vendredi 25 juillet 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (44) Militants spi. La spiritualité nouvelle est arrivée





La spiritualité contemporaine?
Un ressenti 
qui s'éprouve
au croisement 
de deux ou trois types d'appel...
Appel personnel 
d'une vie intérieure.
Appels transpersonnels 
au monde et/ou à l'univers.
Et éventuellement appel à Dieu.





La spiritualité contemporaine apparaît comme un espace de sens. 
Mais ce sens est plus intuitif que raisonné. 
Au lieu de s’appréhender dans le rationnel, il concerne le vécu. 
Loin de se penser, il s’éprouve. 
Spontané ou 
favorisé, ce ressenti accompagne un double mouvement:
• celui qui appelle à s’affranchir du moi exclusif,
• celui qui autorise à dépasser le singulier de la personne.
Si la spiritualité indique une direction, c’est donc celle de la sortie. 

Exit le «tout à l’ego»! 
Une quête de paix intérieure incite non seulement à s’échapper de la prison des intérêts égocentriques et égoïstes pour s’aventurer à travers les idéaux du soi (1), mais aussi à franchir TOUT ou PARTIE d’un cheminement consistant à
• rejoindre autrui (l’autre choisi et connu, voire les autres, inconnus, indifférents, adversaires, sinon ennemis),
• se relier au monde et/ou à l’univers,
• établir le contact avec Dieu
(2).
 

Elémentaire, ma chère personne...

Sortir du moi, donc, pour mieux entrer en communion avec le monde, avec l’univers, voire avec Dieu: on retrouve là une manière assez traditionnelle d’envisager le concept de spiritualité. 
On pourra en revanche s’étonner de voir celui-ci aspirer la relation à l’autre. 
Peut-être doit-on déceler dans cet élargissement sémantique le signe d’une influence du bouddhisme. 
Celui-ci considère en effet qu’au-delà des convictions religieuses, il existe un deuxième niveau de spiritualité.
«C’est ce que j’appellerais la spiritualité élémentaire, explique le dalaï-lama. 

Il s’agit des qualités élémentaires de base: la bonté, la gentillesse, la compassion, le souci de l’autre. 
Que l’on soit croyant ou non-croyant, cette sorte de spiritualité est essentielle» (3).
La voie la plus directe pour accéder à la spiritualité serait-elle donc celle du transpersonnel, sur laquelle on s’engage seul, sans trop savoir où elle nous mènera?
Ce chemin, en tout cas, s’apparente à un processus permettant à quiconque de sortir du moi et même du soi. 
Il s’agit en effet d’aller doublement plus loin. 
Plus loin en soi, d’une part. 
Plus loin hors de soi, d’autre part: vers l’autre, les autres, le monde, l’univers, voire Dieu.
 

Trois appels en... présence

La spiritualité s’éprouve donc au croisement de deux ou trois types d'appel...
• Appel personnel d’une vie intérieure, d’un sentiment d’exister aussi intimement qu’harmonieusement (intériorité).
• Appels transpersonnels qui supposent de se sentir relié à autrui, au monde et/ou à l’univers par autre chose que des nécessités pratiques ou des liens formels (spiritualité laïque).
• éventuellement, appel de Dieu (spiritualité religieuse).
Construite sur l’intériorité –socle indispensable mais insuffisant pour parler de spiritualité–, la spiritualité se décline donc selon plusieurs modalités qui peuvent se ramener à ces deux grandes lignes de force que sont la spiritualité laïque et la spiritualité religieuse.
• L’intériorité, c’est une déliance
(4) par rapport au passe-droit de l’ego et une reliance avec soi: elle se traduit par une remise en cause de cette vision du monde individualiste qui engage à ne penser qu’en fonction de «moi» et à n’agir que pour «moi».
• La spiritualité laïque, c’est une reliance
– altruiste restrictive (avec l’autre choisi et connu),
– altruiste collective (avec l’autre des communautariens: celui qui me ressemble),
– altruiste inconditionnelle (avec l’autre universel: autrui en général),
– écologique (avec le monde),
– et/ou cosmique (avec l’univers).
• La spiritualité religieuse, c’est une reliance avec Dieu.
(5)(6)

(A suivre)

Christophe Engels


(1) Le soi, rappelons-le en nous inspirant de Paul Ricoeur, est un pronom qui ne prend pas par hasard la forme réflexive. Sa signification est à l’avenant. Elle renvoie à une relation de réflexivité qui désigne un mouvement partant d’un point pour y revenir. Le soi a le caractère du pli. Il sort de lui-même pour revenir à… soi, non sans avoir profité du passage par autrui pour se transformer.
(2) Peu importe ici, évidemment, qu’il s’agisse d’un Dieu chrétien, musulman, hindouiste ou autre.
(3) Dalaï-Lama et Cutler Howard, L’art du bonheur, Robert Laffont, Paris, 1999, p. 277.
(4) Encore un mot initié par le psychosociologue belge Marcel Bolle de Bal.  

(5) Ce message est extrait de Engels Christophe, Touche pas à ma spiritualité!, Perso/Regards personnalistes, n°15, mai 2008, pp.4-9. (6) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents,
. des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés) et l'immigration.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire