la mémoire,
les
difficultés
sont
multiples.
Et
renvoient
à bien
des écueils.
des écueils.
Politiques?
Econo-
miques?
miques?
Sociaux?
Oui, bien sûr.
Mais
aussi
psychiques.
psychiques.
Et
culturels.
«Peut-être qu'ils me prennent pour une folle...»
Danah
(1) se soumet elle-même au feu des questions existentielles.
Au
point de renoncer à toute présence dans les lieux publics.
Et
surtout d'éviter le recours aux transports en commun.
Non
seulement cette demandeuse d'asile guinéenne ne va pas bien.
Mais
elle s'isole chaque jour davantage.
Ennemi
intérieur
Pour
les réfugiés, de telles difficultés ne sont pas rares.
Empêchant
notamment de témoigner de leur passé.
Mais
la mémoire n'est pas seule en cause.
Bien
d'autres écueils psychiques se tiennent en embuscade.
«Se
sentir bouleversé en profondeur par le fait d'avoir été
soudainement confronté à la mort se retrouve chez chacun, qu'il
soit africain, européen ou asiatique, confirme la psychologue et
psychanalyste française Elise Pestre (2).
Avoir
été amené à connaître ce qu'aucun homme n'aurait dû voir ni
connaître -la cruauté humaine- ébranle dans leur édifice bon
nombre de sujets.» (3)
Le
traumatisme, en effet, est un fait universel.
Même
s'il se prolonge dans les spécificités d'une culture...
Vous
avez demandé la culture? Ne quittez pas...
Un
petit exemple vaut-il mieux qu'un long discours?
Abordons
donc celui de la solitude.
Que
les sociétés traditionnelles posent comme un interdit majeur.
S'extraire
du groupe?
Inacceptable!
S'écarter
de la communauté?
Un
tabou!
Jouer
le jeu de l'indépendance?
Une
infraction au code culturel!
«Je
me sens seul, avoue un Camerounais.
Et
j'ai peur de devenir fou.
Car
dans mon pays, seuls les fous sont isolés.» (4)
Comment,
dans ces conditions, ne pas comprendre que, pour le sujet dont la
psyché éparpillée ne trouve plus d'issue pour se rassembler, la
«reliance» au culturel ne relève plus du
simple choix?
Mais
qu'il soit ressenti comme une nécessité.
Comme
une obligation.
Comme
un impératif.
Danah
le sait mieux que personne.
«J'ai
honte, murmure-t-elle.
Honte
de ce que je suis devenue...» (5)
(A
suivre)
Christophe
Engels
(1) Cfr. Pestre Elise, La vie psychique des réfugiés, Payot et Rivages, coll. Petite bibliothèque Payot, Paris, 2010-2014, p.85.
(2) Elise Pestre est maîtresse de conférences à l'Université Paris-Diderot et chercheure au centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société.
(1) Cfr. Pestre Elise, La vie psychique des réfugiés, Payot et Rivages, coll. Petite bibliothèque Payot, Paris, 2010-2014, p.85.
(2) Elise Pestre est maîtresse de conférences à l'Université Paris-Diderot et chercheure au centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société.
(3) Pestre
Elise, La vie psychique des réfugiés, Payot et Rivages,
coll. Petite bibliothèque Payot, Paris, 2010-2014, pp.77-78.
(4) D'après
Pestre Elise, La vie psychique des réfugiés, Payot et
Rivages, coll. Petite bibliothèque Payot, Paris, 2010-2014,
pp.77-78.
(5) Pour
suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
.
la suite d'une série de messages consacrés à l'immigration,
.
des analyses sur la social-démocratie et l'écologie politique
(après le libéralisme
ainsi que l'humanisme
démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été
abordés).
Chers amis,
RépondreSupprimerNous vous rappelons que vous êtes attendus sur la Zone des Utopies Concrètes, tout le long du quai de Seine, les 27 et 28 septembre prochains :
http://festivaldesutopiesconcretes.org/
Pour le collectif Roosevelt, les questions écologiques ne sont pas séparables des questions économiques et sociales.
Nous vous invitons à nous rejoindre nombreux autour du stand du collectif Roosevelt (emplacement précis sur le quai à découvrir sur place), entre le samedi 10h et le dimanche 18h,
• pour des échanges informels
• pour des ateliers autogérés se constituant autour d’une question
• pour des actions « porteur de parole »
• pour des temps forts de rencontre, particulièrement le pique-nique le dimanche 28 à partir de 12h30
Nous voyons dans cet événement de rentrée, prévu en un lieu central assez facilement accessible de toute l'Ile de France, l'occasion de réfléchir avec vous sur les meilleures initiatives à prendre pour lancer ou relancer localement des groupes de personnes désireuses de mener
ensemble tout à la fois un travail de formation sur les 15 propositions du manifeste du collectif Roosevelt et des actions de "promotion" de ce programme.
Nous souhaitons entendre vos demandes, vos suggestions, et sommes prêts à vous aider, pour annoncer ou conduire une première réunion, ou mener à bien toute initiative que vous souhaiteriez prendre, soit sur votre lieu
de résidence ou de travail, soit avec des groupes locaux actifs que vos contraintes propres vous permettraient de rejoindre.
De façon plus immédiate et tout à fait concrète, nous vous demandons de nous indiquer (lien ci-dessous) si vous prévoyez de passer un moment sur le stand avec nous samedi ou dimanche.
Merci d'avance
http://framadate.org/rr3pvt7deo33f5ds
Merci aux référents destinataires de renvoyer ce message vers leurs groupes locaux
À très bientôt
Odile Kouteynikoff
coordinatrice en Ile de France
0(033)6 89 16 74 65
Guérir une France malade : prenons le contrepied
RépondreSupprimerLes sujets de satisfaction et d’espoir ne sont pas légion en cette rentrée 2014. Le monde ne va pas bien. La crise de civilisation que nous nous sommes efforcés de caractériser, en reliant ses aspects écologiques, économiques, sociaux et éthiques, produit de plus en plus de situations aussi inextricables qu’inhumaines, comme nous le constatons tous les jours en ouvrant un journal ou en branchant notre poste. Dans ce monde maltraité par la domination d’une finance non maîtrisée, l’Europe tire mal son épingle du jeu, et, à l’intérieur de cette Europe, notre pays se ressent comme profondément malade, dans une attitude qui frôle la schizophrénie : nous attendons le salut d’un monde politique que nous rejetons de plus en plus.
Prenons délibérément le contrepied de ce que nous entendons tous les jours, et, en cohérence avec nos engagements, posons-nous d’abord à nous-mêmes la question cruciale : quelle est notre part dans le développement de cette terrible maladie, et que pouvons-nous faire pour la soigner ? Notre part, c’est d’abord le pessimisme qui nous paralyse. Arrêtons donc de nous lamenter sur le déficit d’engagement de nos concitoyens. Allons plutôt les rencontrer dans les multiples initiatives locales (échanges de savoir, solidarité, écologie urbaine, éducation…) qui dynamisent nos territoires. C’est avec eux que s’édifiera la société civique qui, d’étape en étape, de regroupement en convergence, coproduira les changements nécessaires. Réfléchissons aux conditions qui rendront ces rencontres fructueuses : une grande ouverture d’esprit, mais aussi le souci d’apporter ce que nous sommes à la construction commune, sans vanité mais sans complexe.
Et les organisations, entreprises, administrations, collectifs, associations, syndicats auxquels nous participons à des degrés divers, comment influent-ils sur la santé du malade ? Reconnaissons qu’il est plus facile et plus « tendance » de « faire porter le chapeau » au gouvernement, à l’Europe ou à la finance internationale que de relever méthodiquement, de décrypter et de dénoncer toutes les attitudes collectives qui s’opposent sournoisement à l’intérêt général en masquant ou en déformant la réalité, en défendant, le cœur sur la main, des intérêts catégoriels et des positions acquises. (...)
(...) Ajoutons que ce type d’attitude n’est pas cantonné au domaine économique : la compétition concerne tout autant les positions de pouvoir et de prestige intellectuel, les places acquises dans le collectif de travail ou dans la sphère « citoyenne », la défense de situations d’autorité dérisoires, ou le refus d’admettre de « nouveaux entrants » ; toutes stratégies plus ou moins conscientes qui favorisent la dispersion et bloquent les convergences nécessaires.
RépondreSupprimerLa guérison de notre maladie, c’est aussi l’affaire des partis politiques. L’amélioration des conditions d’exercice du pouvoir (mandat unique …) et du comportement éthique des élus ne sauraient suffire à enrayer le processus de désintégration dans lequel ils sont engagés. La mutation nécessaire est d’un autre niveau : il s’agit pour eux, renonçant à détenir la totalité du pouvoir politique, de s’appuyer sur cette société civique naissante pour favoriser son expression et coconstruire avec elle les programmes politiques, les institutions et les procédures qui permettront à notre société de réussir sa mutation démocratique.
Bien sûr, le gouvernement a un rôle particulier, et primordial, dans le traitement du malade. Un préalable indispensable est d'expliquer clairement, et sans cantonner le discours politique à la seule sphère économique, la nature du mal, le contexte dans lequel il se développe, les stratégies possibles et la thérapeutique choisie.
Inutile d’insister sur les résultats chiffrés de l’action gouvernementale, qui ne sont pas bons ; tout le monde en convient, oubliant souvent d’ajouter au bilan d’incontestables avancées moins facilement chiffrables. Mais la manière dont sont conduites les réformes n’est pas non plus satisfaisante : certes, la négociation sociale est encouragée par le gouvernement, qui valide ses résultats, ce qui constitue un grand progrès, même si ceux-ci ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux. Mais la créativité parlementaire n’est pas ou très peu exploitée ; la participation citoyenne, sans être inexistante (certains ministères ont lancé des démarches intéressantes), ne semble pas influer sur le cours des choses et sur les décisions prises. Les multiples opportunités de mise en œuvre de processus démocratiques sont loin d’être saisies comme elles le pourraient.
Bien peu d’efforts sont déployés pour réaliser la nécessaire jonction avec la « société civique » en gestation. On assiste plutôt, sous l’effet des coupes budgétaires, à une asphyxie de la vie associative. Les initiatives pour responsabiliser les citoyens et les usagers, faciliter leur engagement au service du bien commun, et réinventer une éducation populaire et citoyenne apparaissent, au-delà des déclarations d’intention et de quelques actions symboliques (comme l’opération « La France s’engage »), bien ténues.
Tel est le message que souhaite porter notre collectif. Il s’adresse à tous les acteurs de la vie publique et à tous les citoyens. Il fournit des remèdes et pistes thérapeutiques, mais surtout, un certain état d’esprit, une certaine éthique à partager. Le Pacte Civique a, plus que jamais, un rôle à jouer pour réaliser la promesse démocratique qu’appelle la situation de notre pays : un peuple citoyen donnant sens et force à la démocratie et ainsi foi en la politique.
Le Bureau du Pacte civique
http://www.pacte-civique.org/Accueil