Populisme et médias?
Une relation trouble,
estime Dominique Reynié.
estime Dominique Reynié.
Car les leaders charismatiques
génèrent spectacle, émotion...
Et audience.
Au-delà des considérations préalablement développées dans ces colonnes, un autre
facteur explicatif de l'ascension remarquée du populisme renvoie aux médias.
«Le
monde médiatique entretient avec le populisme une relation trouble, estime
Reynié.
Le populisme est fustigé comme une perversion de la politique et, en même temps, adoré pour la performance spectaculaire qu’il accomplit.» (1)
Le populisme est fustigé comme une perversion de la politique et, en même temps, adoré pour la performance spectaculaire qu’il accomplit.» (1)
Alliés de raison ?
Presse et populisme doivent-ils être qualifiés d’alliés de raison?
Le politologue croit en tout cas pouvoir deviner entre eux une complicité construite sur le socle d’une promesse implicite de rendement médiatique.
«L’information spectacle et la politique
spectacle se rejoignent et fusionnent dans le populisme.»
Car «tous les chefs populistes sont des rhéteurs invincibles.
Tous sont des "bêtes de scène" ayant capacité à nourrir les micros et les caméras de leur prodigieuse verbosité.» (2)
Retour d'affection
Car «tous les chefs populistes sont des rhéteurs invincibles.
Tous sont des "bêtes de scène" ayant capacité à nourrir les micros et les caméras de leur prodigieuse verbosité.» (2)
Retour d'affection
Mieux: un autre point d’affinité existe, qui renvoie à l’émotion.
«Le populisme est une politique de
l’émotion.
Sans doute toute politique mobilise-t-elle une part d’émotion, mais la singularité de la politique populiste est de n’être qu’émotion.
C’est une politique médiatique jouant sur les ressorts affectifs: colère, peur, jalousie, envie, nostalgie, etc.» (3)
Conséquence: téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs sont au rendez-vous.
Sans doute toute politique mobilise-t-elle une part d’émotion, mais la singularité de la politique populiste est de n’être qu’émotion.
C’est une politique médiatique jouant sur les ressorts affectifs: colère, peur, jalousie, envie, nostalgie, etc.» (3)
Conséquence: téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs sont au rendez-vous.
Pour le plus grand
bonheur de chacun.
«Les acteurs populistes rassemblent de larges audiences et
suscitent un intérêt qui dépasse de beaucoup le cercle de leurs électeurs.
En se dégageant des cadres de la pensée extrémiste, de droite ou de gauche, pour opérer la métamorphose populiste, ils abandonnent les controverses idéologiques pour militants initiés au profit d’enjeux de société qui préoccupent les citoyens de base et qui sont cependant délaissés par les partis de gouvernement.
Avant d’être populistes, ces enjeux sont populaires.
Comme tels, presse, radios et télévisions peuvent d’autant moins ignorer ces enjeux qu’ils leur permettent de créer et de cultiver les liens qui les rattachent aux grandes audiences recherchées.» (4)
En se dégageant des cadres de la pensée extrémiste, de droite ou de gauche, pour opérer la métamorphose populiste, ils abandonnent les controverses idéologiques pour militants initiés au profit d’enjeux de société qui préoccupent les citoyens de base et qui sont cependant délaissés par les partis de gouvernement.
Avant d’être populistes, ces enjeux sont populaires.
Comme tels, presse, radios et télévisions peuvent d’autant moins ignorer ces enjeux qu’ils leur permettent de créer et de cultiver les liens qui les rattachent aux grandes audiences recherchées.» (4)
(A suivre)
Christophe Engels
(1) Reynié
Dominique, op. cit., pp.243.
(2) Reynié
Dominique, op. cit., pp.243.
(3) Reynié Dominique, op. cit., pp.243-244.
(4) Reynié
Dominique, op. cit., pp.244-245.
(6) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. Populisme. La gauche et la droite, c'est dépassé,
. L'homme grec est la mesure de toute chose...
L'homme cellulaire
«En tant que consommateur, l'homme redevient solitaire, ou cellulaire, tout
au plus grégaire (la T.V. en famille, le public de stade ou de cinéma,
etc.).
Les structures de consommation sont à la fois très fluides et
closes.
Peut-on imaginer une coalition des automobilistes contre la
vignette?
Une contestation collective de la Télévision?
Chacun des
millions de téléspectateurs peut être opposé à la publicité télévisée,
celle-ci se fera pourtant.
C'est que la consommation est d'abord
orchestrée comme un discours à soi-même, et tend à s'épuiser, avec ses
satisfactions et ses déceptions, dans cet échange minimum.
L'objet de la
consommation isole.
La sphère privée est sans négativité concrète,
parce qu'elle se referme sur ses objets, qui n'en n'ont pas. (...)
En gros donc, les consommateurs sont, en tant que tels, inconscients et inorganisés, comme pouvaient l'être les ouvriers du début du XIXe siècle.
En gros donc, les consommateurs sont, en tant que tels, inconscients et inorganisés, comme pouvaient l'être les ouvriers du début du XIXe siècle.
C'est à ce titre qu'ils sont partout exaltés, flattés, chantés
par les bons apôtres comme l'"Opinion Publique", réalité mystique,
providentielle et "souveraine".
Comme le Peuple est exalté par la
Démocratie pourvu qu'il y reste (c'est-à-dire n'intervienne pas sur la
scène politique et sociale), ainsi on reconnaît aux consommateurs la
souveraineté ("Powerfull consumer", selon Katona), pourvu qu'ils ne
cherchent pas à jouer comme tels sur la scène sociale.
Le Peuple, ce
sont les travailleurs, pourvus qu'ils soient inorganisés.
Le Public,
l'Opinion Publique, ce sont les consommateurs, pourvu qu'ils se
contentent de consommer.»(1)
(1) Baudrillard Jean, La Société de consommation,, Denoël, 1970
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