Cet
homme…
Cet homme concret...
Bon sang!
Mais c’est vous-même!
Attention!
Vous êtes dans le viseur
En
cette époque de vulgarisation tous azimuts qui est la nôtre,
l’expression «anthropologie philosophique» fait
presque office de gros mot.
Pourtant, à y regarder de plus près,
elle pourrait bien profiter de l’air du temps.
Non pas qu’un
Martin Heidegger, un Hans Georg Gadamer ou même un Paul Ricoeur soit
en passe d’enthousiasmer les foules.
Mais le projet de rejoindre une philosophie authentique en prenant appui sur le (toujours) très en vogue «développement personnel» est désormais porté par certains.
Mais le projet de rejoindre une philosophie authentique en prenant appui sur le (toujours) très en vogue «développement personnel» est désormais porté par certains.
Dont le philosophe français Michel Lacroix.
Qui, pour rappel, défend l’idée que le mouvement en question aurait tout à
gagner d’un élargissement en une «philosophie
de la réalisation de soi» (1).
Fût-ce
à un niveau infiniment plus convivial, loin -très loin- des
cénacles universitaires, un tel projet reflète l’esprit de
l’anthropologie philosophique…
Entre
philosophie et anthropologie, mon coeur balance
Qu’est
ce que l’homme?
Telle est la question posée par
l’anthropologie philosophique.
Qui n’est pourtant pas la seule à
s’interroger de la sorte...
La philosophie, en effet, lui fait
concurrence.
Tout comme l’anthropologie.
Oui,
mais…
Là
où la philosophie s’intéresse facilement à l’abstraction de
«l’humain»
ou de «l’humanité»,
l’anthropologie philosophique se penche sur l’homme concret.
«L’homme
en chair et en os,
précise le philosophe espagnol Miguel de Unamuno.
Celui
qui naît, souffre et meurt.
Par
ailleurs, là où l’anthropologie scientifique cherche à ramener à
l’objectivité et se méfie de l’introspection, l’anthropologie
philosophique s’appuie résolument sur l’intériorité.
Qui plus
est sur mon
intériorité.
Si
je cherche à découvrir l’homme, c’est donc directement, dans le
concret de ma propre existence.
En
la matière, Socrate (3) fait œuvre de précurseur.
Son «Connais-toi
toi-même»
renvoie à un double décentrement:
.
de l’extérieur (l’homme appréhendé objectivement) vers
l’intérieur (l’intériorité du «soi»),
.
de l’intérieur en général vers mon intérieur en particulier
(vécu à la première personne du singulier).
Le
philosophe grec appelle à se montrer courageux.
Assez courageux pour
voir ce qui vit en moi.
Assez courageux, aussi, pour admettre que
cette auto-connaissance n’est possible qu’en relation avec une
connaissance à la deuxième personne.
Ma connaissance de moi-même
n’a de sens que sous le regard de l’autre.
Me trouver, c’est te
trouver.
Tel sera aussi, huit siècles plus tard, le fondement du
«recueillement»
d’Augustin (4).
Il est au contraire la condition nécessaire d’une ouverture, à
l’autre et au monde. (6)
(A suivre)
Christophe Engels
(1) Lacroix Michel, Se
réaliser. Petite philosophie de l’épanouissement personnel,
Paris, Robert Laffont, coll. Réponses, 2008, p.22.
(2) Unamuno Miguel, Le sentiment tragique de la vie, Folio, Paris, 1997.
(3) 470-399 avant Jésus-Christ.
(4) 354-430.
(5) «Le
solipsisme désigne une clôture du sujet pensant sur lui-même à
l’exclusion de toute réalité extérieure dont il n’ a
aucune certitude qu’elle existe.»
(Alain Renaut (avec la collaboration de Jean-Cassien Billier,
Patrick Savidan et Ludivine Thiaw-Po-Une), La Philosophie, Albin
Michel, Paris, 2006, p. 208).
(6) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
(6) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents,
. des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés) et l'immigration.
. des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés) et l'immigration.
Un sursaut éthique pour l’Europe
RépondreSupprimerLes récentes élections au Parlement Européen ont aussi désigné le tiercé des États membres réunissant la plus grande proportion d’eurosceptiques : le Royaume-Uni et le Danemark avec 27% et la France avec 25%. En France, avec une participation de 42%, le score du Front National représente environ 10% des inscrits, soit 4,7 Millions de personnes sur 46,5 Millions d’inscrits. Beaucoup des presque 60% d’abstentionnistes manifestent un peu tard leur désolation. Celle-ci est aussi du côté des europhiles qui observent avec désarroi les marchandages et autres chantages pour désigner le futur président de la Commission européenne (du refus des électeurs du clivage habituel gauche/droite à la menace de démission d’un chef de gouvernement si tel candidat est désigné).
A qui la faute ? D’abord aux dirigeants des États eux-mêmes qui depuis bien longtemps laissent croire que les décisions prises sont dictées par l’Europe « dite de Bruxelles » et ses fonctionnaires sans visage. A peine une semaine après le séisme des élections il est intéressant d’entendre le député européen José Bové dénoncer l’attentisme de la France sur la culture des OGM. Il affirme en substance que le texte européen – dont il est l’un des artisans – donne aux États les marges de manœuvre pour des moratoires mais que le gouvernement français ne le faisait pas sous la pression des groupes d’intérêts ! Ce n’est plus la faute à l’Europe. On appréciera l’évolution du discours du syndicaliste agricole !
Cette appréciation illustre bien que le système européen est affublé des causes de ces maux que certains États membres sont incapables de traiter eux-mêmes. Prenons à titre d’exemple le slogan d’une Europe qui n’est pas assez sociale, alors que les États membres refusent depuis des lustres de transférer cette compétence au niveau communautaire. Résultat : une concurrence faussée entre États européens, par un dumping social qui ne dit pas son nom. Ce n’est pas la voie nationale qui changera quoi que ce soit, puisqu’elle est déjà manifestement à l’œuvre. Mettre sur la table la politique sociale et fiscale au plan européen sera seule à même de répondre aux défis du continent : être plus forts ensemble dans une société mondialisée et complexe ; mais en même temps, cette solidarité réclame des compromis pour déterminer et servir l’intérêt général au plan européen.
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