vendredi 10 octobre 2014

Immigration. Mots pour maux



















Témoigner, c'est rassembler 
ce qui a été démantelé
Oui, mais...
Autant l'écriture testimoniale
favorise l'intégration 
d'éléments psychiques,
autant, 
dans le même temps, 
elle revêt 
des aspects périlleux.
Attention! Danger...


On l'a vu: l'écrivain espagnol Jorge Semprun pratiqua dans un premier temps ce qu'il appelle «amnésie volontaire».
Soit, donc, un phénomène qui consiste à «devenir un autre pour pouvoir rester soi-même». (1)
«Pour que le réfugié traumatisé puisse s'exprimer sans dommages, la charge traumatique doit aussi avoir été traitée, au moins partiellement, explique la psychologue et psychanalyste française Elise Pestre (2).
Confiance et sentiment de sécurité doivent donc avoir été recouvrés a minima.
Sans cela, des stratégies importantes d'évitement seront déployées afin d'éviter toute nouvelle mise en péril.
Et celui qui ne dispose pas de mots aura tendance à s'enferrer dans la répétition et le déni.
Parler du vécu équivaut, dans certaines situations cliniques, à mettre de l'acide sur des plaies, encore à vif.» (3)

L'assassin intérieur

Le trauma ne peut donc en aucun cas faire l'objet d'une mise en récit s'il n'a pas été, au moins partiellement, dépassé.
«L'entrée prématurée dans un procédé discursif peut déclencher une charge pulsionnelle, la mémoire en veille se ravivant trop brusquement.» (4)
C'est pourquoi la formule d'«écriture à risques» de Rachel Rosenblum s'avère appropriée pour qualifier les productions testimoniales des réfugiés.
«Ces "récits redoutables" inscrivent le survivant dans une nudité absolue.
Et il me semble que le fait même de témoigner en continu, lorsque cet acte se combine à une réception inappropriée et collective, met en jeu la mort du sujet, voire son meurtre.» (5)

Double tranchant

L'écriture ne peut-elle pas, chez certains sujets, assurer une fonction salvatrice?
«La "mise en terre", par le biais des mots, apaise dans certains cas la mémoire et peut restructurer ce qui a été désorganisé.
Mais parfois, (...) le langage ne fait plus suppléance à ce qui fait tant défaut.
A l'inverse, les mots ravivent les souffrances.» (6)
Témoigner, qui plus est malgré soi, perpétue, parfois à tout jamais, le traumatisme.
Un péril qui, le cas échéant, échouera à hisser le témoignage au rang de refuge pour l'instituer en gouffre béant... (7)

(A suivre)

Christophe Engels


(1) Pestre Elise, La vie psychique des réfugiés, Payot et Rivages, coll. Petite bibliothèque Payot, Paris, 2010-2014, p.147.
(2) Elise Pestre est maîtresse de conférences à l'Université Paris-Diderot et chercheure au centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société. 
(3) Pestre Elise, ibidem, p.148 . 
(4) Pestre Elise, ibidem, Paris, p.155. 
(5) Pestre Elise, ibidem, p.159. 
(6) Pestre Elise, ibidem, pp.160-161. 
(7) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute): 
 . la suite d'une série de messages consacrés à l'immigration,
. des analyses sur la social-démocratie et l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés).


4 commentaires:

  1. Belgique

    Journée d’étude vendredi 28.11.2014, de 10h à 18h30
    aux Halles de Schaerbeek (rue Royale Sainte-Marie 22a, 1030 Bruxelles)
    PAF 12 € (déjeuner inclus)

    Inscriptions jusqu’au 20 novembre, en cliquant ici
    Infos : info@cultureetdemocratie.be +32 (0)2 502 12 15
    www.cultureetdemocratie.be

    « Une société vit de sa capacité à se remettre en cause, à se repenser en fonction des réalités qu’elle rencontre et des objectifs qu’elle se fixe. Dans ce permanent effort de renouvellement, les activités artistiques et particulièrement la dynamique de création qui est à leur principe, occupent une position vitale. » Manifeste de Culture & Démocratie, 1993

    La vitalité d’une organisation se mesure à sa capacité à mettre régulièrement en cause ses priorités. Culture & Démocratie clôture l’année de son vingtième anniversaire par une journée d’étude intitulée «Culture et démocratie ? Questionner les évidences», un exercice résolument critique, conduit avec celles et ceux qui ont fait et font ce que nous sommes aujourd’hui.
    Il y a 20 ans, Culture & Démocratie s’est constituée autour d’une conviction: la culture, les arts et la création alimentent en profondeur la substance d’une démocratie et doivent, à ce titre, être au cœur de l’organisation de nos sociétés.
    Cette conviction est, aujourd’hui encore, la source vive de l’action de Culture & Démocratie.
    Ce qui n’interdit pas d’en mesurer le sens et la pertinence actuels. En quoi est-il toujours fondé d’affirmer que la culture, les arts et la création constituent des matériaux essentiels aux processus d’émancipation et à toute construction démocratique ? Pourquoi, encore davantage aujourd’hui, interroger la démocratie, la culture et leur articulation ? Comment réaliser chaque jour l’utopie fondatrice de l’association ? Des intervenants, membres ou non de Culture & Démocratie, conduiront cette journée de réflexions et de débats. Un « grand témoin » synthétisera les échanges avec un public que nous espérons nombreux et critique, et pointera les défis à venir.
    9h30 Ouverture des portes

    10h00 Introduction de Sabine de Ville (présidente de Culture & Démocratie)

    10h20 Démocratie et culture : rouvrir les chemins d’émancipation
    Édouard Delruelle (philosophe, enseignant – ULG) – En finir avec la modernité ?
    L’idéal démocratique, celui des droits de l’homme, de la souveraineté populaire et de l’émancipation individuelle et sociale, constitue le récit fondateur de la modernité politique. C’est ce même récit qui, aujourd’hui encore, sert de cadre symbolique
    à l’organisation politique de nos sociétés. Quelle est encore son actualité, sa pertinence, après la « guerre civile européenne » qui déchira le XXe siècle, puis le triomphe du néolibéralisme ? Le grand récit de la modernité n’a-t-il pas été instrumentalisé par une oligarchie qui usurpe ses composantes fondatrices afin de mieux assoir sa domination ?
    Devons-nous pour autant l’abandonner ou doit-on au contraire le préserver au prix de luttes plus radicales ? Quel rôle les arts peuvent-ils jouer dans cet effort de sauvegarde ? La « culture » est-elle devenue un outil politique de pacification, de neutralisation ou bien offre-t-elle au contraire un espace à la contestation comme vecteur d’émancipation ?
    Intervention suivie d’un débat avec : Bernard Foccroulle (musicien, directeur du Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence), Pierre Hemptinne (écrivain, directeur de la médiation culturelle à PointCulture)
    Modération : Nadine Plateau (administratrice de SOPHIA, réseau bicommunautaire des études de genre)

    12h30 Pause déjeuner
    ./...

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  2. ./...
    14h00 Culture et démocratie : le refus des assignations
    Christian Ruby (philosophe, enseignant - Paris) – La culture n’est pas un remède
    Christian Ruby partira de la question suivante : Sommes-nous aujourd’hui aussi certains qu’hier de pouvoir opposer le maniement du dictionnaire à celui des armes ? Constatant que l’ancien paradigme de la culture (la culture élévation) est déchu, ses survivances virant souvent à une police de la culture, il s’agira d’examiner la possibilité de construire une autre conception de la culture, à partir de l’idée d’une « culture de soi » qui renverrait à des trajectoires multiples, à une redéfinition permanente de la question du commun par la confrontation et le débat. Cette « culture de soi » permettrait une émancipation au sens d’un apprentissage du refus des assignations. Cet examen reviendra tant sur la question des droits culturels que sur celle de l’action culturelle et artistique dans des lieux où elle est traditionnellement peu ou pas présente (tels les écoles, les prisons, les hôpitaux, les CPAS).
    Quels espaces de confrontation et de débat pouvons-nous espérer ouvrir ?
    Intervention suivie d’un débat avec : Arnaud Théval (artiste), Carine Fol (directrice artistique de la CENTRALE for contemporary art)
    Modération : Nadine Plateau (administratrice de SOPHIA, réseau bicommunautaire des études de genre)

    16h15 Conclusion par Sabine de Ville (présidente de Culture & Démocratie)

    16h45 Synthèse de Françoise Tulkens (ancienne juge et vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, membre associée de l’Académie royale de Belgique)

    17h15 Drink
    La librairie Joli Mai proposera tout au long de la journée une sélection d’ouvrages thématiques, parmi lesquels ceux des intervenants.

    CULTURE & DEMOCRATIE
    Fondée en 1993, constituée en asbl en 1994, association d’éducation permanente depuis 2010, Culture & Démocratie est une plate-forme de réflexion, d’observation, d’échange et de sensibilisation à ce qui lie la culture et la démocratie. Cette articulation nourrit l’association depuis son origine, dans un dissensus structurel fécond. Culture & Démocratie développe une approche critique du concept de culture, explore les questions de l’accès à la vie culturelle, de la participation culturelle, de la dimension culturelle des politiques publiques et des droits culturels. Ces dossiers sont explorés en chantiers thématiques – art et santé, culture et enseignement, culture et prison, culture et travail social, et transversalement, droit de participer à la vie culturelle – qui donnent lieu à des échanges et publications.

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  3. Bonjour



    Les minorités religieuses (Yésidis, chrétiens et autres) sont persécutées très cruellement par DAESH en Syrie et en Irak.

    Les pays européens et autres devraient offrir une protection aux personnes de ces minorités.

    Dans nos Etats du Nord, de nombreux hameaux et villages sont devenus vides d'habitants. Certaines villes sont aussi particulièrement dépeuplées.

    Il est donc possible d'héberger pour un temps de pacification les personnes persécutées.



    Quant au coût budgétaire, il suffirait de quelques minutes de volonté et de courage politiques pour trouver des solutions. Par exemple, pourquoi - pour l'Europe - ne pas forcer politiquement la Banque centrale européenne à financer ces secours ? De toute manière, la croissance économique est atone et il n'y a aucune inflation. La Banque centrale européenne qui travaillerait pour la paix dans le monde et les réfugiés ! Quelle grande idée !

    Cela ne doit pas empêcher bien sûr les autres sources de financement.



    Bien cordialement



    Eric Watteau

    Citoyen du monde.

    A écouter une émission radio au sujet des persécutions : http://www.rtbf.be/radio/player/lapremiere/podcasts?c=LP-DIEU&e=1010

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  4. Belgique


    « Entreprendre autrement »



    Pour ce nouveau numéro, l'émission "Alors, on change !" va vous démontrer qu’entreprendre autrement, c’est possible ! Nos acteurs de changement l’ont expérimenté avec succès. Et même si leur projet n’a pour certains pas encore complètement abouti, l’expérience est déjà très riche d’enseignements et de partage d’expériences.

    .

    C’est le cas de Manon et Elise, lauréate du salon Europe Refresh 2013, salon où nous vous trouverons cette année pour vous présenter nos quatre portraits d’entrepreneurs. Avec OWL CRAFT, Manon et Elise ont créé une gamme de gilets de sécurité pour cyclistes que vous oserez porter fièrement. Mais c’est aussi la manière dont elles s’y prennent pour mener à bien le projet qui retient l’attention : un financement de départ par crowdfunding, des échanges de services et de savoir-faire avec d’autres professionnels, une volonté de travailler exclusivement en Belgique pour la fabrication,… Ces deux jeunes créatrices ne manquent ni de talent, ni d’idées novatrices.



    L’Eco-pain d’Ignace, un projet qui a pris de l’ampleur avec à ses commandes un petit indépendant artisan boulanger aujourd’hui à la tête d’une PME de 30 personnes auxquelles Ignace a su transmettre sa passion : celle du goût des bonnes choses bien faites et avec de bons produits ! Dans les nouvelles installations de Ghislenghien, absolument tout concourt au respect de l’environnement.



    TCO service propose aux collectivités des repas équilibrés, de qualité et de saison malgré les petits budgets qu’il faut respecter quand l’on prétend fournir des écoles ou des homes pour personnes âgées. Christian et Jeanne Collard ont relevé le défi : ils travaillent avec des producteurs locaux et ont créé 40 emplois directs dans le Brabant Wallon



    BIOLIS est une entreprise spécialisée dans l’isolation écologique. Rien ne prédestinait pourtant Christian, son patron, aux métiers de la construction ; alors qu’il fait carrière dans la finance, Christian se lance dans l’auto-construction de sa maison et c’est une révélation ! Pour faire partager ses savoir-faire et son expérience, il se forme et crée son entreprise dans le Luxembourg





    Retrouvez Alors, on change ! sur La Deux le samedi 11/10 à 18h57 mais aussi sur votre télé locale (No Télé, Télé MB, Canal Zoom, Canal C, TV Lux et Télé Vesdre)





    Alors on change ! is een tv-reeks voor en over mensen die zich vragen stellen bij de manier waarop de wereld draait, de wijze waarop we consumeren en onze dagen doorbrengen. In deze aflevering tonen we aan dat ook ondernemen anders kan: via alternatieve financieringswijzen, door vast te houden aan traditionele ingrediënten of door enkel met lokale producenten te werken. De laatste ondernemer waarmee we u kennis laten maken, stapte uit de financiële sector om een eigen bedrijf te starten in de bouwsector: of hoe een passie de mens leiden kan.





    www.rtbf.be/alorsonchange

    alorsonchange@rtbf.be

    0(032)2 / 737 46 01

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