Retrouver de la cohérence.
Recréer
du sens.
Et
se reconstruire.
Le
tout au bon moment.
Et
de façon à être entendu.
Tel
est le quintuple défi du réfugié.
Pour l'autobiographe, écrire le récit de sa vie, c'est bien souvent apprendre à accéder à une meilleure compréhension de soi.
Une
quête qui, pour le rescapé, se fait impérative.
Car
pour lui, il n'est plus question de mieux se connaître, mais de se
retrouver.
Plus
question de mieux vivre, mais de revivre.
Plus
question de choix, mais de nécessité.
«Parler,
écrire, est, pour le déporté qui revient, un besoin aussi immédiat
et aussi fort que son besoin de calcium, de sucre, de soleil, de
viande, de sommeil, de silence,
estime le romancier français Georges Perec (1).
Il
n'est pas vrai qu'il peut se taire et oublier.
Il
faut d'abord qu'il se souvienne.
Il
faut qu'il explique, qu'il raconte, qu'il domine ce monde dont il fut
la victime.» (2)
Mais
la motivation se résume-t-elle au fait de narrer sa vie jour après
jour?
Non.
Il
s'agit de retrouver de la cohérence.
De
recréer du sens.
De
se reconstruire.
Le
tout en racontant au moment et de la façon qui conviennent.
Histoire
d'être entendu.
Le
bon moment
Dès
octobre 1945, Primo Levi (3) avait commencé à écrire son premier
livre «Si c'est un homme».
Il
l'avait fait à la hâte.
Avec fièvre.
Et dans
une sorte d'allégresse...
«Les
choses que j'avais vécues, souffertes, me brûlaient de l'intérieur,
écrivit-il plus tard.
Je
me sentais plus proches des morts que des vivants, je me sentais
coupable d'être un homme, parce que les hommes avaient construit
Auschwitz et qu'Auchwitz avait englouti des millions d'êtres
humains, nombre d'amis personnels et une femme qui était près de
mon coeur.
Il
me semblait que je me purifierais en racontant. (...)
En
écrivant, je retrouvais des bribes de paix et je redevenais un
homme, un parmi les autres, ni martyr ni infâme ni saint, l'un de
ces hommes qui fondent une famille et qui regardent vers l'avenir
autant que vers le passé.» (4)
C'est
en s'astreignant aux joies sévères de l'écriture, grâce à elle
donc, que Primo Levi se sentit revenir à la vie.
Qui
plus est, il donna naissance à un chef d'oeuvre de retenue, de
lucidité et de compassion.
Un
livre incomparable... qui ne trouva cependant pas preneur!
Refusé par toutes les bonnes maisons, il fut finalement publié par un petit éditeur.
Refusé par toutes les bonnes maisons, il fut finalement publié par un petit éditeur.
Et
passa totalement inaperçu.
«Ainsi
semblait s'accomplir un rêve qu'il rapporte, un cauchemar de
déporté, explique l'écrivain
espagnol Jorge Semprun (5).
On
est rentré à la maison, on raconte avec passion et force détails
dans le cercle familial l'expérience vécue, les souffrances
passées.
Mais
personne ne vous croit.
Vos
récits finissent par créer une sorte de gêne, provoquant un
silence qui s'épaissit.» (6)
Il
faudrait patienter de longues années avant que l'ouvrage ne
rencontre la consécration d'un large public et d'une multitude de
traductions, partout dans le monde.
Unhappy
end
Happy
end?
Pas
vraiment.
Car
l'histoire s'achèverait finalement sur un funeste rebondissement.
Le
11 avril 1987, Primo Levi choisirait de se donner la mort.
«Une
ultime fois, sans recours ni remède, l'angoisse s'était imposée,
tout simplement.
Sans esquive ni espoir possibles. (...)
Sans esquive ni espoir possibles. (...)
Rien
n'était vrai en dehors du camp, tout simplement.
Le
reste n'aura été que brève vacance, illusion des sens, songe
incertain: voilà.» (7)(8)
(A
suivre)
Christophe
Engels
(1) 1936-1982.
(2) Perec
Georges, Une aventure des années soixante, Seuil, Paris.
(3) Ingénieur
chimiste juif et italien, Primo Levi (1919-1987) est déporté en
février 1944 à Auschwitz. Il sera libéré par l'Armée rouge le
27 janvier 1945. Et livrera son premier témoignage dans «Si
c'est un homme», publié dès 1947.
(4) Cité
in Semprun Jorge, L'écriture ou la vie, Gallimard,
coll. Folioplus classiques, Paris, 1994-2012, pp.286-287.
(5) Jorge
Semprun (1923-2011) a été arrêté en 1943 par la Gestapo et
envoyé au camp de concentration de Buchenwald. Libéré par les
troupes de Patton en 1945, il s'est consacré à la résistance au
régime de Franco, à la militance communiste, puis à l'écriture. Et il deviendra ministre espagnol de la culture1. Il sera élu à
l'académie Goncourt en 1996.
(6) Semprun
Jorge, L'écriture ou la vie, Gallimard, coll. Folioplus
classiques, Paris, 1994-2012, pp.286-287.
(7) Semprun
Jorge, idem, pp.286-287.
(8) Pour
suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
.
la suite d'une série de messages consacrés à l'immigration,
.
des analyses sur la social-démocratie et l'écologie politique
(après le libéralisme
ainsi que l'humanisme
démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été
abordés).
Il n'y a pas une université du PAS de COTE mais des Universités du PAS de COTE et nous vous invitons à en créer une sur votre bassin de vie.
RépondreSupprimerCes universités doivent être des lieux de rencontres et de débats entre "gens de peu" que nous sommes , ceci en dehors de toutes les querelles politiciennes ou revendicatives pour chercher comment "bien vivre ensemble "
universite_du_pas_de_cote@orange.fr
Nous pouvons vous annoncer dés aujourd'hui les premières rencontres du 'Pas de Coté" du 17 AU 25 Mai 2015
Cela se passe donc à Saint Georges de Montclard en Dordogne, sur le terain privé au bord de la D21E , appelé : Espace Lambert (1,5 Ha), l'espace dispose de sanitaires, électricité, de l'ombre , parking, un cabanon qui sert de buvette, etc etc.
Notre village a 280 habitants.
Notre asso : le Collectif Artistique de Saint Georges de Montclard ^dispose librement de la salle polyvalente située à 50 m de l'Espace Lambert. , une autre espace ici : la Halle dans le centre du Bourg à 180 mètres.
universite_du_pas_de_cote@orange.fr
Belgique
RépondreSupprimerA la tribune des Grandes Conférences Catholiques
le lundi 20 octobre 2014
Benoît Lengelé
de l’Académie Royale de Belgique,
Professeur ordinaire à l’Université catholique de Louvain,
Chirurgien de Sa Majesté le Roi Albert II
Avec la première greffe de visage humain, dont le professeur Benoît Lengelé fut un des artisans, la « chimère faciale » a quitté en 2005 l’univers des mythes et légendes pour entrer dans la réalité médicale du monde présent. Devenu aujourd’hui un fait de science, le « visage recomposé » nous questionne sur ce qui fait l’identité de la figure humaine. En évoquant les chemins de la première greffe de visage, le professeur Lengelé nous éclairera, à travers son expérience au chevet des malades défigurés, sur la nature de l’image de l’Humain. Benoît Lengelé a choisi comme titre de sa conférence à notre tribune : « Le visage de la chimère : leçons d’un mythe devenu réalité ».
Renseignements et inscriptions :
Grandes Conférences Catholiques, avenue Louise 149/21 à 1050 Bruxelles
Tél. : 0(032)2/543 70 99 (du lundi au vendredi de 9 à 12 heures)
Télécopie : 0(032)2/543 70 98
Courriel : gcc@grandesconferences.be
Internet :www.grandesconferences.be
Tarifs : Fauteuil 25€ - Balcon 20€ - Etudiant 9€
La conférence se tient au « Square Brussels Meeting Centre » (ancien Palais des Congrès), rue Mont des Arts à 1000 Bruxelles, le lundi 20 octobre 2014 à 20h30 précises.
Agenda :
Le lundi 24 novembre 2014, Jean-Noël Jeanneney, Historien, Ancien ministre, Président honoraire de la Bibliothèque nationale de France.