la souveraineté alimentaire.

En bref...
Quoi?
Forum International de l'Economie Sociale et Solidaire (FIESS).
Qui?
Le chantier de l'économie sociale (www.chantier.qc.ca), avec divers partenaires www.fiess2011.org/partenaires).
Quand?
Du 17 au 20 octobre 2011.
Où?
Palais des Congrès de Montréal,
201 avenue Viger Ouest,
5e étage,
Foyer Viger,
Montréal.

vendredi 5 août 2011

Faut-il avoir peur du libéralisme ?

Faut-il tuer le libéralisme?
Le dépasser?
Ou simplement l'aménager?
Tout au long de son histoire,
ce courant
de pensée
n'a en tout cas
jamais cessé
de se transformer.
Et il n'a pas fini
d'évoluer
avec son temps.
Reste que
les critiques pleuvent.
Et qu'elles
ne sont pas
toujours
sans fondement...

«Si le libéralisme est progressivement devenu la conception dominante en philosophie politique, c’est essentiellement grâce à la capacité d’autotransformation dont il a fait preuve afin de s’affranchir des objections qui lui étaient adressées par les traditions philosophiques concurrentes.» (1)
Ainsi s'exprime Laurent De Briey (2).
Qui ajoute...
«Il ne va toutefois pas de soi que ces stratégies d’autotransformation soient pleinement satisfaisantes.» (1)
Les républicains, en effet, continuent à estimer qu’autant le libéralisme est parvenu à penser l’équilibre des contraires, autant il n’a jamais réussi à en faire la synthèse.
Les socialistes se demandent toujours aussi légitimement si leur grand rival est réellement appelé à venir à bout du lancinant problème que constitue la concentration des ressources matérielles dans les mains d’une minorité.
Quant aux communautariens, ils pointent encore du doigt, et non sans raisons, la fragmentation d’une société qui se réduit de plus en plus à la simple juxtaposition d’individus et de ghettos culturels, au détriment de toutes les formes de cohésion sociale.
«Les hommes ne peuvent pas se contenter de vivre dans une société juste.
L’indifférence à laquelle le libéralisme conduit est insupportable.
Les hommes réclament bien entendu que les droits qui leur reviennent en tant qu’êtres humains soient respectés, mais ils veulent également être estimés pour ce qu’ils sont spécifiquement.» (1)(3)

C.E.

(1) De Briey Laurent, Le sens du politique. Essai sur l’humanisme démocratique, Mardaga, Wavre, 2009.
(2) Laurent De Briey est directeur du Centre d’études politiques, économiques et sociales (CEPESS), proche de ce parti belge francophone de tendance centriste qu’est le Centre Démocrate Humaniste.
(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. au post-libéralisme (d'après et par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

mardi 2 août 2011

Actu. Le PIB, à bout portant...


«Nouvelles valeurs,
nouvelles richesses,
nouvelles mesures,
nouvelles monnaies.»
Tout est nouveau

dans la treizième session
de l'Université Intégrale
du Club de Budapest!
Qui s'apprête à tirer à bout portant
sur le Produit Intérieur Brut....
En septembre, à Paris.

Economies et sociétés connaissent des ruptures majeures.
Qui appellent à des voies de réinvention globales: sociales, économiques, écologiques, culturelles, artistiques, spirituelles…
Or nos indicateurs de richesse, principalement dominés par le sacro-saint Produit Intérieur Brut (PIB), semblent rester figés dans les schémas du passé.
«Le PIB traduit une analyse de la réalité à travers un prisme particulier, explique le philosophe et économiste Patrick Viveret.
Un prisme exclusivement quantitatif, économique et dénué de toute considération qualitative ou citoyenne, qu'il s'agisse des niveaux de santé, d'éducation ou d'engagement associatif, du degré de violence, de l'intensité des inégalités socio-économiques ou encore de la qualité de la pratique démocratique.» (1)

Questions...

D'où les questions que posera la prochaine édition de l'Université Intégrale du Club de Budapest...
. Comment expliquer un tel immobilisme?
. Comment se caractérisent les évolutions sociétales?
. Comment impactent-elles notre rapport à la richesse?
. Que voulons-nous faire de nos sociétés?
. Sur quelles valeurs construire?
. Quelles sont les richesses qui comptent véritablement?
. Souhaitons-nous en rester à des sociétés engoncées dans des aspirations matérialistes?
. Ou préférons-nous miser sur les notions de bien-être, remédier aux inégalités sociales, donner plus de valeur à l’immatériel (création, design, conception…) et prendre en compte les incidences environnementales des activités humaines?

Réflexion...

On se souvient qu'en 2008, soit six ans après la parution du Rapport ViveretReconsidérer la richesse»), le Président de la République Française a sollicité des experts nationaux et internationaux dont le travail de réflexion a accouché du Rapport Stiglitz sur la mesure des performances économiques et du progrès social.
Une démarche qui a largement débordé le cadre franco-français puisque, hors hexagone, d’autres indicateurs ont été développés.
Indice du développement humain (Rapport mondial sur le développement humain, 1990), indice du bien-être économique (développé par Osberg et Sharpe), Bonheur Intérieur Brut (déployé au Bhoutan)...: les expériences en matière de nouveaux indicateurs de mesures ou de création de monnaies foisonnent désormais.

Action ?

Aujourd’hui, les sources d’inspiration et de réflexion sur le sujet dépassent nettement la seule perspective économique.
Elles renvoient également à la philosophie ou à la sociologie.
Mais alors comment expliquer que les questions d’indicateurs de richesses et de mesures économiques et sociales en restent encore au stade des rapports?
Le temps de l'application n'est-il pas venu?
Et ne convient-il pas, à présent, de valoriser les expériences, d'accélérer la transition et de changer d’échelle?
Autant de questionnements auxquels l'Université Intégrale du Club de Budapest s'efforcera d'apporter des réponses...

En bref
Quoi?
Treizième session de l'Université Intégrale du Club de Budapest: «Nouvelles valeurs, nouvelles richesses,nouvelles mesures, nouvelles monnaies.»
Qui?
Le Club de Budapest France
(Journée conçue par Carine Dartiguepeyrou, présidente du Club de Budapest France, ainsi que Bénédicte Fumey et Michel Nguyen The, membres du comité exécutif du Club de Budapest).
Quand?
Les lundi 19 et mardi 20 septembre 2011.
Où?
Forum,
104 rue de Vaugirard,
75006 Paris
(Métro Montparnasse, Duroc ou St Placide).
Combien?
www.clubdebudapest.org/index.php?option=com_content&task=view&id=95&Itemid=98
Mais encore...
www.clubdebudapest.org/index.php?option=com_content&task=view&id=95&Itemid=98


(1) Viveret Patrick, Webmagazine, 4/11/2008.

samedi 30 juillet 2011

Libéralisme. Sous les gavés, la rage ?


Crise économique,
printemps arabe,
mouvements des indignés...
Sous les gavés, la «rage»?
Une situation
dont, quoi qu'il en soit,
il serait un peu facile
de rendre le libéralisme responsable.
Il n'empêche:
des questions se posent...
Et si les fondements anthropologiques
de ce mode de pensée
nous conduisaient
au-delà d'une judicieuse autonomie?
Et s'ils nous entraînaient
vers les périlleux excès
de l'indépendance inconditionnelle?
Et s'ils ouvraient
le plus large des boulevards
à un individualisme de l'ego?

Le libéralisme affirme comme principe premier de la vie politique la défense des droits de l’individu: le but de l’organisation politique est, selon le magazine Sciences Humaines, «d’offrir aux individus la liberté de penser, de croire, de circuler, d’organiser leur vie comme ils l’entendent dès lors que la liberté d’autrui n’est pas menacée.» (1)
L’Etat n’a donc nullement à se préoccuper du bien.
Seulement du juste.
Question de tolérance…
«Les libéraux réitèrent ainsi la confiance moderne dans la raison, écrit Laurent De Briey.
Mais en restreignant l’étendue des questions qu’elle est apte à trancher.
» (2)
Ils «considèrent que les principes de justice sont susceptibles d’être justifiés par la raison, tandis que le choix d’une conception du bien relève des préférences subjectives de chaque individu.» (2)
Par ailleurs, certains auteurs parlent d’un glissement de la compréhension de la liberté qui se serait produit à la charnière des dix-huitième et dix-neuvième siècles.
De la liberté entendue comme autonomie, on serait passé à une liberté vécue, voire pensée, comme indépendance.
Depuis lors, être libre, c’est moins agir conformément à la raison que pouvoir se comporter comme on le souhaite. (3)

Fondements anthropologiques, ' connais pas !

Cette double évolution a sans doute été facilitée par le fait que le libéralisme ne se sent absolument pas tenu de se prononcer sur la question de savoir si la raison peut déterminer quelle est la meilleure manière de vivre.
«Il peut rester agnostique sur ce point et se contenter de considérer que, au niveau politique, le recours à la raison n’est légitime que pour trancher des questions de justice sans pour autant nier que, sur le plan privé, il soit possible de fonder sur la raison la supériorité d’une conception du bien sur toutes les autres.» (2)
Le libéralisme considère en effet «les préférences des individus comme données.
Il ne s’intéresse pas à la manière dont ces préférences se forment.» (2)
Les mécanismes de formation des identités sont donc appréhendés comme des boîtes noires.
Une stratégie d’évitement qui, de facto, ouvre le plus large des boulevards aux abus de l’individualisme… (4)(5)(6)

Christophe Engels

(1) Les trois piliers de l’âge démocratique, in Les Grands Dossiers des Sciences Humaines n°14, mars – avril - mai 2009, p. 16 et 17.
(2) De Briey Laurent, Le sens du politique. Essai sur l’humanisme démocratique, Mardaga, Wavre, 2009. Pour rappel (voir notamment le précédent message de ce blog), Laurent De Briey est directeur du Centre d'études politiques, économique et sociales (CEPESS), proche de ce parti belge francophone de tendance centriste qu’est le Centre Démocrate Humaniste.
(3) Voir notamment Renaut Alain, L’ère de l’individu, Galllimard, NRF, Paris, 1989.
(4) Le contenu de ce message est extrait de Engels Christophe, Libéralisme. Vous voulez dire "individu"..., in Perso, Regards personnalistes, n°18, mai 2009, pp.6-7.
(5) On notera ci-après, pour information, la réaction que le très libéral (d’obédience hayekienne) Corentin de Salle avait fait parvenir au magazine Perso/Regards personnalistes, à l'occasion de la première parution du texte dont est extrait le message ci-dessus (voir note précédente). Cette réaction, qui n'avait été publiée que partiellement par manque de place, est reprise intégralement ici: «En gros, je pense que l'explicitation de la distinction qu'opère Laurent De Briey entre libéralisme empiriste et libéralisme rationaliste n'est pas pertinente. Hayek se définissait lui-même comme un rationaliste mais son épistémologie se réfère explicitement à une rationalité limitée (au sens kantien du terme): dans un monde complexe où la quantité d'information à laquelle peut accéder chaque acteur est extrêmement limitée, l'individu, quand il prend ses décisions, le fait, non pas en vertu d'un pur subjectivisme, mais, bien au contraire, en se référant à ce qu'Hayek appelle des "règles de juste conduite", c'est-à-dire des normes séculaires, issues de la pratique, et en perpétuelle évolution. C'est uniquement en se référant à ces "patterns", ces recettes qui fonctionnent, que l'homme réussit la plupart de ses actions. La violation de ces règles de juste conduite (dont la généralisation et l'obligatoriété sont garanties dans les différentes démocraties par leur traduction dans le droit via le processus parlementaire mais aussi la jurisprudence) est sanctionnée par le pouvoir judiciaire. Il est faux de prétendre que le libéralisme empirique "ne disposerait d'aucun argument pour réprouver" l'attitude de celui qui viole ces normes. Celui qui enfeint ces dernières sera sanctionné. Son comportement porte en effet atteinte à la sécurité juridique (droit de propriété, respect des contrats, etc.) et fausse dès lors les anticipations légitimes des acteurs.
Cette rationalité théorique a également son correspondant dans la rationalité pratique: le néolibéralisme promeut effectivement le pluralisme des valeurs et fait de la conception du bien une affaire privée. Mais cela ne débouche pas, de facto, sur le subjectivisme moral. Les acteurs vont appliquer les règles morales validées par la tradition. Si le libéralisme empiriste croit aux vertus de la tradition, ce n'est pas par conservatisme étroit mais bien parce que le fait que ces règles soient parvenues jusqu'à nous prouve qu'elles fonctionnent, qu'elles rendent des services appréciables à la communauté. C'est aussi le gage d'une certaine souplesse et d'une faculté d'adaptation. Ces règles s'améliorent avec le temps car elles sont affinées, adaptées par l'expérience (processus de sélection culturelle des règles). A ce titre, affirmer que le libéralisme empirique serait dénué de fondements anthropologiques, c'est ignorer totalement la compréhension très fine du fonctionnement des sociétés humaines et de l'esprit humain développée par la tradition libérale, ce qui, précisément, tient à son caractère "empirique". Selon le libéralisme, la société ne peut fonctionner sans règles. Mais ces dernières ne se déterminent pas en vertu d'une délibération rationnelle (dans une situation fictive de type habermasien ou rawlsien). Elles sont issues de la pratique. Elles naissent par accident ou selon un processus semi-conscient. Celles qui fonctionnent bien sont imitées et adoptées par d'autres acteurs (mimesis). Elles se répandent et finissent, en raison de leur pertinence, par être intégrées dans la législation. Ainsi le libéralisme n'est pas un courant qui s'opposerait aux normes. Il s'oppose juste aux normes qui ne sont pas issues de la pratique, qui n'ont pas été "selectionnées" par l'expérience. C'est malheureusement le cas de la plupart des normes et règlementations actuelles qui sont concoctées, au sommet, par des experts et autres ingénieurs sociaux.
»
(6) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. au (post-)libéralisme (d'après et par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels,
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

mercredi 27 juillet 2011

Libéralisme. Objections, Votre Honneur !

Qu’il soit ou non
revu et corrigé
par John Rawls(1),
le libéralisme
n’en continue pas moins
à soulever
bien des objections.
Politiques,
sociétales,
sociales,
culturelles…
L’équilibre réfléchi de John Rawls (2) «permet d’envisager ensemble théorie et pratique, sur le mode d’un ajustement mutuel qui modifie la pratique sous l’influence des principes et vice-versa, rappelle Vanessa Nurock (3).
Il témoigne aussi de la recherche d’une théorie de la justice qui soit à la fois désirable et faisable.» (4)
Efforts insuffisants, cependant, pour mettre le libéralisme à l’abris d’une série de critiques.
A commencer par celles passées en revue par le directeur du Centre d’études politiques, économiques et sociales (5), Laurent De Briey...

Introspection n’est pas raison
(L’angle politique des républicains)
Côté républicain, le désaccord est politique.
Car la «res publica» (la chose publique) y est entendue comme devant viser à permettre de resituer l’expression de l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers.
Conséquence: autant la liberté est judicieusement valorisée comme autonomie, autant elle ne peut l’être comme indépendance.
Sous peine de déboucher sur un désinvestissement de la souveraineté populaire au profit d’un régime technocratique au sein duquel la classe politique tend, d’une part, «à se reproduire elle-même et, d’autre part, à perdre son pouvoir au profit de l’administration.» (6)
Etre libre, dans une telle optique, c’est être «raisonnable» en agissant conformément à la raison.
A la raison, et non pas à ma raison.
«Ce n’est pas en réfléchissant dans l’isolement de sa conscience, mais en confrontant son point de vue à celui des autres, qu’une personne est susceptible de déterminer ce qui est conforme à la raison.» (6)

Le bien commun, sinon rien !
(L’angle sociétal des communautariens)
L’objection relevée par le communautarien est sociétale.
Non seulement il fustige la priorité que le libéral accorde au juste sur le bien, mais il va jusqu’à contester sa propension à considérer qu’il soit possible de construire des principes de justice sur l’absence de toute conception particulière du bien.
Au modèle libéral d’une société juste qui serait neutre sur le plan axiologique, il préfère donc substituer celui d’une communauté unie dans la volonté de poursuivre un bien commun.
Un philosophe comme l'Américain Michael Walzer critique même le caractère «abstrait» des conceptions de Rawls dont l'approche de la justice sociale éclipserait la réalité effective de l'être humain en le privant de tout lien d'appartenance, postulant de la sorte un sujet complètement désincarné.
Cette critique communautarienne interpelle dans la mesure où elle se fonde sur l’incapacité -manifeste- des sociétés modernes à assurer l’intégration du sujet au sein de la collectivité.
«C’est la perte d’éthicité que signifie le passage de la communauté à la société qui pose question.» (6)

Non, non et non !
(L’angle social des socialistes)
Révolte morale contre les conséquences sociales du libéralisme, réaction épidermique à l’individualisme qui lui est sous-jacent, refus de la concentration des ressources matérielles dans les mains d’une minorité, indignation rationnelle contre l’illogisme des crises...: les griefs socialistes sont nombreux.
Et pour cause.
Cette famille de pensée est précisément née en réaction contre un grand rival idéologique dont elle entend, aujourd’hui encore, faire plier les dérives égocentristes devant les valeurs de la solidarité, voire d’une certaine forme d’égalité.

Indépendance Cha-cha…
(L’angle culturel)
Ces dernières décennies, de plus en plus nombreuses sont les voix qui s’élèvent contre la colonisation du culturel par l’économie.
Ainsi, l'anthropologue juridique et prêtre orthodoxe Thierry Verhelst…
«Il n’est pas seulement question aujourd’hui d’économie avec marché mais d’économie de marché et, ce qui est pire, de "société de marché".» (7)
Ou le déjà cité Laurent de Briey…
«Un processus de colonisation consiste dans l’expansion des principes de développement d’un système donné vers un autre système.
En l’occurrence, le système culturel, reprenant l’ensemble des croyances, normes, valeurs, modes de vie, etc, partagées par une collectivité, voit son développement déterminé par les impératifs de rentabilité et de profit propres au système économique.
(…)
La colonisation économique du culturel conduit ainsi à une massification pulsionnelle.
A l’aliénation et à la perte de sens.» (6)(8)

Christophe Engels

(1) Voir, sur ce blog, les messages «Libéralisme. Liberté, égalité, austérité.», «Libéralisme. Rock and Rawls.», «Libéralisme. Rawls: l’individu en personne?», «Libéralisme. Rawls, l'équilibriste.» et «Libéralisme. Equilibre instable...».
(2) Pour rappel (voir messages précédents de ce blog), le philosophe américain John Rawls, né en 1921 et disparu en 2002, a passé l’essentiel de sa carrière à Harvard. Il a notamment écrit A Theory of Justice, Harvard University Press, Cambridge, 1972. Traduction française: Théorie de la justice, Seuil, coll. Points, Paris, 1987.
(3) Université de Lille III.
(4) Nurock Vanessa, Rawls. Pour une démocratie juste, Michalon, coll. Le bien commun, Paris, 2008, p. 52.
(5) CEPESS, proche de ce parti belge francophone de tendance centriste qu’est le Centre Démocrate Humaniste.
(6) De Briey Laurent, Le sens du politique. Essai sur l’humanisme démocratique, Mardaga, Wavre, 2009.
(7) Thierry Verhelst, Des racines pour l’avenir. Cultures et spiritualités dans un monde en feu, L’Harmatan, Paris, 2008. Voir aussi le n°16 de la revue Perso/Regards personnalistes: «Quand l’économie perd le Nord. Cultures et spiritualités à la rescousse.»
(8) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. au post-libéralisme (d'après et par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

dimanche 24 juillet 2011

Libéralisme. Equilibre instable...


Pour accéder à l'équilibre réfléchi,
à moi de me montrer capable
de réviser mes principes généraux
et/ou mes jugements particuliers (1).
A moi également d'être en mesure
d’intégrer de nouvelles croyances…


Pour John Rawls (2), aucune de mes convictions n'est par principe fermée à révision.
Pas même ce qu'il appelle les «points fixes» provisoires.
Soit les questions que j'ai mûrement réfléchies et par rapport auxquelles ma conviction est si forte que je suis certain de ne pas avoir à la remettre en cause.
Certain?
Oui.
A tort ou à raison…


Equilibre réfléchi: «étroit» ou «étendu»

Car mon équilibre réfléchi n'est pas toujours aussi robuste qu'escompté.
Mes arguments, en effet, peuvent ne pas avoir été initialement soupesés.
Auquel cas la compatibilité de mes conceptions avec le système s’avérera «étroite».
Un qualificatif choisi par le philosophe pour mieux faire la différence avec un autre type d’équilibre réfléchi, appelé «étendu», qui, lui, implique de ma part l’effort préalable de peser «la force des différentes raisons philosophiques et des autres arguments en leur faveur» (3).
Un état plus solide, donc.
Mais qui n’en reste pas moins, lui aussi, susceptible de révision.
Tout juste suppose-t-il l'impression, authentique et de bonne foi, qu’«à un instant donné, nous ne pouvons pas faire mieux que cela» (4).(5)


Christophe Engels

(1) Voir, sur ce blog, les messages «Libéralisme. Liberté, égalité, austérité.», «Libéralisme. Rock and Rawls.», «Libéralisme. Rawls: l’individu en personne?» et «Libéralisme. Rawls, l'équilibriste.».
(2) Pour rappel (voir messages précédents de ce blog), le philosophe américain John Rawls, né en 1921 et disparu en 2002, a passé l’essentiel de sa carrière à Harvard. Il a notamment écrit A Theory of Justice, Harvard University Press, Cambridge, 1972. Traduction française: Théorie de la justice, Seuil, coll. Points, Paris, 1987.
(3) Rawls John, La Justice comme équité, La Découverte, Paris, 2003, pp.54-55
(4) Rawls John, ibidem, p.55.
(5) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés

. au libéralisme (d'après Laurent de Briey...),
. au post-libéralisme (d'après et par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

vendredi 22 juillet 2011

Libéralisme. Rawls, l’équilibriste.

Le voile d’ignorance
et la position originelle (1)
ne constituent que des composantes
de la démarche éthique
proposée par John Rawls.
Car si la première
de ces deux notions
est un instrument
au service de la deuxième (1),
cette dernière…
fait à son tour office de moyen!
Une nouvelle étape, donc,
vers une fin bien déterminée
qui relève d'une conception
de l’éthique bien définie.
Celle de «l’équilibre réfléchi»…

Les raisonnements sous voile d’ignorance et l'idée de position originelle avancés par John Rawls (2) prétendent-ils fournir aux principes de justice un fondement rationnel absolu?
Non, assure Philippe Van Parijs (3): «Ils servent simplement à nous guider dans le choix des principes susceptibles de nous faire atteindre notre équilibre réfléchi.» (4)

Top modèle

«Equilibre réfléchi».
Tel est le nom dont l’auteur de «Théorie de la justice» affuble la méthode rationnelle qu’il suggère d’utiliser pour établir de manière fiable certains principes.
Le philosophe, en effet, se propose de prendre la connaissance scientifique comme modèle d’objectivité pour l’éthique.
A quelles conditions, se demande-t-il, peut-on espérer établir à ce niveau une connaissance dont l’objectivité serait similaire à celle de la logique?
Question fondamentale dont la réponse serait à chercher dans la rationalité d’une procédure…

Oui à la rigueur, non à la rigidité!

La «recette» de l’équilibre réfléchi repose sur un double présupposé:
. celui d’une certaine rationalité de nos jugements,
. celui d’un désir de parvenir à les élaborer sans faire appel à une autorité extérieure.
C’est que la démarche en question articule les procédures de décision autour de deux exigences:
. la cohérence,
. l’ouverture à la révision.
Oui à la rigueur, donc!
Mais non à la rigidité!
Il s’agit en fait de rechercher un équilibre en faisant appel à un processus réflexif impliquant à la fois nos principes généraux (ou nos théories) et nos jugements intuitifs sur des cas particuliers.
L’équilibre réfléchi consiste en effet «à tenter de formuler des principes généraux quant à ce que nous devons faire, individuellement et collectivement, et à confronter les implications de ces principes à nos jugements moraux bien réfléchis, dans les circonstances (réelles ou hypothétiques) les plus diverses, explique Van Parijs.
Au cas où apparaît un conflit avec un jugement suffisamment ferme pour que nous ne soyons pas prêts à y renoncer, il nous faut rejeter le principe que nous avions cru pouvoir formuler, ou à tout le moins le réviser de manière à éliminer le conflit en question.» (5)

Jugements bien pesés

L’équilibre réfléchi permet de la sorte d’établir des «jugements bien pesés».
Soit, écrit Rawls, ceux qui sont émis «lorsque nous paraissons posséder la capacité, la possibilité et le désir d’émettre un jugement correct.» (6)
Jugement correct?
Oui.
C'est-à-dire jugement juste et vrai...
. Juste en cette matière collective qu’est le politique.
. Et vrai sur ce plan singulier qui réfère au domaine cognitif.
La justice, en effet, apparaît chez le philosophe américain comme la vertu des institutions, tandis que la vérité est présentée comme la vertu des systèmes de pensée. (7)(8)

(A suivre)

Christophe Engels

(1) Voir, sur ce blog, les messages «Libéralisme. Liberté, égalité, austérité.», «Libéralisme. Rock and Rawls.» et «Libéralisme. Rawls: l’individu en personne?».
(2) Pour rappel (voir messages précédents de ce blog), le philosophe américain John Rawls, né en 1921 et disparu en 2002, a passé l’essentiel de sa carrière à Harvard. Il a notamment écrit A Theory of Justice, Harvard University Press, Cambridge, 1972. Traduction française: Théorie de la justice, Seuil, coll. Points, Paris, 1987.
(3) Universités de Louvain et de Harvard.
(4) Arnsperger Christian et Van Parijs Philippe, Ethique économique et sociale, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2000, p.66.
(5) Arnsperger Christian et Van Parijs Philippe, ibidem, pp.9-10.
(6) Rawls John, La Justice comme équité, La Découverte, Paris, 2003, p.53.
(7) Voir, par exemple, Nurock Vanessa, Rawls. Pour une démocratie juste, Michalon, coll. Le bien commun, Paris, 2008, p.52.
(8) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. au libéralisme (d'après Laurent de Briey...),
. au post-libéralisme (d'après et par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

lundi 18 juillet 2011

Libéralisme. Rawls: l'individu en personne ?


Faut-il faire
de la position originelle
et du voile d'ignorance (1)
de John Rawls
les outils
d'une banale justification
de l’Etat providence,
voire une caution
de l’offensive néo-libérale?
Une telle interprétation
ne rendrait pas justice
au philosophe.
Qui cherche en fait,
pour bâtir
ses principes de justice,
à contourner le piège
des intérêts particuliers et des calculs égoïstes.
Donc, en un sens, à dépasser les sables mouvants de l'individu pour s'ancrer dans le sol ferme de la personne...

En subordonnant l'inégalité des bénéfices au mieux être des plus désavantagés (1), John Rawls (2) place le sort de ces derniers au centre du jeu.
Ce faisant, il rend ses lettres de noblesse à une justice sociale qui n'a plus pour seule fonction de corriger à la marge les résultats inégalitaires du fonctionnement du marché.
En outre, le fait de prendre explicitement en compte la notion d’efficacité n'empêche pas l'Américain de réaffirmer la valeur centrale de l’égalité, tant pour l'attribution des droits et des devoirs de base que pour les possibilités d'accès aux diverses positions sociales (1).
Placé derrière le voile d’ignorance, je suis en effet appelé à choisir l’égalité, à moins que certaines inégalités ne permettent d’améliorer l’efficacité de la coopération sociale, au bénéfice de celui qui a le moins.
Telle est la justice de Rawls.
Ni simple égoïsme ni pur altruisme, donc.
Et pas davantage marche-pied vers une quelconque conception du bonheur ou du bien.
«Il ne s’agit pas pour l’Etat de rendre heureux des citoyens, explique Vanessa Nurock (3).
Ni de promouvoir une conception du bien particulière.
Mais plutôt de garantir la distribution de biens primaires et d’offrir un cadre permettant la réalisation de leurs projets de vie particuliers.
Le juste est ainsi considéré comme prioritaire par rapport au bien.
» (4)

Décentrement, mode d'emploi

Les écrits de Rawls ne parleront donc qu'à ceux qui accepteront de rester à l'intérieur de ce cadre.
Reste que, pour tout qui y consent, les concepts de position originelle et de voile d'ignorance ne manquent pas d'intérêt.
Car, explique le philosophe français Alain Renaut (5), «En plaçant les participants de ce débat sur la justice sous un tel voile, Rawls se donne en réalité des partenaires sociaux qui, sans être privés des capacité leur assurant la possibilité d’un choix cohérent, sont amputés par ailleurs de toutes les informations particulières dont les individus disposent habituellement sur eux-mêmes et sur les autres.
On aperçoit sans peine la signification d’un tel procédé: il s’agit au fond d’imaginer des individus s’arrachant à ce qui les individualise et s’élevant jusqu’au point où, n’étant plus animés par des considérations procédant de leurs intérêts particuliers, c’est en tant que sujets ou personnes qu’ils réfléchissent sur les principes de justice.
En ce sens, loin d’être extravagante, la supposition du voile d’ignorance est au contraire, comme instrument méthodologique, d’une portée très profonde puisqu’elle nous permet de mettre en scène une situation où c’est proprement, en l’homme, la dimension qui fait de lui un sujet ou une personne qui présiderait à l’établissement des principes de justice: bref, il s’agit ainsi de se donner les moyens de dégager les principes qui seraient en accord non pas avec le simple jeu des intérêts particuliers et des calculs égoïstes, mais avec ce qui correspond proprement, en nous, à l’humanité de l’homme.» (6)
Rawls ne répond-t-il pas en fait à la question «Comment faire...?»: comment faire, en l'occurrence, pour «traduire» l’individu en personne?
Et ne s’empresse-t-il pas de répondre à cette interrogation par la mise à disposition d’une procédure?
Un mode d’emploi, donc, qui –retrouvons ici Alain Renaut– consisterait à produire «un décentrement, en prévenant les déformations de perspectives qu’introduisent les intérêts personnels: cela étant, on peut concevoir la production de ce décentrement à partir de la discussion, par "la participation effective de chaque personne concernée à la discussion" (7); on peut aussi la concevoir par abstraction méthodique de ce qui nous différencie et de ce qui nous individualise.
Dans un cas, ce qui fonde le décentrement, c’est une "discussion réelle"; dans l’autre, le procédé du voile d’ignorance correspond à une sorte d’argumentation de pensée.
» (6)(8)

(A suivre)

Christophe Engels

(1) Voir, sur ce blog, les messages «Libéralisme. Liberté, égalité, austérité.» et «Libéralisme. Rock and Rawls.»
(2) Pour rappel (voir messages précédents de ce blog), le philosophe américain John Rawls, né en 1921 et disparu en 2002, a passé l’essentiel de sa carrière à Harvard. Il a notamment écrit A Theory of Justice, Harvard University Press, Cambridge, 1972. Traduction française: Théorie de la justice, Seuil, coll. Points, Paris, 1987.
(3) Université de Lille III.
(4) Nurock Vanessa, Rawls. Pour une démocratie juste, Michalon, coll. Le bien commun, Paris, 2008, p. 61.
(5) Université Paris Sorbonne.
(6) Renaut Alain, Habermas ou Rawls?, http://enssibal.enssib.fr/autres-sites/reseaux-cnet/60/06-renau.pdf
(7) Cfr. l'«agir communicationnel» de Jurgen Habermas.
(8) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. au libéralisme (d'après Vanessa Nurock, Philippe Van Parijs, Laurent de Briey...),
. au post-libéralisme (d'après et par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

vendredi 15 juillet 2011

Actu. One people, one planet.


«One people, One planet».
Ainsi s’intitulera le forum

qui, à la fin août,
cherchera à apporter sa pierre
à l’édifice d’une vision alternative
au monde qui est le nôtre.
Rendez-vous à Louvain-la-Neuve.

«One people, One planet»?
Une plate-forme internationale qui entend inscrire son approche pratique dans le courant d’une double dynamique:
. d’une part celle de l’entreprenariat social,
. d’autre part et surtout celle de tous les courants de pensée générateurs d’attitudes et initiatives aussi positives que constructives.
Au programme: une réflexion portant, en anglais et en français, sur l’humanité et sur ses rapports à la démographie et à la nature.
Le tout en quatre jours: les 26, 27, 28 et 29 août 2011, dans la cité universitaire belge de Louvain-la-Neuve (près de Bruxelles).
A noter que l'événement se veut récurrent (tous les ans ou tous les deux ans).

Programme 2011
Vendredi 26 août
Séance de bienvenue et d’introduction.

Conférence d'Albert Jacquard.
Samedi 27 août
«Working for the future»
Il s'agira d'apprendre de l’expérience et de construire dans l’optique du long terme, sur base d’études de cas (forêts et technologie verte).
Dimanche 28 août
«The Power Of The Alternative»
Session participative embrassant dix thématiques:
. «Alternative Finance»,
. «Agriculture, Food and Farmer welfare»,
. «Forests»,
. «Education»,
. «Peace and non-violence»,
. «Reseach for Sustainable Development»,
. «Leaders for Sustainable societies–the production and consumption systems revisited»,
. «Social issues and ethics: Agenda 21, local, NGOs and workers movement»,
. «Post carbon – transition societies»,
. «The Media and the Press».
Lundi 29 août
«A vision on four key aspect of the system and their mechanisms»
Session plénière.

En bref
Quoi?
Plate-forme internationale «One people, One planet».
Qui?
Deux organisateurs: Ville de Louvain-la-Neuve (Cédric du Monceau) et la Maison du Développement durable asbl (Alain Dangoisse).
Cinq co-organisateurs: Université catholique de Louvain, Agoria Wallonie, Club of Rome, Fondation pour la Nature et l'Homme et United Word Colleges.
Quand?
Les 26, 27, 28 et 29 août 2011.
Où?
Louvain-la-Neuve (en Belgique, près de Bruxelles).
Combien ?
10 euros (5 euros pour les étudiants).
Réservation avant le 15 août:
www.onepeople-oneplanet.be/inscription.php
Mais encore…
www.onepeople-oneplanet.be
alain.dangoisse@maisondd.be
du.monceau.cedric@gmail.com

mardi 12 juillet 2011

Actu. Décroissance festive.


Un festival
pour incarner la décroissance
et pour lier action et pensée.
C'est ce que proposent
les objecteurs de croissance de Belgique.
A Namur, peu avant la mi-août.


Un moment de rencontres fait
. de spectacles,
. de débats et réflexions,
. d’échanges de pratiques,
. de savoir-faire.
Le tout inscrit dans la fête et la joie partagée.
Voilà ce que veulent initier les organisateurs de l'événement qui sera monté, le 12, 13 et 14 août à Namur, autour de l’objection de croissance.
«Nous souhaitons ainsi promouvoir la simplicité volontaire et solidaire, la lenteur, la relocalisation...
Autant d'idées qui façonnent le nouveau paradigme de la société post-capitaliste.
Il s’agit de montrer par l’exemple le caractère non seulement réaliste mais surtout désirable des valeurs qui les sous-tendent.
Le festival présentera dès lors un éventail d’alternatives existantes et enthousiasmantes.
A opposer à la "fatalité"
. des crises économiques successives,
. du chômage, du travail aliénant,
. de la mal-bouffe,
. des inégalités sociales,
. des déséquilibres Nord-Sud,
. du réchauffement climatique,
. de l’épuisement des ressources,
. de la disparition de la biodiversité ...
Histoire d'aller au-delà de la dénonciation et des discours.

De susciter l’imagination.
D'insuffler une dynamique de résistance.

De rassembler sous la bannière d'une promotion des initiatives riches et variées qui fourmillent.»

Appel à bonne volonté...

Un processus à élaborer en commun...
Appel est donc lancé à toutes les bonnes volontés.
Et tout particulièrement à celles qui pourraient aider à explorer la monnaie alternative, l’allocation universelle...
De même que l’engagement politique, le militantisme, l’activisme...
«Bien d’autres initiatives existent!
Aidez nous à les débusquer.
Et n’hésitez pas à présenter votre projet, activité, groupe, association, idée, lien...

A condition, bien sûr, qu'ils soient en harmonie avec les valeurs et objectifs que l'on sait.»

En bref
Quoi?
Festival décroissant.
Qui?
Les objecteurs de croissance de Belgique (en collaboration avec le collectif Kifékoi, Sens dessus dessous asbl, la ferme de Vevy Wéron ainsi que... «quelques amis volontaires» et avec l’aide du Grappe et de la Maison de l’écologie).
Quand?
Les 12, 13 et 14 août 2011.
Où?
Ferme de Vevy Wéron, près de Namur.
Combien?
Vendredi 12 août (à partir de 16h): 5 euros.
Samedi 13 août: 10 euros.
Dimanche 14 août: 10 euros.
(Entrée libre pour les enfant de moins de 12 ans.)
Le prix comprend la participation à toutes les activités du festival ainsi que l’accès au camping.
Le festival est uniquement accessible sur réservations (clôturées le 5 août 2011).

samedi 9 juillet 2011

Libéralisme. Rock and Rawls.

L’illusion du souhaitable, oui.
Mais aussi le socle du réalisable.
Ce qui doit être,
bien sûr.
Mais aussi ce qui est.
La norme, certes.
Mais aussi le fait.
Ainsi fonctionne
John Rawls.
Qui veut construire son projet utopique
sur le... roc
du pragmatisme.
Et qui cherche à dépasser
les conflits d’intérêts égoïstes
sans pour autant rogner
sur le droit à la différence.


Le sens de la justice de John Rawls (1) est un «authentique sentiment du cœur éclairé par la raison» (2).
Ce qui fait dire à la Française Vanessa Nurock (3) qu’il «constitue la marque de notre humanité parce qu’il témoigne de ce que nous sommes ancrés dans la réciprocité, ni parfaitement impartiaux, ni mus par notre seul intérêt, ni saints, ni monstres, mais des hommes en ce sens "ordinaires".» (4)
Cette réciprocité, ajoute-t-elle, se situe «à mi-chemin entre, d’un côté, l’altruisme, impartial, motivé par le bien commun, et, de l’autre, l’avantage mutuel, défini comme le fait pour chacun de se retrouver avantagé au regard des conditions existantes.» (4)
Et elle est revendiquée par tout qui s’avère «raisonnablement égoïste» et doué de raison...
. «Raisonnablement égoïste», c’est-à-dire suffisamment égocentré pour se préoccuper de son avenir propre: «Etre raisonnable, c’est être prêt à proposer à autrui des principes équitables dans un contexte de coopération et à y obéir, à partir du moment où l’on est assuré d’une réciprocité.» (4)
. Doué de raison au sens où, selon les termes du philosophe français Alain Renaut, chacun des partenaires sociaux «est capable de savoir "ce qui constitue son bien", quel "système de fins" il est rationnel pour lui de rechercher et quels moyens il lui faut mettre en œuvre pour atteindre ses fins: rationalité au sens étroit du terme, donc, au sens d’une rationalité instrumentale, comme capacité d’employer les moyens les plus efficaces pour atteindre des fins données.» (5)
La question qui se pose est alors la suivante: en partant de l’hypothèse que je sois à la fois «raisonnablement égoïste» et doué de raison, quels sont les principes de répartition des biens qui retiendront ma préférence?
La réponse de Rawls tient en deux célèbres principes, qui sont en fait au nombre de trois…

Egalité de droit: priorité absolue!

Le «principe de liberté», tout d’abord, est absolument prioritaire sur le second.
Il proclame l’égalité dans l’attribution de ces droits et devoirs de base que sont:
. libertés politiques (droit de vote et d’occuper un poste public), liberté d’expression, liberté de réunion, liberté de pensée et de conscience;
. liberté de la personne (protection à l’égard de l’oppression psychologique et de l’agression physique);
. droit de propriété personnelle;
. protection à l’égard de l’arrestation et de l’emprisonnement arbitraires.
Une liste de «revendications» qui ne va pas sans rappeler celle de la Déclaration universelle des Droits de l’homme.
«Le principe d’égale liberté garantit à tous les citoyens une liste déterminée de libertés fondamentales (…) au niveau le plus élevé qui puisse être garanti de manière égale pour tous, commente le Belge Philippe Van Parijs (6).
Ce principe ne fait donc pas de ces libertés des droits absolus.
Les libertés d’expression et d’association, par exemple, peuvent être restreintes et régulées, mais seulement au nom d’autres libertés fondamentales.
» (7)

Egalité des chances: dans la foulée…

Le principe d’ «égalité équitable des chances», ensuite, demande qu’à talent égal, la même possibilité d’accès aux diverses positions sociales soit garantie à tous les citoyens.
La même possibilité, soulignons-le, et non pas la même probabilité.

Inégalité de fait: oui, mais…

Le «principe de différence», enfin, avance que «des inégalités socio-économiques sont justes si et seulement si elles produisent, en compensation, des avantages pour chacun et, en particulier, pour les membres les plus désavantages de la société» (7).
Une manière de légitimer les inégalités de fait pour autant qu’elles bénéficient à tous.
«Les plus doués sont encouragés à acquérir des bénéfices en plus de ceux qu’ils possèdent déjà par la distribution arbitraire des dons, du moment que cela profite également aux plus défavorisés, poursuit Vanessa Nurock. Rawls s’appuie encore une fois ici sur une définition de la réciprocité qui n’est ni purement altruiste ni purement égoïste, pour proposer une théorie tout à fait distincte d’un nivellement par le bas.» (8)

Egalité + efficience = égalitarisme libéral

L’égalité, donc.
Mais pas au prix de la liberté.
La société juste dont il est désormais question s’entend non plus comme égalitaire, mais comme libre et égale.
Comme «équitable».
Comme préservatrice d’intérêt-curiosité et restrictrice d’intérêt-convoitise.
Comme promotrice de singularité et régulatrice d’ego.
On le comprend: dans ces conditions, certaines inégalités sont désormais considérées comme justes, seules celles qui ne bénéficient pas à tous étant encore taxées d’injustice.
«En admettant comme justes certaines inégalités, le principe de différence cherche à concilier égalité et efficience»(9), écrit Van Parijs.
Et, par voie de conséquence, les orientations effectives de la social-démocratie de s’en trouver rationalisées… (10)

(A suivre)

Christophe Engels

(1) Pour rappel (voir le message précédent de ce blog), le philosophe américain John Rawls, né en 1921 et disparu en 2002, a passé l’essentiel de sa carrière à Harvard. Il a notamment écrit A Theory of Justice, Harvard University Press, Cambridge, 1972. Traduction française: Théorie de la justice, Seuil, coll. Points, Paris, 1987.
(2) Rawls John, The Sense of Justice, in Collected Papers, Cambridge, Harvard University Press, 199, p.96.
(3) Université de Lille III.
(4) Nurock Vanessa, Rawls. Pour une démocratie juste, Michalon, coll. Le bien commun, Paris, 2008, pp.75-76.
(5) Renaut Alain, Habermas ou Rawls?, http://enssibal.enssib.fr/autres-sites/reseaux-cnet/60/06-renau.pdf
(6) Université de Louvain-la-Neuve, Harvard University...
(7) Arnsperger Christian et Van Parijs Philippe, Ethique économique et sociale, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2000, p.59.
(8) Nurock Vanessa, Rawls. Pour une démocratie juste, ibidem, p.65.
(9) Arnsperger Christian et Van Parijs Philippe, Ethique économique et sociale, ibidem, p.60.
(10) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. au libéralisme (d'après Vanessa Nurock, Philippe Van Parijs, Gilles Dostaeler, Laurent de Briey, Alain Renaut...),
. au post-libéralisme (d'après et par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...