lundi 12 septembre 2011

Post-libéralisme. Ecolo-humanisme ?

Le développement durable, oui.
Mais pas à tout prix.
Car priorité doit rester
à l'humain.
Dixit Laurent de Briey.
(1)
Dont, en un sens,
le post-libéralisme
pourrait être apparenté
à un écolo-humanisme doux...



Laurent de Briey


L’humanisme ne peut que donner raison aux écologistes lorsqu’ils estiment que la crise économique illustre l’absurdité d’un modèle de développement basé sur une croissance infinie dans un monde fini.
Il les rejoint dans la dénonciation d’un développement économique qui semble aujourd’hui être devenu sa propre fin.
Un modèle de développement plus humain est incontestablement un modèle de développement plus durable, mais il ne s’y réduit pas.
Il est indispensable d’internaliser, notamment au moyen de la fiscalité, les coûts environnementaux qui aujourd’hui n’apparaissent pas dans la formation des prix.
Il est indispensable de repenser nos modes de production et de consommation d’énergie.
Mais il est également crucial d’évaluer l’apport social, sans commune mesure avec leur valeur marchande, des services aux personnes, souvent informels ou bénévoles, dont l’importance ne pourra que croître avec le vieillissement de la population.
On ne pourra pas non plus faire l’impasse d’une réflexion collective sur la finalité de notre consommation matérielle et sur la place qu’occupe dans notre mode de production la création de biens non matériels, notamment l’enseignement et la formation.

On se calme!

L’humanisme est, par contre, en contradiction directe avec les formes les plus radicales de l’écologie.

Il n’est pas possible de se revendiquer de l’humanisme et de renoncer aux idéaux de progrès et de développement.
Il n’est pas possible de se revendiquer de l’humanisme et de vouloir assigner à l’homme le respect d’un ordre écologique qui le dépasserait.
Les humanistes n’ont, à vrai dire, pas plus confiance dans la «main invisible» de la nature que dans celle du marché ou que dans la main de fer de l’État.

L’humanisme s’enracine dans le projet moderne d’une transformation de la nature afin de favoriser l’accomplissement de l’homme, mais exige de prendre conscience que toute transformation de la nature présuppose l’existence de celle-ci et implique le respect des conditions de sa reproduction.
Ce n’est pas au nom de la nature en tant que telle, mais des hommes et des femmes qui doivent vivre en son sein qu’il importe de se préoccuper du réchauffement climatique, de la prolifération nucléaire ou des développements de l’agriculture génétiquement modifiée.
La crise, d’ailleurs, illustre combien ce sont les personnes les plus fragilisées qui supportent le coût de la décroissance souhaitée par certains écologistes.
Ce que le défi environnemental démontre aujourd’hui, ce n’est pas la nécessité de renoncer à toute forme de croissance, mais celle de revoir notre mode de développement.

Un peu d'éducation...!

L’humanisme est, également, en désaccord avec le libéralisme moral promu par certains courants écologiques.
Ceux-ci prônent l’épanouissement de l’homme, compris comme un processus naturel qui se réalise spontanément s’il est préservé des contraintes extérieures.
Cette foi dans la nature humaine rejoint ici la conception libérale de la liberté, réduisant l’idéal d’émancipation à la seule déconstruction des normes (sociales, culturelles...) qui restreindraient l’épanouissement individuel.
Pour l’humanisme, l’émancipation recherchée est une émancipation par rapport à une nature humaine qui est perçue comme n’étant ni intrinsèquement positive ou négative, mais comme devant être éduquée par notre conscience afin d’en réaliser les potentialités que l’on juge les meilleures. (2)(3)

(A suivre)

Laurent de Briey

(1) Laurent de Briey a notamment écrit Le sens du politique (Mardaga, Wavre (Belgique), 2009). Il est directeur du Centre d’études politiques, économiques et sociales (CEPESS), proche de ce parti politique de Belgique francophone qu'est le Centre Démocrate Humaniste. Auquel, pour rappel, ni ce blog ni son initiateur ne sont liés de près ou de loin.
(2) Le contenu de ce message nous a été envoyé par son auteur, Laurent De Briey, que nous remercions. Il est extrait d'un texte global qui a déjà fait l'objet d'une première publication: De Briey Laurent, L'humanisme, un projet politique spécifique, in Politique-Revue de débats, numéro 66, septembre-octobre 2010, pp.71-74. Ci-dessus, les titre, chapeau et inter-titres sont de la rédaction.
(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. au (post-)libéralisme (par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels,
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

2 commentaires:

  1. Apreciadas amigas

    Es una alegría para el Instituto Emmanuel Mounier Argentina comunicarles esta excelente noticia para el personalismo iberoamericano: la reciente fundación en Guatemala de la ASOCIACIÓN IBEROAMERICANA DE PERSONALISMO, cuya crónica viva de puño y letra de su fundador, Juan Manuel Burgos, pueden leer en la siguiente dirección de nuestro web site.

    http://www.personalismo.net/instituto/

    Con cordiales saludos para todos

    Inés Riego
    Instituto Emmanuel Mounier Argentina
    www.personalismo.net

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  2. Invitations à l'Imaginaire
    23 septembre

    Mesdames, Messieurs,

    Le CeaQ recommence ses activités pour cette rentrée 2011 et a le plaisir de vous inviter à la prochaine rencontre "Invitations à l'Imaginaire" du 23 septembre autour du thème: Modes de vie esthétiques

    Comment échapper à l'uniformisation galopante induite par la communication de masse ? Sinon par l'irruption de l'affect, du sensible, de ces attitudes où l'humour, la séduction, le désintéressement reprennent une indéniable vigueur. Un nouvel ordre symbolique reconnaissant le prix des choses sans prix est en gestation. Il faut savoir, hors des sentiers battus, penser la mutation en cours.

    Michel Maffesoli recevra le philosophe italien Mario Perniola, auteur de "Contre la Communication" (ed. Lignes) avec Claire MARGAT philosophe, journaliste à Art Press, et Vincenzo SUSCA, maître de conférence à Montpellier.
    Le vendredi 23 septembre 2011 à 19h.
    Entrée libre

    Fondation d'Entreprise Ricard
    12 rue boissy d'anglas
    75008 Paris
    Metro: Concorde ou Madeleine
    www.fondation-entreprise-ricard.com

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