vendredi 26 octobre 2012

Société collaborative. L'heure de la co-compétition?



«Dans le business, le vrai succès se manifeste 
quand vous faites le jeu
et non quand vous jouez à celui qui est proposé.» (1) 
Ainsi s'expriment les économistes américains 
Adam Brandenburger et Barry Nalebuff (2).
Repris et complétés 
par Anne-Sophie Novel  (3) 
et Stéphane Riot (4)... 

Pour assurer le bon fonctionnement d'une société collaborative, suffit-il de pouvoir compter sur un objectif commun et sur l'appartenance à une communauté?
Non, assurent Novel et Riot.
Car il ne faut pas confondre processus coopératif et démarche collaborative...
«Dans un processus coopératif, les participants se partagent les tâches et travaillent conjointement afin de réaliser un objectif commun, chacun ayant à sa charge une part bien définie du travail à réaliser.
Il est alors nécessaire d'assurer un bon déroulé de l'organisation, de la coordination et du suivi de l'avancement.
Dans une démarche collaborative en revanche, le travail ne se divise pas de manière aussi organisée: les participants sont libres et s'engagent de manière spontanée pour élaborer ensemble une solution négociée et consensuelle.
Les compétences sont donc échangées et partagées pour servir un projet commun: la cohérence du collectif permet d'atteindre l'objectif, aussi le capital humain est-il plus impliqué ici que dans un processus coopératif.» (6)

Au-delà du repli et de l'urgence, la valeur globale et partagée

Difficile de persister dans le refus de l'évidence, estiment les auteurs de l'ouvrage "Vive la COrévolution! Pour une société collaborative" (5).
L'activité des entreprises ne peut plus être conçue dans l'unique but de générer du profit.
Elle doit également se fixer pour objectif de créer de la valeur globale et partagée.
«Le plus dur dans un contexte de crise est de répondre aux enjeux tout en se projetant dans de nouveaux modes d'organisation, font valoir la journaliste et le consultants français.
Deux types de comportement sont observés alors, la tendance au repli vers les schémas du passé, ou les réactions au plus pressé faisant appel à des remèdes de première urgence.» (7)

(A suivre)

C.E.

(1) Bradenburger Adam et Nalebuff Barry, La Co-opétition, une révolution dans la manière de jouer concurrence et coopération, Village mondial, Montreuil, 1996.
(2) Professeurs d'économie spécialisés dans la théorie des jeux à Harvard et à Yale, Adam Brandenburger et Barry Nalebuff ont développé un modèle de "co-compétition" ("co-coopetition") au milieu des années 1990. S'appuyant sur des études de cas expérimentées dans différentes industries, ils défendent la thèse selon laquelle coopération et compétition sont l'une et l'autre aussi nécessaires que désirables à la bonne marche des affaires.
(3) En tant que journaliste, docteure en économie et fondatrice du blog collectif Ecoloinfo.com, Anne-Sophie Novel est coutumière des logiques propres aux réseaux sociaux. Son parcours l’a menée à s’intéresser aux problématiques de développement et de relocalisation de nos économies. Pour elle, le mouvement locavore (qui prône une relocalisation de la consommation), allié à la logique des réseaux sociaux et de la mondialisation des échanges physiques et numériques, prouve à quel point il est aisé, de nos jours, de «penser global» et  agir local». 
(4) Stéphane Riot, fondateur de NoveTerra, expert en accompagnement du changement par le facteur humain, s’est spécialisé dans les logiques de collaboration à l’oeuvre dans la mutation des organisations. Son parcours de conseil en développement durable lui a fait constater à quel point les postures de concurrence et de compétition sont antinomiques des logiques nécessaires à la prise en compte des enjeux globaux qui exigent vision à long terme et coopération.
(5) Novel Anne-Sophie et Riot Stéphane, Vive la COrévolution! Pour une société collaborative, coll. Manifestô, éditions Alternatives, coll. Manifestô, Paris, 2012 (www.editionsalternatives.com).
 (6) Novel Anne-Sophie et Riot Stéphane, Vive la COrévolution! Pour une société collaborative,idem, pp.173-174.
 (7) Novel Anne-Sophie et Riot Stéphane, Vive la COrévolution! Pour une société collaborative, idem, p.205. 

3 commentaires:

  1. Éthique et spiritualité

    La spiritualité fait aujourd’hui symptôme. L’étude du mot et de ses utilisations nous en apprend autant sur l’état social qui est le nôtre que sur la spiritualité elle-même. Il y a presque un siècle, après la Première Guerre mondiale et tandis que se préparait le déclenchement de la Seconde, c’était l’esprit qui était interrogé, tel un spectre, par les penseurs européens: «Qu’est-ce donc que cet esprit?», demandait Valéry: «En quoi peut-il être touché, frappé, diminué, humilié par l’état actuel du monde? D’où vient cette grande pitié des choses de l’esprit, cette détresse, cette angoisse des hommes de l’esprit?» Husserl, essayant de voir «comment se caractérise la figure spirituelle de l’Europe», die geistige Gestalt Europas, parlait de «crise». Quant à Heidegger, il stigmatisait la «désintégration des forces spirituelles»: «Toutes choses sont tombées au même niveau […]. La dimension prédominante est devenue celle de l’extension et du nombre». Le monde s’obscurcit, prophétisait Heidegger, et il citait quatre événements témoins de cet obscurcissement: «la fuite des dieux, la destruction de la terre, la grégarisation de l’homme, la prépondérance du médiocre».

    En ce début du xxie siècle, la spiritualité ne paraît-elle pas florissante au contraire? Sans doute échappe-t-elle au monopole des religions: on parle de spiritualité sans Dieu. Les courants et tendances se multiplient et coexistent sans concurrence entre eux. Les spiritualités qui ont le vent en poupe apparaissent souvent comme utiles, sans plus avoir besoin de l’aura de gratuité sociale ou économique qui les accompagnait. N’est-ce pas entretenir des ambiguïtés et nourrir la confusion?

    On a coutume de séparer attitude spirituelle et engagement spirituel: d’une part la Grundhaltung existentielle, conséquence et expression de la conception qu’un homme se fait de sa destination foncière, et d’autre part les exercices ou expériences réalisés en lien avec ces décisions de fond. L’enjeu demeure pourtant la cohérence entre spiritualité et éthique, soit l’établissement d’une règle de vie. De fait, une spiritualité qui ne donne pas lieu à une règle de vie s’égare ou ne mérite pas son titre; et une règle sans ouverture spirituelle n’est pas une règle de vie.

    René Heyer, Professeur des universités, Faculté de théologie catholique, Strasbourg

    http://ethique-alsace.unistra.fr/uploads/media/57__Lettre_CEERE_nov._2012.pdf

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  2. Formation «Ethique et vie au travail»
    du 14 au 16 novembre 2012 - Inscrivez-vous!
    Comme chaque année, une formation est proposée par le CEERE sur le thème: Ethique et vie au travail. Cette formation réunit de nombreux intervenants de qualités, praticiens et universitaires. Elle aura lieu du 14 au 16 novembre 2012 à l’Institut du travail de Strasbourg. Elle est ouverte en particulier à la prise en charge par la formation continue et sera suivie d’une deuxième session les 14 et 15 mars 2013, qui portera davantage sur la notion de souffrance au travail.
    Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 7 novembre 2012!

    Pour en savoir plus:
    . http://ethique-alsace.unistra.fr/index.php?id=13123
    . Sandra.Grisinelli@unistra.fr

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  3. Publication – L’éthique d’entreprise aujourd’hui

    Le CEERE est heureux de vous annoncer la publication des actes de la journée d’études: «L’éthique d’entreprise aujourd’hui: réalités régionales et contraintes internationales.» Un événement organisé par le Centre européen d’enseignement et de recherche en éthique (CEERE) avec le concours du Cercle d’éthique des affaires (CEA), qui s’est déroulé le vendredi 25 avril 2008 à la Région Alsace, Hémicycle, 1 place du Wacken à Strasbourg.

    Pour télécharger les actes: http://ethique-alsace.unistra.fr/uploads/media/120430Journee_etude_2008_transcriptions_01.pdf

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